Alpha Condé, la plus grave menace contre Abdoulaye Wade (Par Cheikh Yérim Seck).

DAKARACTU.COM Le 2 octobre, le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, a pris part aux festivités marquant le 53ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée. Sa présence à Conakry, surprenante au vu de ses rapports exécrables avec son homologue guinéen, Alpha Condé, n’a rien changé quant au fond. La plus grave menace contre Wade et son pouvoir, c’est Alpha Condé. Ce n’est pas l’opposition sénégalaise, ni le M23 ni l’éclatement en vue de son camp.
Victime d’une tentative d’assassinat dans la nuit du 20 au 21 juillet, le nouvel homme fort de Guinée est convaincu que ceux qui l’ont attaqué ont bénéficié de l’appui de son homologue sénégalais. Comme pour lui rendre la monnaie de sa pièce, le président guinéen travaille à la perte du pouvoir par Wade. Pour ce faire, il a décidé de soutenir Macky Sall, l’ancien Premier ministre reconverti en opposant, candidat déclaré à la présidentielle de février 2012. Ce choix lui est dicté par défaut. Camarade de longue date des leaders de la gauche (Landing Savané, Mamadou Diop Decroix, Amath Dansokho…), il est convaincu qu’aucun d’entre eux n’a la popularité pour gagner. Ousmane Tanor Dieng et lui se sont brouillés. Un de leurs amis communs a tenté de les réconcilier sans succès. « Tanor » ne pardonne pas à Alpha Condé, avec qui il partage depuis des décennies l’Internationale socialiste, de ne pas l’avoir invité à son investiture. Quant à Moustapha Niasse, qui a été convié à cette cérémonie, il « gère » plus ou moins « Alpha », avec l’aide d’un ami commun, Albert Bourgi.
Convaincu que Wade soutient son adversaire Cellou Dalein Diallo, qui séjourne par intervalles réguliers dans un palace de Dakar, Alpha Condé a décidé de supporter un des adversaires de son homologue.
Mais pas seulement. Il ne fait pas mystère devant ses proches et ses récents visiteurs européenns de son interprétation du fond des rapports entre Moussa Dadis Camara, le putschiste déchu, et Abdoulaye Wade. Alpha Condé accuse ce dernier d’avoir tenté d’aider « Dadis » à confisquer le pouvoir pour une raison unique : l’argent. Il estime que les immenses fonds détournés par l’ancien putschiste ont été sortis de la Guinée grâce à l’aide d’officiels sénégalais. Que certains parmi ces derniers ont signé avec lui des contrats léonins touchant au port autonome de Conakry et à certaines ressources stratégiques comme les mines. Que « Dadis » a acheté le soutien indéfectible du pouvoir sénégalais à son maintien au pouvoir. A combien ? Versé à qui ? « Si on m’énerve, je vais faire un déballage pire que celui de Bourgi, a récemment lâché Alpha Condé devant un de ses amis sénégalais. De toute façon, après les audits en cours, la justice va s’intéresser à tous les pilleurs de l’économie guinéenne ainsi qu’à leurs complices nationaux et internationaux.»
Ce n’est pas tout : le nouveau président guinéen a également pour stratégie de semer le trouble dans les pays qu’il estime être pour quelque chose dans les remous que rencontre son régime. Cet ancien communiste sait comment répartir les dégâts pour équilibrer la peur. Et il peut compter sur son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, qui a une réelle capacité de nuisance et ne porte pas Wade dans son cœur.
Pour ceux qui en doutent encore, Alpha Condé constitue la plus sérieuse menace contre Abdoulaye Wade.


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