Le monde : Impunité, Justice et Droits de l’homme en Afrique de l’Ouest : les Etats de la CEDEAO plus que jamais préoccupés.

Il se tient en ce moment dans la capitale malienne, une conférence régionale sur le sujet de l’impunité, la justice et les droits de l’homme, a constaté l'envoyée spéciale de votre quotidien. Organisée par le Système des Nations Unies en collaboration avec la CEDEAO, cette conférence dont l’ouverture officielle a été présidée par le président Amadou Toumani Touré du Mali et par Saïd Djinnit le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies a pour objectif de faire une évaluation de l’avancée des pays signataires du protocole de la CEDEAO sur les droits de l’homme, la bonne gouvernance et la démocratie dont le 10ème anniversaire sera célébré ce 10 décembre.

Les pays de l’Afrique de l’Ouest sont confrontés à de réelles menaces. Criminalité organisée, trafic illicite de drogues, traite des personnes et même blanchiment des produits du crime provenant de ces activités illicites. Un réel problème vu que les systèmes nationaux de justice et d’application des lois à travers la région sont généralement faibles, manquent de ressources et sont surtout vulnérables à la corruption. D’où l’incapacité de ces Etats d’engager des poursuites à l’encontre des criminels. Toute chose qui génère l’impunité.

Saïd Djinnit, le représentant spécial du secrétaire général des nations Unies dans son discours introductif a saisi l’occasion pour parler de l’impunité qui mine actuellement de nombreux Etats. Selon lui, faute de poursuite judiciaires, des personnes se mettent au-dessus de la loi et créent de facto chez le peuple un sentiment d’indignation. « L’impunité crée l’injustice, l’indignation voire la violence au sein des populations. L’impunité est une grave injustice qui alimente la culture de la violence, elle est la négation de la stabilité et de la bonne gouvernance » conclut –il.

Cette conférence organisée dans le cadre de l’organisation du 10ème anniversaire de la convention du protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance et la démocratie met en avant le rôle des justices nationales dans les pays de la sous-région. Une justice considérée par beaucoup d’observateurs comme une justice aux abois, lourdement corrompue. Sur la question, le président malien, Amadou Toumani Touré parle dans son discours d’ouverture de la nécessité de justice crédible au service de la paix et du développement. « L’on doit écouter les fortes interpellations du peuple afin de trouver des réponses aux principales violences des droits de l’homme » il continue en insistant sur le fait qu’il faut rapprocher la justice des justiciables. « La justice est un bien public mondial donc elle doit triompher de la corruption et de toutes les autres formes de menaces. Son indépendance et son impartialité doivent être de mise, elle doit être accessible. La justice est un soutien de la paix donc les deux choses doivent être renforcées. »

Au cours de cette première journée des travaux, après les discours officiels, il a été abordé par les délégations des différents Etats, les problèmes, les enjeux et les défis après dix ans d’existence du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance mais aussi la question de la justice transitionnelle à travers les commissions de vérité et la poursuite, les réparations et la protection des victimes. Sur ces différents sujets, les uns et les autres ont condamné la présidence à vie à la tête des Etats africains, présidence à vie synonyme de corruption, d’impunité et de sous-développement. Bannir les présidences à vie serait une grande chose pour les Etats, un grand pas vers le développement. En ce qui concerne le protocole de la CEDEAO, il a été manifesté la nécessité de la matérialisation des volontés communes en matière des droits de l’homme à travers l’information et la sensibilisation. La coordination des efforts sur le respect des droits des personnes les plus vulnérables mais aussi la nécessité de l’indépendance de la justice ont été largement débattus.

Sur le sujet des commissions vérité et réconciliation la Côte d’Ivoire et le Togo ont exposé sur leurs situations respectives. La commission Dialogue, vérité, réconciliation de la Côte d’ivoire dit œuvrer à la réconciliation pour une paix durable en tenant compte de son rôle complémentaire de l’action judiciaire. Elle privilégie donc le dialogue pour la réparation, la restauration et l’indemnisation des victimes selon les préjudices subis. Au Togo, on parle de commission vérité, justice, réconciliation qui a pour mission de diagnostiquer les problèmes, les identifier et procéder à des réparations tout en faisant des recommandations portant sur le sort à réserver aux auteurs de violations des droits de l’homme. Bref ces commissions ont pour mission de pacifier, de donner des garanties et de favoriser un changement sans violence.

Makalé Soumah envoyée spéciale à BAMAKO

Source:Guinéenews




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