Niger: libération de l'ex-président Tandja, quinze mois après son renversement

NIAMEY (AFP) - L'ex-président nigérien Mamadou Tandja a été libéré mardi par la justice, quinze mois après son renversement par une junte militaire, provoqué par sa volonté de se maintenir au pouvoir malgré une interdiction de la Cour Constitutionnelle.

"Toute la procédure engagée contre Mamadou Tandja a été annulée (par la Cour d'appel). Il est totalement exempté des faits qui lui sont reprochés", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Me Souley Oumarou.

M. Tandja, au pouvoir de 1999 à 2010, devrait "sortir (de prison) aujourd'hui (mardi) même", a-t-il indiqué avant d'ajouter que son client a été "détenu arbitrairement et illégalement".

Me Abdourahmane Lirwana, autre avocat de M. Tandja, a estimé que "la chambre d'accusation de la Cour d'appel (de Niamey) a soulevé l'incompétence du juge d'instruction pour instruire des affaires concernant un ex-président".

Selon lui, la Cour d'appel a "définitivement libéré" l'ex-président et, partant, l'a blanchi des trois chefs d'accusation le visant.

M. Tandja était accusé notamment de détournement de fonds publics de quelque 4 milliards FCFA (plus de 6 millions d'euros) et de "refus d'obtempérer à une décision de justice": il lui était reproché d'avoir passé outre un arrêt de la Cour constitutionnelle lui interdisant d'organiser un référendum qui a eu lieu en août en 2009, pour pouvoir prolonger son second et dernier mandat légal (2004-2009).

A ce référendum d'août 2009 boycotté par l'opposition, le "oui" à un prolongement de son mandat l'avait largement emporté (92,5%), provoquant une grave crise politique qui a abouti à un coup d'Etat militaire le 18 février 2010.

Peu après avoir été renversé, M. Tandja a été détenu dans une villa de la présidence. Il avait par la suite été inculpé et transféré mi-janvier 2011 à la prison de Kollo, près de Niamey.

La troisième accusation visant Mamadou Tandja était relative à un détournement d'un don de tracteurs au profit de ses proches.

Pour Lamido Moumouni, ex-ministre de M. Tandja et actuellement député de l'ex-parti au pouvoir, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), "on ne pouvait pas détenir longtemps M. Tandja parce qu'il n'avait rien commis de répréhensible".

Une foule s'est dirigée vers le domicile de l'ex-président à l'annonce de sa libération, a constaté un journaliste de l'AFP. Des chauffeurs de taxi klaxonnaient à tue-tête alors que ses partisans se livraient à des scènes de joie.

L'annonce de sa libération a également provoqué des scènes de liesse à Diffa, la localité d'origine de M. Tandja, dans l'extrême sud du Niger, près de la frontière tchadienne.

Le parquet n'avait pas encore réagi mardi à cette décision de la Cour d'appel.

L'ex-président avait bénéficié d'une ordonnance de remise en liberté provisoire rendue le 3 mai dernier par la Cour d'appel mais le parquet avait fait appel de cette décision le même jour.

La junte qui a renversé Mamadou Tandja a cédé le 7 avril le pouvoir à un président civil, Mahamadou Issoufou, élu le 12 mars avec 58% des suffrages face à Seïni Oumarou.

Un rapport de la junte qui l'a renversé, publié en mars, avait révélé que des malversations financières portant sur plus de 86 milliards de FCFA (129 millions d'euros) ont été commises en dix ans sous le régime de M. Tandja, de 1999 à 2010.


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