Procès de l’attaque du domicile du Président : l’état-major des armées n’est-il pas trempé ?

Sans oser me prononcer sur la culpabilité ou non des accusés, je prends le risque de dire que la poursuite du procès des présumés auteurs de l’attaque du domicile du Président Alpha Condé semble se transformer en cauchemar non seulement pour l’avocat général M. Fernandez, mais aussi pour les avocats de la partie civile dont les arguments se fondent sur des procès verbaux dont la valeur juridique semble s’approcher de zéro. Ce cauchemar provoque des attitudes agressives et insolentes chez certains avocats de la partie civile principalement maître Dounbouya qui ne fait pas honneur à sa profession en misant plutôt sur l’agressivité et le mépris vis-à-vis des accusés au lieu de profiter de cette tribune pour montrer sa maître de son métier s’il en a bien entendu.

Les conséquences qui en résultent résident dans le fait entre autres que le procureur général appuie ses accusations sur des procès verbaux dont il doute lui-même de l’authenticité d’une part, et d’autre part, il ressort du débat que les procès verbaux dont la paternité est attribuée aux accusés seraient préfabriqués par les enquêteurs, signés sous la torture par les accusés dont
l’un d’entre eux du nom du lieutenant Ousmane Koulibaly qui aurait refusé de signer aurait été assassiné par défenestration du troisième étage d’un bâtiment du camp Samory Touré.

Pour ne rien arranger, l’accusation lancée contre le Colonel Thiégboro Camara qui aurait récemment demandé à l’accusée Fatou Badiar Diallo de collaborer afin de combler les lacunes du dossier de l’accusation tend à confirmer les allégations selon lesquelles cette affaire d’attaque
du domicile du Président Alpha Condé est un montage très maladroit.

Plus compromettant pour l’accusation est le fait entre autres que les pik-ups supposés avoir servi à l’attaque du domicile du Président avaient été saisis non armés et immobilisés au camp Samory Touré huit(8) jours avant l’attaque du domicile présidentiel. Il s’extirpe de ce fait que, si ces pik-ups avaient été armés et servi à la tentative d’assassinat du Président Alpha Condé, alors, la première responsabilité doit être recherchée au niveau de l’état-major des
l’armées qui avait la garde des pik-ups au sens juridique du terme donc responsable des faits qui impliqueraient les pik-ups en question.

Le cas le plus grave est le comportement non seulement du procureur général, mais aussi du président de la cour d’assise au sujet du présumé assassinat de l’un des accusés en l’occurrence le lieutenant Ousmane Koulibaly lors de son interrogatoire. Nombreux sont les Guinéens qui se demandent pourquoi le procureur général M. Fernadez n’ordonne pas une enquête au sujet
du présumé assassinat du lieutenant Koulibaly comme l’exige de lui entre autres textes, le code de procédure pénale guinéen en son article 32 alinéa 4 qui dispose ce qui suit : « Il (procureur général) peut charger, par voie de réquisition, tout Juge d’Instruction d’informer sur tout crime ou délit qui lui aura été dénoncé, même si ce crime ou délit a été commis hors du ressort de la compétence de ce Magistrat… ». Qu’attend alors le procureur général ?

Concernant le Président de la cour, on peut lui reprocher son inertie face à cette grave accusation d’assassinat de M. Koulibaly. Il aurait pu, ne serait-ce que pour vérifier si les aveux ont été obtenus sous la torture ou non, demander à ce qu’une enquête soit ouverte sur ce présumé assassinat. J’ose espérer que cet assassinat ne viendra pas allonger la liste déjà trop longue des crimes de sang impunis en Guinée. Si la tentative d’assassinat du Président
Alpha Condé fait l’objet d’un procès à juste titre, on se demande pour quelle raison l’assassinat d’un autre Guinéen en l’occurrence M. Koulibaly peut être aussi banalisé et négligé de la comme si la vie d’une catégorie de Guinéens est plus précieuse que d’autres catégories ?

Que tous les acteurs institutionnels de ce procès sachent qu’ils sont suivis par le monde entier et que c’est la réputation de la justice guinéenne, la réputation des acteurs et du régime du président Alpha Condé qui sont en cause.

Makanera Ibrahima Sory

Juriste, fondateur du site internet « leguepard.net ».

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