Les intrigues du pouvoir d’Alpha Condé,fragilise l’économie de la région forestière et attise les tensions ethniques

Depuis l’annonce des récoltes de champs de riz en début d’octobre 2011, un embargo a été imposé à la circulation et à la commercialisation du riz local dans la région de la Guinée Forestière.
Les paysans de la région sont empêchés par les autorités locales de vendre leur riz en dehors même de leur Sous-préfecture. La mise en œuvre de cette mesure est effectuée par les forces de défense et de sécurité qui ont d’ailleurs multiplié les barrages de fouille et de racket dans la région. Cette pratique, comme elle était du temps de la révolution de Sékou Touré, à des répercussions graves sur l’économie et la stabilité de la région.
Comme il est connu de tous, la Guinée Forestière est habitée par une population qui vit essentiellement des activités agricoles, notamment la culture du riz. Le riz constitue l’aliment de base des ménages et aussi le produit local le plus commercialisé de la région. Le revenu obtenu de la vente du riz permet aux paysans de se procurer certains articles locaux et ceux importés (équipements de construction, logistiques, produits médicaux, fournitures scolaires etc..). Ce commerce de riz est florissant dans la région et a permis l’émergence d’une nouvelle classe de riches parmi les populations autochtones de la région (agriculteurs, commerçants grossistes et détaillants de riz).
Il n’est un secret pour personne qu’en Guinée les partis politiques sont un regroupement ethnique pour conquérir le pouvoir et l’exercer contre les autres ethnies. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Déjà sous le PDG de Monsieur Sékou Toure, c’était le cas ; cela malgré les discours trompeurs du responsable suprême de la révolution. C’est ainsi que le commerce par exemple du temps de la révolution (1958-1984), était dominé par les membres de l’ethnie du Président d’alors ; cela grâce à l’appui des autorités des structures du PDG et les capitaux provenant des caisses de l’Etat. A l’époque, le paiement de l’impôt en nature (les normes) par les populations autochtones de la forêt, l’exclusivité des activités commerciales par les instances du PDG et la concentration des capitaux de commerce dans les mains de l’ethnie du Président d’alors (les Malinkés) sont les principaux facteurs qui ont fini par maintenir les forestiers dans la servitude de la pauvreté et même dans une sorte d’esclavage jusqu’à la prise du pouvoir par l’Armée le 3 avril 1984.
A rappeler aussi qu’à cette époque, la plupart des membres de l’ethnie du Président étaient exemptés du paiement des normes. La mort du Président Sékou Touré avec la perte de l’influence de son ethnie sur les populations de la Guinée forestières, l’éveil des consciences en Guinée forestière pendant le règne du Général Lansana Conté grâce au libéralisme économique et surtout la suppression des normes, ont permis aux enfants de la région de prendre leur destin en mains. Désormais, ils contrôlent le commerce des produits agricoles et comptent parmi les plus riches de la région.

La question à laquelle essaye de répondre les responsables du RPG est de savoir comment faire pour que les membres de l’ethnie du Président actuel reprennent l’économie de la région forestière en mains?

Deux stratégies sont mises en œuvre par le Professeur Alpha Condé et son administration essentiellement composée des membres de son ethnie: 1) saboter les principaux produits agricoles qui constituent la colonne vertébrale de l’économie de la région et 2) fournir les capitaux aux responsables du RPG qui sont essentiellement les membres de l’ethnie du Président, afin de ramasser à vil prix ces produits et les écouler sur les marchés de la sous-région.
Cet embargo qui est actuellement imposé aux produits agricoles d’origine forestière et qui empêche leur circulation et l’écoulement sur les marchés locaux et ceux de la sous-région, précisément le riz, a fini par créer la mévente compte tenu de la loi de l’offre et de la demande. Un fait qui viole de la manière la plus insolente, les dispositions nationales et régionales sur la libre circulation des personnes et des biens. En interdisant les paysans de se déplacer avec du riz de leurs villages vers les sous-préfectures, les préfectures, les régions et la Capitale Conakry, le Professeur Alpha et son ethnie connaissent bien les retombées visées.

Au jour d’aujourd’hui, les conséquences se font déjà sentir, et elles sont révoltantes. En effet, dans les préfectures de Guéckédou et de Lola par exemple, des barrages ont été érigés sur instruction du gouvernement d’Alpha Condé, pour fouiller systématiquement tous les véhicules et bagages et saisir toutes quantités de riz trouvées. Dans les marchés hebdomadaires de Lola et de Guéckédou, aussi bien dans les communautés rurales de développement (CRD) que dans les communes urbaines, des quantités importantes de riz ont été saisies sur de pauvres femmes qui n’ont que cette activité pour vivre et satisfaire les besoins vitaux de leurs familles.
Au barrage à la sortie de Macenta par exemple, des femmes de fonctionnaires en partance pour Conakry ont été dépouillées de leurs stocks de riz en novembre 2011. Dans la première semaine du mois de janvier 2012, à la sortie de Guéckédou, des étudiants du Centre d’Etudes biblique de Télékoro (préfecture de Kissidougou) ont été contraints à débarquer leurs stocks de nourritures pendant qu’ils revenaient des congés de Noël et il a fallu un écrit officiel du Directeur du Centre biblique adressé au Préfet de Kissidougou pour que ces stocks saisis soient libérés. A noter que la plupart des stocks saisis au niveau de ces barrages ne sont jamais retournés aux propriétaires
Comme l’une des retombées escomptées de cette mesure, le riz local produit en Guinée forestière a complètement perdu sa valeur et donc se vend à vil prix. Pendant ce temps, le Professeur Alpha Condé a distribué des montants colossaux dans les structures de son parti ethnique au niveau de la région pour racheter ce riz dévalorisé, sous prétexte de le stocker dans les localités et pouvoir le revendre à la population en période de soudure. Faux, rétorquent certaines sources bien informées de la région qui affirment que, contrairement au stockage, ce riz est évacué nuitamment par les commerçants membres du l’ethnie du Président vers la Haute Guinée pour être revendu au Mali voisin, cela grâce à l’appui des forces de défense et de sécurité qui tiennent ces barrages éparpillés dans la région et qui, pour la plupart, sont aussi de l’ethnie du Président. Ainsi, par cette technique, les membres de l’ethnie du Président Alpha Conde reprennent doucement en mains les activités commerciales dans la région forestière.
Pendant que les paysans forestiers sont forcés à la paupérisation et l’indigence après de durs labeurs, les commerçants malinkés eux se tapent tranquillement la fortune froide. Pour évaluer les impacts de cette mesure criminelle et ethnocentriste, lequel a tout le potentiel de raviver les tensions et conflits ethniques qui sont latents dans la région, 80 Organisations de la Société Civile (OSC) réunies en alliance se sont retrouvées le 3 décembre 2011 à N’Zérékoré. A cette occasion, ces organisations ont dénoncé ouvertement cette mesure qu’elles ont qualifiée de cruelle, d’injuste et d’inhumaine. Séance tenante, le Président de la Coordination Préfectorale des Organisations de la Société Civile de Guéckédou, a égrainé de manière exhaustive les répercussions négatives de cette mesure sur le revenu des paysans et sur l’économie de la région en général et de la préfecture de Guéckédou en particulier. Des sources concordantes contactées dans la région révèlent que, les autorités de la région (Sous-préfets, Préfets et Gouverneur) reconnaissent avoir reçu des ordres du haut lieu (Conakry).

Concernant l’huile de palme (communément appelée l’huile rouge), la situation est encore plus préoccupante, car accompagnée de manipulation de masse a des fins électoralistes. En effet, cet autre produit qui fait partie des plus recherchés de la région, une histoire de mélange avec une substance rouge circule et est même curieusement fortement médiatisée par les radios communautaires de la région et sur la radio et télévision nationale. Cette histoire rapporte que, des bidons d’huile rouge mélangée à un liquide de couleur rougeâtre obtenu à partir d’une fleur auraient été appréhendés suite à une enquête des forces de sécurité de la région. Les medias d’Etat sur fond de manipulation honteuse affirment que les auteurs de ce mélange sont des peulhs. De sources concordantes parlent plutôt d’une simple manipulation dont le but est de créer des affrontements et de la méfiance entre l’ethnie peulh et les ethnies de la région forestière.
Cette autre technique pernicieuse du Professeur Alpha Condé et de son ethnie vise à saboter l’huile rouge venant de la Guinée forestière, sachant bien sûr que ce produit a largement contribué à rendre l’économie de la région forestière l’une des plus forte et prospère du pays. En désignant les soi-disant auteurs de ce mélange comme étant des peulhs, l’objectif du Professeur Alpha Condé est de braquer les forestiers contre cette ethnie qui pourtant vit paisiblement et en parfaite harmonie avec les populations autochtones de la Guinée forestière, cela depuis des décennies. Ceci nous rappelle l’histoire rocambolesque d’eau empoisonnée « par les Peulhs » à Conakry entre les deux tours de l’élection présidentielle en 2010 et les récupérations politiques et représailles ethniques qui en ont suivies. Nous ne voulons pas de nouveaux fronts en Guinée forestière, qui, du reste, est une région cosmopolite et n’aspire qu’à son développement économique et social.
Le plus inquiétant et curieux dans cette affaire est que la radio et la télévision nationales diffusent en grande pompe cette histoire d’huile mélangée par « les peulhs », et fortement relayées par les radios communautaires de la région, à des fins électoralistes. On est donc en droit de se demander pourquoi ces radios et télévisions nationales n’en ont pas fait autant quand des expropriations illégales ont été opérées dans le District de Saoro, Sous-préfecture de Diécké, Préfecture de Yomou, par la société Guinéenne de Palmiers à Huile et d’Hévéas (SOGUIPAH) ; expropriations à la suite desquelles 53 paysans du village de Saoro qui s’y ont opposés ont été violement bastonnés, ligotés et sont encore détenus à la prison civile de Yomou sans aucun procès, quand des militaires visiblement soudoyés se sont sévis contre les pauvres populations de Lola en Novembre 2011, et quand il y a eu l’abattage sauvage de milliers de bœufs à Foumbadou et à Lola.
Au même moment que l’Igname de Kankan, les pommes de terre de Timbi Madina et le poisson fumé de la Basse Côte continuent d’être écoulés sur le marché et vendus hors de nos frontières, et de rendre heureux les citoyens de ces régions, les produits agricoles (riz) et l’huile de palme de la région forestière sont sabotés par le régime du Professeur Alpha Condé, comme l’avait fait son idole Sékou Touré. La promesse électorale du Professeur Alpha Conde de prendre la Guinée là où Sékou Toure l’a laissée apparaît clairement.
Pour évidence, une commerçante d’huile rouge résidant à Guéckédou et contacté dans ce mois de janvier pour en savoir plus sur la situation actuelle de l’huile rouge dans la région et qui a requis l’anonymat, explique qu’elle ne sait même plus comment vendre son huile stockée depuis l’année passée tant les prix ont chuté. Elle explique ne pas être seule à vivre cette situation et que ce sont des milliers de commerçants d’huile rouge de la région qui risquent de perdre leurs capitaux si ce sabotage perdure. Il faut ajouter à tout cela, la ruée sur la région de sociétés minières et agro-industrielles peu sérieuses, suffisamment corrompues et qui accaparent par la force les terres agricoles.

Alpha Conde qui a traité les forestiers de mangeurs d’hommes, à New York, au lendemain des massacres du 28 septembre 2009 dont Sékouba Konate et lui-même ont été les véritables auteurs, qui a déclaré à Lola durant les campagnes que les forestiers votent pour lui ou non il sera président, et qui considère la région forestière comme le prolongement du Manding a un plan dans la tête. Si les forestiers continuent de dormir comme ils l’ont toujours fait, il y a de bonnes chances qu’ils en finissent à moyen et long terme par de grands conflits autour des terres agricoles pouvant compromettre sérieusement la stabilité et le développement de la région. Ou alors ils seront contraints de migrer vers la Côte d’Ivoire ou le Liberia voisins.
Ainsi, la tumultueuse réconciliation nationale en cours dans un pays où la corruption, l’ethnocentrisme et la perversion n’ont épargné ni églises ni mosquées sera toujours, et à juste raison, un perpétuel recommencement.

Unis, nous vaincrons !

André Camara

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