Guinée : rumeurs et divisions ethniques menacent la réconciliation nationale

CONAKRY - Depuis toujours, le clivage entre les quatre régions naturelles de la Guinée est de plus en plus ouvert. Chacune d'elle revendique pourtant son appartenance à une nation qui se veut une et indivisible.
Les politiciens guinéens cherchent vaille que vaille le pouvoir mais comme aucun d'eux n'a une notoriété nationale suffisante, ils cherchent à se baser sur une appartenance ethnique et régionale.

Après 53 ans, les Guinéens ne semblent pas encore être arrivés à l'âge de la sagesse. Ils croient qu'il suffit de se réunir à trois ou quatre personnes pour former un lobby. La Basse-Guinée vient de montrer que son semblant de cohésion a volé en éclats.

Avec Sékou Touré, premier président de la République de Guinée, l'unité nationale était un leitmotiv de la Révolution et des idées ethnocentristes et régionalistes étaient combattues avec vigueur.

Lansana Conté, chef de l'Etat guinéen entre 1984 et 2008, après un dérapage verbal à connotation ethnique, a passé tout son temps à chercher à rassembler les Guinéens.

C'est le lieu de rappeler que le capitaine Dadis Camara, ex- chef de la junte militaire, a failli casser la pipe parce qu'il avait été pris dans cet engrenage ethnique, et que Sékouba Konaté, qui l'avait remplacé à la tête de la junte, avait été si fort invectivé qu'il avait voulu jeter l'éponge.

Après les premières élections démocratiques applaudies par le monde entier, les Guinéens semblent vouloir revenir dans le mauvais sens.

Après cette marche forcée du 27 septembre qui continue de faire couler beaucoup d'encre, la politique se fourvoie et verse dans des dérapages dangereux.

L'affrontement entre les manifestants et les forces de l'ordre a été soldé par des dizaines et des dizaines de blessés de part et d'autre et des morts.

Le pouvoir rejette la responsabilité sur l'opposition qui crie que ce sont les "donzos", les chasseurs traditionnels de la Haute- Guinée, qui ont été infiltrés dans les rangs des forces de l'ordre pour contrer les manifestants.

Depuis, la division ne ralentit plus. La réconciliation est au point mort. Le blocage est total dans tous les domaines.

Les divisions régionalistes se dessinent, et l'on verra à la longue la Moyenne, la Haute et la Guinée Forestière créer elles aussi leurs unions, et la toute petite Guinée qui veut jouer aux amibes se verra divisée en quatre.

Quand le médiateur de la République Facinet Touré avait fait une "boutade" en disant que ses "oncles" peuls doivent se contenter du pouvoir économique et abandonner le pouvoir politique aux autres, il a bien regretté sa "boutade".

Ses "oncles" avaient pris très mal la blague, qui n'était, soit dit en passant, rien de méchant dans le ton mais l'heure n'était pas du tout à la plaisanterie. C'est dire combien la politique a divisé les Guinéens.

Cette Basse-Guinée qui avait contribué à porter Alpha Condé au pouvoir vient de se déchirer. Tout semble faire croire que cette association de la Basse-Guinée est un regroupement mort-né.
(Xinhua)


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