Troisième jour de violences à Conakry, au moins six morts

Au moins six personnes ont été tuées samedi à Conakry, a indiqué à l'AFP une source hospitalière au troisième jour consécutif de violences dans la capitale guinéenne où des affrontements ont opposé des habitants de quartiers de banlieue et des forces de l'ordre.

"Six corps de jeunes gens, dont l'âge varie entre 17 à 26 ans, ont été admis à la morgue de l'hôpital" national de Donka samedi "entre 11H00 et 17H00 (locales et GMT)", a affirmé un médecin de cet hôpital ayant requis l'anonymat.

"Ils ont tous été tués par balles", a-t-il dit, indiquant craindre un bilan plus élevé. "Nous avons d'autres informations (selon lesquelles) il y a beaucoup d'autres blessés dans les quartiers qui n'ont pas pu être évacués", a-t-il précisé.

Un autre médecin interrogé samedi soir par Radio France Internationale (RFI) a indiqué avoir reçu dans sa clinique à Cosa (banlieue) une cinquantaine de blessés, dont sept par balles.

"On a été débordés par des blessés par jets de pierre, par armes blanches, par armes à feu. Nous avons déjà dépassé la cinquantaine. Il y a six blessés graves. Sur les 50, j'ai près de sept blessés par balles", a affirmé ce médecin, le Dr Oumar Baldé, précisant toutefois "ne pas avoir reçu dans le service des personnes décédées".

Pour la prise en charge des blessés, il a reçu l'appui d'organisations humanitaires dont Médecins sans frontières et la Croix-Rouge, a-t-il indiqué.

Selon plusieurs témoins joints par l'AFP, des affrontements se sont produits dans des quartiers réputés favorables à l'opposition, dont Hamdallaye, Dar-es-Salam, Bambéto, Cosa et Wanidara, ayant enregistré des descentes de forces de l'ordre. Ces zones étaient inaccessibles à des véhicules privés, aucun journaliste de l'AFP n'a pu s'y rendre.

Des violences similaires se sont produites jeudi lors d'une marche d'opposants réclamant des élections libres et transparentes, la date du 30 juin retenue pour le scrutin étant contestée par l'opposition. Bilan : deux morts selon le gouvernement, six selon l'opposition, qui a aussi parlé de plus de 40 blessés.

Vendredi, des échauffourées ont opposé des jeunes de banlieue qui avaient érigé des barricades et brûlé des pneus sur des voies publiques et des forces de l'ordre lors d'une opération ville morte à l'appel de l'opposition, sans bilan disponible dans l'immédiat.

Interrogé par l'AFP sur le motif des raids policiers dans les quartiers samedi, un responsable des services de sécurité a expliqué qu'il s'agissait d'une action préventive. "Nous avons voulu prendre les devants, neutraliser les vandales dans leurs fiefs avant qu'ils ne sortent dans les rues. (...) Les forces de sécurité aussi ont enregistré des cas de blessures graves", a-t-il déclaré, sans plus de détails.

Certains habitants de banlieue joints ont parlé de coups de feu entendus, mais ne pouvaient pas fournir de détails sur leur origine et le type d'armes à feu utilisées. Des tirs d'arme à feu ont aussi été entendus pendant l'entretien à RFI du Dr Baldé.

"Depuis la mi-journée (samedi), des policiers surexcités ont investi les quartiers de la banlieue Nord et Est, (ils ont) tiré sur des personnes innocentes, tuant et blessant plusieurs d'entre elles", a déclaré Souleymane Manet, gendarme à la retraite joint à Wanidara.

A Conakry, des violences éclatent souvent lors de la répression de manifestation, généralement de l'opposition. Mais samedi, aucune manifestation n'était programmée par aucun parti politique, qu'il soit de l'opposition ou du camp du pouvoir.

AFP

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