Politique : Faya Millimono de la NGR revient sur les promesses non tenues par Alpha Condé
Génération de la République (NGR), Dr Faya Millimono, a accordé une interview à Guinéenews©, pour jeter un regard sans complaisance sur la gestion du Président Alpha Condé au terme de sa première année d´exercice du pouvoir. L´homme connu pour son franc- parler habituel dissèque secteur par secteur ce qui n´a pas marché depuis décembre 2010. Entretien !
Guinéenews© : Le Président Alpha Condé a bouclé sa première année au pouvoir. Quelle est votre appréciation générale ?
Dr Faya Millimono : En pensant au Peuple de Guinée, je puis dire que des actes positifs ont été posés. Mais je suis au regret de constater que le bilan du Pr Alpha Condé après un an au pouvoir est globalement négatif. Pour le démontrer, je partirai de ses propres promesses. Je crois qu´il connaissait la situation guinéenne avant son élection. L´une de ses promesses est la formation d´un gouvernement équilibré en terme régional. Soit 25 pour cent des postes pour chacune des quatre régions. Aujourd´hui, la réalité est que plus de 60 pour cent des postes sont détenus par une seule région au détriment des autres.
La deuxième promesse est le renforcement de l´indépendance de la justice avec un budget de 5 pour cent. Aujourd´hui, ce budget atteint à peine 2 pour cent. Ensuite, il avait promis l´eau et l´électricité en six mois après son investiture pour Conakry, mais aujourd´hui, il y a moins d´eau et d´électricité. Puis, il avait promis l´unité nationale, mais nous avons eu l´impression que la campagne électorale a continué jusqu´en Mars 2011. Il taxait certains guinéens de « tortue », de « punaise » et de « trafiquants ». Cela a exacerbé les tensions sociales. Sans compter le caractère tribal de ses nominations ou les violations des droits de l´homme et la continuité de l´impunité.
Guinéenews© : Mais le président Alpha Condé a dit que son héritage est lourd et que la Guinée était dans un trou...
Dr Faya Millimono . : Il dit avoir hérité d´une situation difficile, je suis d´accord avec lui. Mais ce n´est pas une excuse. Ces genres de rhétorique ne marchent pas. Quand il dit qu´il a trouvé la Guinée dans un trou, je crois qu´on ne doit pas l´enfoncer davantage. Mais lui continue à creuser encore. Actuellement, l´unité nationale est en lambeau. Les guinéens ont du mal à se nourrir deux fois par jour. Les investisseurs ont choisi d´éviter la destination Guinée, comme l´ont conseillé les français et les américains. Il passe le clair de son temps à voyager dans le monde. Il veut séduire les investisseurs, en allant les chercher à l´étranger. Or, il suffit simplement de créer les conditions minimum, comme la sécurité. Par exemple, le directeur de la police nationale a été agressé, le syndicaliste Amadou Diallo aussi, sans compter les citoyens ordinaires. Aussi, il y a la sécurité légale. Là aussi, lorsque le président rompt un contrat ou nationalise une entreprise privée, c´est un signal fort adressé aux investisseurs étrangers.
Le coût de la production est si élevé en Guinée, en raison du déficit électrique, que rien n´est entrepris pour renverser cette tendance. Et ce n´est pas avec des bidons d´eau et de carburant qu´on peut faire tourner une unité industrielle. On estime une croissance à 4 pour cent. Mais en vérité, il n`y a eu que 3,6 pour cent. Pour le comprendre, il faut tenir compte de la croissance de la population estimée à 3,2 pour cent, de l´inflation qui est passée de 20,8 pour cent en 2010 contre 22,1 pour cent en 2011 et de la dépréciation du franc guinéen. A l´investisseur du président, un dollar s´échangeait à 6 400 francs contre 7 100 francs en 2011. Il y a l´augmentation fantaisiste du prix du carburant. Aujourd´hui, l´expansion de la pauvreté est indes criptible. A tout de point de vue, en tout cas, Alpha Condé semble émerger comme une grande malchance pour la Guinée.
Guinéenews© : Sur le volet politique, j´espère que vos griefs seront mitigés...
Dr Faya Millimono : La priorité numéro un à mon avis était la finalisation de la transition. Nous voilà à la fin de l´année. On est en train de se demander dans quel cadre un dialogue va-t-il être amorcé pour l´organisation des élections législatives. Le Pr Alpha Condé et son gouvernement ont pensé que la politique-spectacle peut remplacer un véritable dialogue politique.
Guinéenews© : Pourtant, on a vu le ministre de l´administration du territoire au siège de certains partis
Dr Faya Millimono : La tournée du ministre Alhassane Condé dans les Etats-majors des partis politiques, avec la Radio Télévision Guinéenne (RTG) devant, c´est du spectacle. Je dis non. Au contraire, je crois que le dialogue, c´est autour d´une table. Donc, il y a eu échec. Autre élément majeur, c´est l´exacerbation de l´ethnocentrisme lors de la dernière élection. Le président a continué à déchirer le tissu social parce qu´il est sorti désoeuvré peut-être, avec ces histoires d´accusation d´empoisonnement, d´instrumentalisation et d´attaques contre de paisibles citoyens en Haute Guinée, à cause de leur appartenance ethnique ou politique.
Guinéenews© : Mais ce problème concerne les autorités de la transition et non le président Alpha Condé....
Dr Faya Millimono : D´accord, les autorités de la transition ont été irresponsables, mais il l´est autant. A son arrivée au pouvoir, le président Alpha Condé devrait plutôt mettre en place une commission d´enquêtes pour éclaircir cette affaire. Peu avant l´attaque contre sa résidence, il a également instrumentalisé l´attaque des boeufs en Forêt.
Guinéenews© : Comment ça ?
Dr Faya Millimono : Il faut faire la connexion entre la visite des sages de Beyla et cet abattage sauvage. Les auteurs au nombre de six sont connus. Ils ont été arrêtés par la gendarmerie. Après ils ont été libérés. Qui est derrière cette libération ? La justice est prompte à condamner un citoyen à Conakry pour avoir exercé un droit constitutionnel. On tue des citoyens à Saoro sous les yeux du gouvernement. Il y a eu deux morts, des blessés. Jusqu´à présent, certains sont emprisonnés dans les prisons de Yomou, des champs sont rasés. On a vu une autre justice expéditive à caractère tribal, à la suite des malheureux événements de Gbalakpaye.
Guinéenews© : Et sur le plan économique ?
Dr Faya Millimono : Pire, nous nous retrouvons dans le communisme sur le plan économique. A Guéckedou, parait-il, la décision est prise d´empêcher la vente du riz produit localement. Conséquence, la baisse de la demande face à l´offre peut occasionner la chute drastique du prix du riz. L´impact est le découragement des paysans ou la création de l´inflation dans certaines zones et de la pénurie dans d´autres. On me dit que l´Etat veut racheter le riz, en procédant à la fermeture des frontières des villes pour créer la chute du riz. C´est de cette façon que le PDG a appauvri les paysans pendant 26 ans (...). Je crois qu´Alpha Condé est un danger pour tout le monde.
Guinéenews© : Vous parlez du retour du communisme, mais lors de son dernier discours, le Président Condé s´est félicité de ses performances économiques réalisées en 2011...
Dr Faya Millimono : (Il rit). La seule manière de savoir si l´économie d´un pays s´améliore, c´est d´aller voir la table à manger du guinéen. Je ne parle pas de manger riche, mais manger simplement. Les guinéens ne mangent pas à leur faim. Le prix du carburant a été rehaussé à deux reprises, soit de l´ordre de 43 pour cent, sans aucune mesure d´accompagnement.
Guinéenews© : Mais la première hausse, le président Condé n´était pas aux affaires...
Dr Faya Millimono : Il n´était pas aux affaires, d´accord, mais c´est lui qui a donné l´ordre à la veille de son investiture. Donc, la situation économique n´est pas du tout rose. L´inflation passe de 20,8 pour cent en 2010 contre 22,1 pour cent en 2011. Le taux de change fait que le franc a déprécié de près de 15 pour cent. Le taux de croissance est négatif, le chômage des jeunes monte crescendo.
Guinéenews© : Mais le président Alpha Condé a récemment promis 300 emplois...
Dr Faya Millimono : (Il rit). Oui, 300 emplois, d´accord. Mais combien d´étudiants sortent-ils de nos écoles et universités. Quand il parle, il doit réfléchir. Il y a plus de départements qui s´occupent de l´emploi que d´emploi créé. On grossit l´administration pour rien au lieu de promouvoir la compétitivité. On devrait réduire le train de vie de l´Etat. On a un effectif pléthorique de ministres et de ministres- conseillers. On n´a pas besoin de dix pour cent de ces cadres pour faire tout ce qu´il y a à faire. Il y a combien de conseillers pour conseiller qui ?
Guinéenews© : Le président vous aussi...
Dr Faya Millimono : Alpha Condé n´écoute personne. Même si vous l´envoyez Bill Clinton, dès qu´il ouvrira la bouche, il mettra la Guinée en danger le lendemain. On devrait diminuer la taille de l´administration et du gouvernement. Cela nous épargnerait beaucoup d´argent. Surtout, le président doit arrêter ses voyages inutiles. Savez-vous pourquoi voyagent-ils ?
Guinéenews© : Mais c´est pour marquer le retour de la Guinée dans le concert des nations...
Dr Faya Millimono : Non, la Guinée était déjà dans le concert des nations. Nous n´avons pas d´avion. Ni une compagnie publique ou privée. Cela devient un fonds de commerce pour la famille Condé. Il faut trouver des avions, mettre Papa ou le mari dedans. Il a été au Canada pour une rencontre, où il n´y avait aucun Chef d´Etat. Mais comme il faut voyager pour alimenter les caisses des démarcheurs, disons que jamais les fonds publics ont été mal gérés que maintenant.
Guinéenews© : Pourtant, le pouvoir se félicite de l´unicité de caisse de l´Etat...
Dr Faya Millimono : La particularité de cette unicité est que personne ne met l´argent dans la caisse, y compris le président. Il a donné l´exemple. Dites-moi où sont les 700 millions de dollars de Rio Tinto ? Même le ministre de l´économie ne peut pas répondre à cette question.
Guinéenews© : Un moment, on disait que ce magot était placé dans une banque équivalente en Europe ?
Dr Faya Millimono : Dans le fonctionnement d´un Etat moderne, cela doit apparaitre dans le budget. Beaucoup de fonds ont été récoltés, comme les millions d´euros de la société de téléphonie mobile, Areeba, mais on ne voit aucune trace pour l´instant. Forcément, il y a des caisses parallèles.
Guinéenews© : On dit aussi que le Fonds Monétaire International (FMI) s´opposerait à l´utilisation de ces fonds...
Dr Faya Millimono : Comment le FMI peut-il interdire l´usage de ces fonds ? Je dis non. Il ne faut pas créer des problèmes là où il n´y en a pas. L´argent récolté doit rentrer dans les caisses de l´Etat. Je vous dis le fonds du problème. La Guinée veut sortir du processus Pays Pauvre Très Endetté (PPTE), mais quand nous avons beaucoup d´argent, on dira que nous n´avons pas besoin d´être épaulé. Alors, il s´est dit qu´il va prendre sa part. Il a gardé donc. On donne les millions d´Euros pour Areeba, là aussi, il a gardé. Cet exemple a été donné pour que chacun l´imite. Le danger est que le peu de fonds se trouvant dans les caisses est mal utilisé. La Sagem a dépensé près de cinq millions d´euros pour le recensement avec mille kits. Au lieu d´utiliser ce matériel qui est là pour réviser les listes, il a choisi d´acheter sans appel d´offres 2 500 kits en provenance d´Afrique du Sud à 15 millions d´euros pour faire un recensement qui devrait concerner 15 pour cent des électeurs.
Guinéenews© : Vous décrivez la vie chère, mais jusqu´à présent, les guinéens tiennent bon et ne manifestent pas comme en 2007
Dr Faya Millimono : Les guinéens sont patients et mûrs. Mais la patience a des limites. Ils ont été patients avec Conté. Contrairement à toutes les promesses fallacieuses, nous ne nous attendions pas à la fourniture du courant en six mois. Nous savions que cela prendrait du temps et que les guinéens en sont conscients. Là où ils sont déçus et qui ne demandent pas des coûts.
Guinéenews© : C´est quoi ?
Dr Faya Millimono : Le respect est une valeur. Un président de la république n´insulte pas. Malheureusement, il est venu avec une culture étrangère, il s´attaque aux gens. Il fait de notre justice une justice `´wéré- wéré´´.
Guinéenews© : C´est-à-dire ?
Dr Faya Millimono : C´est une justice à multiples facettes. On s´acharne sur des pauvres manifestants, on tue des boeufs, on exproprie des populations de leur terre et cette justice n´intervient pas...
Guinéenews© : Cela incombe à la justice qui ne prend pas ses responsabilités...
Dr Faya Millimono : C´est un danger de tout rejeter sur le dos de la justice. J´ai souvent plaidé pour la promulgation et l´application du statut des magistrats. Pour que l´indépendance de la justice soit effective, il faut lui donner les moyens de sa politique. Si au lieu de 5 pour cent comme promis, vous lui donnez un budget de 2 pour cent, comment voulez-vous garantir la séparation des pouvoirs ? En Guinée, les conditions de vie des magistrats sont monstres. Aujourd´hui, Alpha contrôle tous les pouvoirs parce que s´il appelle même à nuit la présidente du Conseil national de la transition pour faire voter un texte le lendemain, il l´aura. Il manipule la justice, contrôle tous les appareils. C´est le pouvoir absolu. Son objectif est de contrôler les syndicats, la société civile. Aujourd´hui, il y a au moins trois coordinations de la société civile. Elles ne sont plus dynamiques comme en 2007.
Guinéenews© : Mais là aussi, c´est la faute aux acteurs de la société civile...
Dr Faya Millimono : Il y a la faute aux hommes, c´est vrai. Mais quand dans un pays, les salaires sont très bas, les cadres deviennent facilement corruptibles. Je ne défends personne. Le seul secteur qui lui résiste aujourd´hui, et où il fournit beaucoup d´effort pour le démanteler, c´est bien la confédération nationale des travailleurs de Guinée. Non seulement, il ne s´est pas contenté de s´immiscer dans le congrès mais il a instrumentalisé les médias publics, qui ont refusé de diffuser l´élection d´Amadou Diallo, en dépit des injonctions du Conseil national de la Communication. Pire, on envoie des bandits pour assassiner celui qui est élu...
Guinéenews© : Docteur, cela pourrait être des bandits aussi
Dr Faya Millimono : Des bandits oui mais on dit qu´ils étaient armés. Pourtant, il y a des policiers, des gendarmes patriotes et dignes dans notre armée. Malheureusement, on préfère utiliser une milice privée pour aller commettre des crimes. Les Donzos dont on parle sont des milices...
Guinéenews© : Vous soulevez une affaire dépassée, Docteur. On ne voit plus les Donzos à Conakry
Dr Faya Millimono : Non, ils ne sont pas partis. Ils sont en Guinée. Ils n´ont pas où aller. Ils étaient en Sierra Leone. On les convoyait du riz là-bas. Quand la Guinée a envoyé une quantité du riz à la Sierra Leone la dernière fois, c´était pour nourrir ces hommes. Mais comme ils sont indésirables en Sierra Leone, ils sont rentrés en Guinée chez leur maitre.
Guinéenews© : Depuis un temps, on ne les voit plus dans les rues...
Dr Faya Millimono : Ils sont dans les quartiers à Conakry et à l´intérieur du pays. Ils ont cessé de porter leur tenue d´accoutrement. On a une armée républicaine, une police et une gendarmerie dignes, mais il faut respecter ces forces de défense et de sécurité. Que fait un Donzo à Conakry ?
Guinéenews© : Vous avez trop chargé le pouvoir, honnêtement et sincèrement, qu´est-ce qui a marché en 2011 ?
Dr Faya Millimono : Je l´ai dit au départ, des actes ont été posés. J´ai été séduit par l´unicité des caisses de l´Etat, mais l´application a été de la poudre aux yeux. La réconciliation nationale, il faut y croire pour réussir. Mais vous savez, le RPG a instrumentalisé des loubards pour s´attaquer à des citoyens en raison de leur appartenance politique ou ethnique en Haute Guinée...
Guinéenews© : Il faut nuancer parce qu´en Moyenne Guinée aussi, des militants de l´arc-en-ciel ont été agressés
Dr Faya Millimono : Oui, nous l´avions condamné. Mais pour comprendre ce qui s´est passé en Moyenne Guinée, il faut comprendre ce qui s´est passé en Haute Guinée. Alpha Condé risque d´être rattrapé par son passé s´il y a un établissement de la vérité et de la justice. Parce que des hypothèses disent qu´il a été derrière les attaques rebelles en 2000. Des gens de son entourage l´ont dit dans la presse en ligne. De peur d´être rattrapé par son passé, il ne veut pas la vérité. Or, pas de réconciliation sans la vérité, ni la justice. Il ne croit pas en la réconciliation nationale...
Guinéenews© : Le président Condé a pourtant dit avoir pardonné et a demandé à tous de l´imiter....
Dr Faya Millimono : Le pardon est personnel et individuel. Quand il a choisi les deux religieux, que je respecte d´ailleurs, mais leur mandat est flou. Quand ils ont publié leur première déclaration, les citoyens ont réagi. Personnellement, j´ai écrit une lettre ouverte pour dire que tout le monde ne peut pas être à la fois bourreau et victime, comme ils l´ont dit. C´est trop simpliste. Regardez les délégations dépêchées à Labé, comme si c´est une affaire des peuhls et des autres. Je crois que nous devons nous inspirer de l´exemple marocain. Dès lors que la vérité sera dite et que la justice sera faite, le guinéen peut pardonner. On le sait, le guinéen est très religieux.
Guinéenews© : Autres actes, c´est la main tendue à l´opposition avec l´invitation présidentielle du 15 Novembre 2011
Dr Faya Millimono : Ecoutez, la politique- spectacle veut se substituer au dialogue politique. On a écrit au ministre Alhassane Condé en mars. On a saisi le Premier ministre en avril. Ils ont tous refusé. Depuis, les spectacles ont commencé. Le premier, c´est la ministre Alhassane Condé à la télévision nationale pour annoncer la reprise du recensement intégral des électeurs. Cela a suscité un faux- débat, qui a duré quatre mois. Le deuxième spectacle, c´est la sortie du président à la télévision pour dire qu´il est d´accord avec la révision comme le veut la loi. Comme si la loi dont il parle venait d´être votée ce jour-même. Peu après son discours, il a annoncé la délivrance des cartes d´électeur au même titre que les cartes d´identité. C´est comme l´histoire du fou et de la lune (il rit).
Ensuite, il a invité le ministre Alhassane Condé de nous rencontrer, après plusieurs tractations. Pour nous offrir un autre spectacle, quand il nous a adressé une longue lettre pour refuser toutes nos doléances. Puis, il y a eu la marche du 27 septembre et la rencontre de la veille initiée par celui qui est apparemment le plus religieux, le Premier ministre. C´est la même chose pour la rencontre du 15 novembre au Palais Sékoutoureya.
Guinéenews© : Mais vous devriez aller, Docteur
Dr Faya Millimono : Nous sommes un parti sérieux. Si on veut nous inviter, nous devrions être saisis en bonne et due forme. Nous avons du respect pour le président. Qu´il ait du respect pour nous. La première invitation me paraissait sérieuse. Mais comme c´était du spectacle, on dit tel doit venir, tel doit autre aussi. On ne nous invite pas en disant toi aussi. On a pris des images. Mais pour qui on est en train de mentir ? A qui ment- on ? On ment à soi-même et au Peuple de Guinée. Mais la patience a ses limites. Le jour où le peuple en aura marre, il dira au Pr Alpha Condé de partir.
Guinéenews© : Vos critiques sont elles sincères, Docteur....
Dr Faya Millimono : Non, pas du tout. Je suis très sincère. Je prie de tout mon coeur que le Pr Alpha Condé réussisse, mais malheureusement, il est son propre problème. Quand un leader ne veut pas entendre la vérité, il se trompe. Toutes les fois que j´ai critiqué, j´ai fait des propositions aussi. Mais il n´écoute pas les conseils.
Guinéenews© : Il écoute vos critiques dans les médias
Dr Faya Millimono : Il entend, mais il n´a pas l´air de comprendre. Sinon, il se serait débarrassé de toute cette vieillerie, qui lui donne des mauvais conseils. Ce sont ces conseillers, qui l´ont poussé à insulter. Un président n´insulte pas, mais il respecte son peuple. On ne dirige pas un pays par la coercition. La loi n´est pas un encombrant. Il est élu par le peuple...
Guinéenews© : Certes, un président n´insulte pas, mais les opposants aussi le critiquent trop...
Dr Faya Millimono : C´est notre rôle de le critiquer et de lui faire des propositions. Un frère peut l´aider à accéder au pouvoir mais il faut des compétences pour gérer. Gérer un pays n´est pas une affaire de cousins, de frères et de neveux, mais une affaire de compétence et de probité morale. On ne donne pas un avion à un éleveur. Le problème est que son gouvernement est pléthorique. Il semble que les ministres se cognent. Mais quelle cacophonie. On lui a dit de valoriser la compétence, la rigueur et la discipline.
Guinéenews© : Si vous devriez noter ce gouvernement sur dix, objectivement et sans parti pris, combien lui donneriez-vous ?
Dr Faya Millimono : Je lui donnerais moins cinq.
Guinéenews© : Soyez indulgent, Docteur
Dr Faya Millimono : Mais nous avons reculé. Si au moins les acquis étaient maintenus, j´aurais donné zéro ou un. Au contraire, on a reculé à tout point de vue.
Guinéenews© : Un enseignant ne note pas au dessous de zéro
Dr Faya Millimono : C´est une note aussi. Cela veut dire qu´il doit payer des crédits et faire de grands efforts. J´ai été enseignant, je note en connaissance de cause. Il n´est pas là pour tuer, ou emprisonner. Tous ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de la marche du 27 Septembre, ils ont été arrêtés le lendemain.
Guinéenews© : Mais il a gracié ?
Dr Faya Millimono : Le problème n´est pas la grâce, mais ne pas arrêter et condamner arbitrairement. Des citoyens ont perdu leur vue, d´autres leur vie. D´autres encore ont été blessés. Pire, il semble qu´à Bambéto ou dans certains quartiers, des citoyens, les forces de sécurité interpellent des citoyens pour réclamer de l´argent, moyennant leur libération. C´est un commerce humain. En violation des droits. Cela ne se passait pas sous Lansana Conté. La paix n´est pas un mot creux, ni le développement un voeu pieux.
Guinéenews© : Je vous remercie, Docteur
Dr Faya Millimono : C´est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par BAH Abdoulaye
Abdoulaye Bah
Conakry, Guinée
224.62.14.15.09
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