Guinée : Un changement qui désenchante.
Au lendemain de l’élection présidentielle de novembre 2010, le peuple de Guinée et certains amis de la Guinée avaient fondé beaucoup d’espoir sur celui qui a été déclaré vainqueur malgré les innombrables irrégularités constatées lors du scrutin. Le peuple et les amis de la Guinée ont cru au mot « changement » prononcé tout au long de ses années de lutte dans l’opposition.
Cependant depuis son investiture à la tête de l’Etat, ses discours et ses actes ressemblent tristement plutôt à du « déjà vu et connu » par les guinéens. C’est un changement dans la continuité calqué sur les méthodes de ses prédécesseurs et qui replonge les guinéens dans le désespoir et dans l’obscurantisme. Le vent du changement annoncé souffle avec un air infesté de haine, de misère, d’injustice, d’insécurité, d’incompétence, d’ethnocentrisme et des complots politiques, ramenant les guinéens à la case de départ. Le « change » ment chez Alpha Condé et dans ce difficile contexte sociopolitique et économique les guinéens n’ont pas besoin du mensonge mais plutôt du travail pour relever le pays et le remettre sur le chemin du développement tant espéré.
L’horizon des guinéens est sombre et n’annonce point de l’espoir avec Alpha Condé. Il n’ ya jusqu’à présent aucune visibilité réelle sur la gouvernance de ce régime, aucun acte politique rassurant, aucune mesure économique efficace et malheureusement aucune politique sociale cohérente pour les guinéens malgré son appartenance à la famille des socialistes. Tout est confus et l’attitude du soit disant maître du changement n’augure hélas d’aucun optimisme chez les guinéens. Il veut tout contrôler : CENI, Syndicat, Assemblée Nationale pour imposer une nouvelle dictature sanguinaire au peuple martyr de Guinée. Au lieu de se mettre au travail, il multiplie les fronts politiques pour retarder les échéances électorales susceptibles d’instaurer la démocratie et un Etat de droit digne de nom en Guinée. Aujourd’hui, Alpha Condé a prouvé aux voisins de la Guinée et au reste de la communauté internationale qu’il est loin de ressembler à un démocrate comme il leur faisait croire et il n’a rien appris de son long séjour en Europe en matière de démocratie.
Pourquoi un désenchantement si rapide du changement d’Alpha Condé ? A-t-il les capacités requises pour changer la Guinée ? Dispose t-il d’une légitimité et d’une crédibilité nationale, internationale pour incarner le changement en Guinée ? Connait –il suffisamment la Guinée pour la changer ? Ce sont là des questions qui reviennent souvent dans le débat des guinéens et des amis de la Guinée.
Aujourd’hui, force est de constater avec beaucoup de regret d’ailleurs que « l’opposant historique » n’incarne pas le changement que les guinéens ont toujours rêvé d’avoir pour sortir de leur misère sociale et économique. Les guinéens, hommes et femmes confondus ont vite décelé les « vices du contrat » de changement qu’Alpha Condé leur avait promis, cela, c’est dès les premières heures de sa gouvernance, par la nomination des caciques de l’ancien régime comme conseillers à la présidence. Les guinéens les plus avertis ont aussitôt compris qu’Alpha Condé n’est guère l’homme providentiel du changement qu’ils ont tant attendu à la tête de l’Etat. L’ère du changement est vite rentrée dans des zones de turbulences avec les discours haineux de Dixinn, de Kindia et de Boffa causant inéluctablement le désenchantement des guinéens en cette période d’austérité mondiale. La mallette du changement du président élu était remplie d’anciens dossiers quand elle a été déposée à Sékoutouréya, cela à forcément découragé les guinéens dans leur dynamique de changement. Il a également prouvé aux guinéens qu’il n’avait pas les hommes compétents pour incarner son changement et surtout il n’était pas préparé à gouverner le pays différemment que ces prédécesseurs d’où le faux « son » de son changement.
C’est dans ces premiers pas de président de la République que les guinéens ont commencé à douter des capacités réelles d’Alpha Condé de remettre la Guinée sur la voie du développement. Il est resté dans son lourd manteau d’opposant historique et président du RPG au lieu de mobiliser, de rassembler les guinéens pour l’accompagner dans l’exercice de son mandat. Dans son discours de Kindia, en dialecte national soussou, il traite certains guinéens de tortue, il ne se gênera pas de dire qu’il faut chauffer leur derrière pour qu’ils sortent la tête et par son attitude ces derniers temps, Alpha Condé a prouvé aux guinéens que c’est lui-même la tortue car, il a fallu que les citoyens démocrates occupent la rue pour qu’il revienne sur certaines de ses ambitions machiavéliques. A Boffa déjà, Alpha préparait sa mise en scène du 19 juillet 2011 où il disait « nous sommes au courant de ce qui se passe à Dakar ». Depuis qu’il a été déclaré président de la République par la suprême de nos cours, chacune de ses sorties est synonyme d’obstacle à l’unité et à la réconciliation nationale, crispant au passage le visage des guinéens qui, malgré tout applaudissent le président diviseur.
Entre légitimité et crédibilité, les guinéens sont partagés pour expliquer les causes du désenchantement rapide de l’ère appelée « changement » avec Alpha Condé. Ils savent pertinemment que cet homme a été déclaré vainqueur d’une élection barbouillée de fraudes et de mensonges politiques. Les guinéens dans leur ensemble savent qu’Alpha Condé n’est pas légitime et crédible, il n’est pas démocratiquement élu à la tête du pays. Ils ne peuvent point adhérer à son changement et paradoxalement ils se font encore berner par les affabulations politiques et sociales de cet homme qui se réjouit du malheur des autres pour être heureux.
Alpha Condé ne connait pas la Guinée et les guinéens. Il a pratiquement passé toute sa vie en France et à aller quémander chez certains dictateurs du Continent africain. Il ne rentrait en Guinée que pour préparer ses complots afin de déstabiliser le régime de Conté. Alpha a oublié que pour changer quelqu’un il faut absolument le connaître et malheureusement il ne connait pas les guinéens donc il est incapable de changer le cours du destin des guinéens. Animé par sa jalousie et guidé par sa haine contre la communauté peulhe comme son prédécesseur Sékou Touré, Alpha Condé a raté son entrée à la présidence de la République. Dans le politiquement correct, Alpha sait bel et bien qu’il n’a pas été correct envers le peuple de Guinée, d’ailleurs il ne le sera jamais. Alpha a oublié que le Fouta est une terre bénie car, malgré l’isolement que cette région a subi depuis l’indépendance, elle est la mieux bâtie du pays, qu’il fasse un tour pour constater les faits. Le Fouta n’a pratiquement rien bénéficié de l’Etat guinéen et pourtant elle n’a rien à envier à la capitale et aux autres régions naturelles. Alpha par son attitude irresponsable et ses discours dépourvus de sens politique et d’unité, a déchiré avec violence, le fragile tissu social de la Guinée.
Alpha Condé est l’incarnation même de la politique de la tortue, il a fallu qu’il y ait des morts et la pression internationale pour qu’il instruise à son ministre de l’intérieur d’initier les rencontres avec les Partis politiques. Il est loin de ressembler à celui qui apportera le véritable changement en Guinée parce que son attitude est contraire au besoin de changement que les guinéens recherchent. C’est une honte de sa part de dire à tout prix qu’il est le Nelson Mandela et le Barak Obama de la Guinée. Il est plutôt le contraire de ces deux figures politiques car, ces deux hommes ont œuvré pour rassembler les communautés de leurs pays respectifs afin de les mettre en face des défis à relever pour atteindre les objectifs du développement. Tandis qu’en Guinée, Alpha Condé a commencé par diviser les communautés nationales en les éloignant de l’essentiel pour amorcer le développement national. Il a freiné l’élan d’espoir que les guinéens accordaient au processus de démocratisation du pays. Contrairement à ce qu’il pense, Alpha ne suscite aucun espoir pour les guinéens, un grand nombre pense d’ailleurs qu’il représente une grande menace pour la paix sociale du pays.
Dans ce présumé changement qui désenchante en Guinée, la classe politique nationale a montré ses limites de sortir le pays de cette impasse politique qui enfonce davantage les citoyens dans le désespoir de voir « un jour » le pays se développer. Dans ces temps qui courent en Guinée, les citoyens sont partagés entre peur et tristesse. Peur de voir le pays sombrer dans une guerre civile à l’ivoirienne avec le comportement d’Alpha Condé car, tous les ingrédients sont réunis pour qu’elle se déclenche. La tristesse se lit également sur le visage des guinéens, tristes de constater l’incapacité et la mauvaise foi des politiciens à mettre le pays sur le chemin de la démocratie. Les politiciens guinéens surfent sur les vagues d’une terrible tempête qui risque de les emporter avec leur calcul mesquin, un calcul basé uniquement sur le profit personnel et dépourvu de tout sacrifice politique pour le peuple de Guinée. De la présidence à l’opposition, les politiciens sont loin de penser au peuple, ils ne se soucient même pas de la dureté de la vie des citoyens, ils sont plutôt occupés à faire des calculs électoralistes pour assurer leur survie politique. Il est quand même malheureux de constater le manque d’honnêteté et de solidarité de la classe politique guinéenne. Des leaders politiques qui négocient leur retour dans leur propre pays en sacrifiant un des leurs pour une question de tempérament et de bon sens sur le processus électoral. Certains leaders se cachent pour aller voir le président afin d’obtenir une grâce présidentielle sur leur avenir politique. D’autres cèdent aux menaces du président pour sacrifier la lutte du peuple et l’instauration de la démocratie en Guinée. Une autre catégorie de leaders s’estime trahie par ce président qu’elle a soutenu à la présidentielle, aujourd’hui elle est la plus frustrée et la plus ridicule de l’opposition. Le manque de cohérence et de solidarité est palpable dans les rangs de l’opposition, la preuve, ils rencontrent Alpha Condé et aucun leader n’a osé mettre sur la table de la discussion, le cas de Bah Oury pourtant, ce dernier est vice-président du plus grand Parti politique de cette même opposition. Au sortir de cette rencontre, ils la qualifient d’historique, évidemment tout est historique en guinée même pour l’opposant historique aujourd’hui président. Quelques semaines après, les deux alliances politiques de l’opposition font une déclaration commune pour soutenir Lansana Kouyaté lors de sa récente tournée en Haute en Guinée. Quelle hypocrisie !
Cette opposition est loin d’incarner un contre pouvoir alternatif faute d’un leadership fort et responsable. Elle est dispersée selon les intérêts qui lient les leaders des partis politiques. Elle est perdue, endormie et manipulée par Alpha Condé qui n’attend que le bon moment pour aller aux législatives. A ce rythme, l’opposition finira par légitimer la présidence d’Alpha Condé au lieu de corriger son erreur des présidentielles. Il ya un adage qui dit « On t’achète au prix que tu affiches » et aussi longtemps que cette opposition se montrera faible et irresponsable, Alpha Condé se fichera d’elle et du reste des guinéens.
La Guinée « is back » aux vieilles pratiques totalitaires où le maître à penser est unique et ne supporte pas la contradiction politique pour trouver les solutions aux problèmes du pays. Il veut maintenir les guinéens dans les vielles habitudes, c'est-à-dire les médiocres aux grands postes de décision pour éviter toute contradiction d’idées sur les projets de développement. Dans cette Guinée « is back », c’est l’arbitraire, le mensonge, l’incompétence, l’amateurisme des cadres, la complaisance des politiciens qui sont de retour au sommet de l’Etat. Le changement qui désenchante en Guinée n’est qu’un tourbillon dans lequel l’opposant historique aveugle le peuple et retarde son épanouissement.
Qu’Allah nous change ce changement qui nous attarde et qui nous dérange.
Amen !
Marwane Diallo.
merci de votre viste, revenez quand vous le voulez.
Contact mail:alfa_ousmane@yahoo.fr
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