
La Fiscalité au service de la Propreté de nos Ville !
Telle doit être la devise de Conakry en matière de propreté publique. En utilisant la fiscalité pour rendre la ville de Conakry propre n’est pas une première en Afrique. La fiscalité est le premier instrument au service du développement d’un pays et certains pays l’ont démontré. Ces dernières années, la Capitale de la Guinée a opéré une refonte complète de sa gestion des déchets et de la propreté. Le gouvernement guinéen a par ailleurs fait de cette problématique une véritable priorité, en l’inscrivant dans son nouveau plan de la Ville de Conakry.
En effet, le Gouvernorat de la Ville de Conakry semble envisager un retour au « tout public » pour la collecte des ordures ménagères sur l’ensemble des cinq communes de la Capitale. Quel que soit le mode de gestions choisies, les Guinéens sont en droit d’attendre un service exemplaire et une ville propre, sans recours supplémentaire à la fiscalité, qui a déjà tendance à augmenter cette année, avec la hausse de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères de la Ville de Conakry. Il est important de ne pas prendre de décision hâtive et de ne pas débattre de ces questions dans la précipitation.
La Ville de Conakry est concernée au premier chef par cette problématique car il s’agit de la Capitale. La propreté de la ville est une priorité de la municipalité. La ville s’attache à remplir et améliorer la mission de nettoiement, elle met également en place de nouveaux dispositifs et de nouveaux équipements. Elle a besoin pour cela du soutien et du civisme des habitants qui peuvent, par leur comportement préserver et améliorer le cadre de vie et contribuer à rendre la ville plus agréable et plus accueillante. Déjections, mégots, paquets de cigarettes, papier, cannettes, … représentent une pollution environnementale mais également visuelle.
Et pour une Ville comme Conakry qui compte près de 3 000.000 habitants, c’est un défi de taille. D’autant plus que son statut de métropole la confronte davantage que les autres communes à une quantité importante de déchets à collecter et traiter. Conakry accueille en effet chaque jour de nombreux utilisateurs : travailleurs, étudiants, touristes, clients,… et tout au long de l’année de grands évènements. Un défi de taille que la Ville s’emploie quotidiennement à relever. La Ville de Conakry doit jouer également un rôle moteur dans la mesure où elle doit innover sans cesse et investit dans de nouvelles méthodes visant à réduire le nombre de déchets et à améliorer la propreté publique.
D’autres options sont cependant envisageables et méritent d’être étudiées pour rendre la ville de Conakry propre.
Pour le budget de la Ville, nous proposons 55% de la fiscalité immobilière communément appelle la CFU à consacrer ainsi chaque année 50 milliards Franc Guinéen pour conserver des rues propres et agréables et offrir aux Guinéens un service de qualité toujours plus performant. Au titre d’une priorité la mise en œuvre de 4 mesures concrètes :
1)-Réorganisation complète du Service de la propreté publique, qui compte près de 600 agents au service de la population :
Le Service doit être considérablement augmenté ses effectifs et compte près de 600 agents de la propreté, au service de la population, répartis en 5 brigades. Sur les quelques 2000 rues que compte Conakry, plus de 1200 figurent sur un circuit de balayage quotidien ou hebdomadaire. Les rues du Centre-Ville doivent être traitées quotidiennement de 6h (soir) à 23h, week-end compris. Les rues fortes fréquentées situées en périphérie font aussi l’objet d’un nettoyage régulier.
2)-Investissement en matériel
Depuis 1990, la Ville n’a pas de flotte des véhicules du service de la Propreté publique. Qu’il s’agisse du remplacement de véhicules en fin de vie ou d’acquisition de matériel innovant, l’objectif reste le même : offrir aux Guinéens un service de qualité toujours plus performant et maintenir les rues de la Ville Conakry propres et agréables. Il faut pour la Ville de Conakry en outre décider d’investir dans du matériel électrique afin de combiner propreté et développement durable.
3)- Semaine annuelle de la propreté publique
L’objectif de cette semaine, qui a lieu chaque année, est de rappeler aux Guinéens les bonnes pratiques en matière de propreté publique. Cette semaine est également l’occasion de récompenser les Guinéens qui ont contribué à la baisse spectaculaire du tonnage des ordures ménagères brutes (OMB) grâce à leurs importants efforts de tri. Ainsi, un bon « sac jaune » de l’année précédente, non utilisé, pourra être échangé contre un sac à provision réutilisable et des plantes fleuries. Cet échange ne doit pas s’envisager comme un remboursement mais plutôt comme un geste amical de la Ville qui veut applaudir les Guinéens qui ont réussi à faire maigrir leur poubelle et les encourager à poursuivre dans cette voie.
4)-Organisation de séances de sensibilisation à la gestion et au tri des déchets dans les écoles et Mise sur pied d’un appel à projets annuel en matière de lutte contre la malpropreté
Rappelons en effet qu’en 2005, 272 Kg de déchets étaient produits par habitant. En 2008, la Ville est passée sous la barre des 416 Kg. Sans ces efforts largement payants, il est indéniable que la taxe urbaine aurait connu une majoration à la hauteur de l’augmentation exponentielle des coûts en matière de collecte et de traitement des déchets à laquelle nous devons faire face. Il faut sensibiliser dans nos écoles pour la propreté et la gestion des tris et la mise sur pied d’un projet annuel en matière de lutte contre la malpropreté. Développement d’une communication de qualité et Création d’une brigade « anti-tags ».
Il faut cultiver des campagnes de sensibilisation, générales ou destinées à un public plus spécifique, associant régulièrement propreté publique et éco consommation (réduction des déchets).
En conclusion, la fiscalité pour rendre la ville de Conakry propre ; c’est l’affaire de tous. Nous souhaitons donc que les futurs élus de la municipalité, qui ont la légitimité républicaine, soient associés à toutes les étapes de ce processus d’étude dont il faut bien mesurer l’impact financier. Et le produit des impôts doit servir à alimenter le budget pour la propreté des Villes, des Communes et des préfectures de la Guinée. Le Gouvernorat de Conakry doit être intégré à ses effectifs le personnel des sociétés privées en charge de la collecte des ordures ménagères pour Conakry.
Dr MAMADOU ALIOU BAH, Inspecteur Principal des Impôts
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