Guinée - Comparution du gouverneur de Conakry sur plainte d'avocats

Le gouverneur de Conakry, accusé par des avocats de "séquestration" et "menaces" de défenseurs guinéens de droits de l'Homme, a comparu mercredi devant un tribunal d'instance de la capitale, qui a renvoyé l'audience au 23 novembre, a constaté un journaliste de l'AFP.
La présidente du tribunal de première instance (TPI) de Kaloum, Hadja Kadiatou Traoré, a prononcé le renvoi à la demande de la défense du gouverneur Sékou Resco Camara, qui est venu à l'audience en costume-cravate, accompagné par une foule de sympathisantes, selon le journaliste de l'AFP.

"C'est seulement hier (mardi) que nous avons été sollicité pour le défendre", et le report du jugement permettra aux conseils de "prendre connaissance du dossier", a expliqué Me Maurice Lamey Kamano, un des avocats de la défense.

Le gouverneur est poursuivi pour "séquestration, menaces, injures, dénonciation calomnieuse et usurpation de titre" sur plainte du barreau, qui accuse également deux autres responsables de la police guinéenne: le directeur de la Sûreté urbaine de Conakry, Sovy Guilavogui, et le commandant de la Brigade spéciale d'intervention de la police, le colonel de police Amadou Bangoura.

MM. Guilavogui et Bangoura ne se sont pas présentés mercredi à l'audience.

Les avocats reprochent aux trois responsables d'avoir fait "séquestrer" Me Foromou Frédéric Loua, président d'une ONG de défense des droits humains, ainsi que deux de ses collaborateurs, le 3 novembre.

Selon eux, Me Loua avait obtenu la mise en liberté provisoire de deux détenus, et s'était rendu à la prison de Conakry pour l'exécution de cette décision en compagnie de deux membres de son ONG. Sur ordre du gouverneur, les prisonniers n'ont pas été libérés, et les trois défenseurs ont été gardés à vue pendant plusieurs heures.

Les avocats, qui ont déclenché le 8 novembre une grève illimitée pour obtenir le jugement du gouverneur et de ses co-accusés, ont décidé de poursuivre leur mouvement jusqu'à ce que le tribunal rende une décision sur le dossier.

"Le boycott des cours et tribunaux va continuer jusqu'à ce que le tribunal se prononce sur cette action", a déclaré à l'AFP Me Salifou Béavogui, avocat à la cour.

"Le boycott des audiences ne prendra fin qu'à la fin du jugement de Resco et ses co-accusés. (...) Il faut que le tribunal se prononce avant la levée éventuelle de la grève des avocats", a de son côté dit Me Abbas Bangoura.

© Agence France-Presse



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