Revue de la presse : « Le jeu clair-obscur des centristes » en Guinée
« Paysage politique : le jeu clair-obscur des centristes » titre L’indépendant à sa grande Une. « C'est un euphémisme de dire que le dialogue politique guinéen est dans l'impasse. Les acteurs politiques dans leur totalité n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un certain nombre de points » écrit l'hebdomadaire qui accuse certains leaders politiques de revendiquer un statut de ‘’centristes’’ alors que qu'ils sont « les pions » du pouvoir. Selon le journal, pendant toutes les crises politiques qui ont secoué le pays ces dernières années, le pouvoir a eu toujours la sagesse et le bon réflexe d'accepter de prendre langue avec l'opposition démocratique, directement ou par médiateurs interposés, pour éviter au pays un saut périlleux dans l'inconnu. L'hebdomadaire poursuit « avec l’avènement du Pr Alpha Condé au pouvoir, l'on est entrain de vider malheureusement ce dialogue de tout son contenu pour favoriser l'apparition d'un 3e bloc qui voudrait avec « une bonne dose de mauvaise foi, se faire passer pour le centre alors que les partis qui le composent ne font que le jeu du pouvoir ».
Alors que pour L'Indépendant, le pouvoir et l'opposition doivent jouer « cartes sur table » et aborder les questions d'intérêt général susceptibles de faire avancer les choses dans le sens souhaité par l'écrasante majorité de la population. Aujourd'hui, rapporte le journal, le moins que l'on puisse dire, pouvoir et opposition ne font pas la même lecture du dialogue, l'un réclamant d'un côté pouvoir-opposition et centriste, l'autre souhaitant un dialogue bipartite à savoir pouvoir et opposition.
En tout cas, explique L’indépendant, le jeu clair-obscur auquel ils se livrent sur la scène politique guinéenne risque dans un avenir plus ou moins proche, de leur coûter politiquement très cher.
L'Observateur de son côté se demande : «Entre Alpha Condé et les centristes qui roulera qui dans la farine ? ». Selon cet hebdomadaire, un leader politique qui a participé à la dernière présidentielle guinéenne, a récemment claqué la porte au cours d'une réunion des centristes pour dire qu'il a compris les intentions du Centre qui entend mettre des bâtons dans les roues de l'aile dure de l'opposition guinéenne. Ce centre ajoute le journal, veut se transformer une fois son objectif atteint comme une véritable opposition au pouvoir d'Alpha Condé. « Ce sont des frustrés, qui n'ont rien obtenu après leur soutien au président Alpha Condé qu'ils vont avec lui dans l'objectif d'affaiblir l'opposition radicale » a-t-il déclaré au journal L'Observateur. L'aile dure de l'opposition guinéenne n'est pas aussi bête comme le croirait Jean-Marie Doré poursuit le journal. L'hebdomadaire nous informe que selon une source proche de l'ADP et du collectif, les activités programmées par ces deux blocs politiques à savoir un meeting géant à Conakry et une caravane de la démocratie à l'intérieur du pays auront bientôt lieu si l'échec du dialogue se confirme.
Le journal L'Indépendat revient aussi sur la livraison du sucre impropre à la consommation par la société Tafagui. Il se demande pourquoi les enquêtes piétinent ? alors que l'état-major de la gendarmerie s’en est chargé de les poursuivre? L'hebdomadaire nous rapporte que « l'enquête ouverte par l'état-major de la gendarmerie nationale sur la livraison de sucre impropre à la consommation par la société Tafagui avance à pas de caméléon. C'est à peine si on peut s'attendre à la manifestation de la vérité dans cette affaire quand on sait que le patron de Tafagui Ibrahim Taher et son neveu Hassan ont une maîtrise parfaite de l'administration guinéenne ».
Reconnue dans la fabrication des tôles ondulées, Tafagui fait aussi le commerce des denrées alimentaires. Sur ce, cette société a pu s'adjuger le marché de livraison de 15 mille tonnes de sucre suite à un appel d'offres du gouvernement dont les conditions d'obtention n'ont pas obéi aux critères de la transparence explique le journal. Si l'enquête est bloquée, L'Indépendant accuse les relations dont disposent les patrons de Tafagui et bien entendu le pouvoir de l'argent.
Eco-vision pour sa part revient sur la « plainte contre la Guinée » déposée par la Confédération syndicale internationale (CSI). Selon cet hebdomadaire économique de la Guinée et de la sous-région, si le tribunal de Mafanco a été télécommandé pour invalider le seul congrès qui a laissé élire Amadou Diallo, au nom dit-on de l'ethnostratégie en vogue au pays, les organisations syndicales planétaires, qui ont assisté à tout le processus, n'entendent pas croiser les bras face à l'immixtion du pouvoir politique dans leurs affaires. Dans sa dernière parution, Eco-vision publie la plainte déposée par la CSI et la CSI Afrique qui valide le Congrès du 24 septembre d'Amadou Diallo, appelle les autorités guinéennes à sécuriser les leaders syndicaux, dénonce l'attaque de la Bourse du travail et du domicile du leader syndical élu, revient sur les négociations menées depuis le déclenchement de cette crise syndicale, les actes d'intimidations et d'attaques dont ont été victimes Amadou Diallo et son clan et la décision du tribunal de travail. La CSI rappelle que seul le congrès auquel ont assisté 113 délégués dont 98 ont voté Amadou Diallo est valide.
L'affaire des 6 milliards dédommagés à Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo et Jean-Marie Doré revient à la Une des journaux cette semaine. Le Nimba titre à sa une avec la photo des trois leaders accusés « leur moralité est mise en cause ». L'un des coaccusés, en l’occurrence Jean-Marie Doré, initiateur de ce dédommagement, explique suite à cette affaire qui tend à salir leur moralité, « si quelqu'un n'est pas content qu'il porte plainte à la justice, je suis là pour répondre ». Selon le journal, les spéculations vont bon train sur l'usage qu'ont fait les leaders politiques des six milliards débloqués après la répression meurtrière de la manifestation pacifique de l'opposition le 28 septembre à Conakry. Jean-Marie Doré, selon l'hebdomadaire estime que c'est de la « calomnie et de la diffamation » à leur égard, parlant des gens plus précisement de Mamady Doumbia, de la Solider, qui véhiculent cette information pour tenter de soulever la population contre eux. Mais la colère de l'ancien premier ministre, c'est qu'une ONG dénommée Solidarité, Liberté et Démocratie pour la République a décidé de porter cette affaire en débat au cours d'une conférence de presse dont le thème était : « aidez nous à comprendre l'utilisation des 6 milliards des victimes des victimes du 28 septembre donnés par l'Etat aux leaders des forces vives ». Pour Le Nimba il est difficile de comprendre que les leaders politiques donnent des leçons de morale à toutes les tribunes, exigent la transparence du pouvoir à longueur de journée, et acceptent de prendre des dédommagements sans s’en expliquer devant les victimes dont certaines ne sont pas prises en charge. « Grands orateurs devant l'éternel, Jean-Marie Doré, Cellou Dalein et Sidya Touré sont curieusement restés muets comme une carpe. Une leçon de plus pour les militants » conclut Le Nimba.
Ce même journal, nous rapporte encore que les Guinéens doivent serrer la ceinture en 2012. « Le ministre de l'économie et des finances a mis la puce dans l'oreille des Guinéens. 2012 doit être une année de prudence et les Guinéens doivent modérer leurs ambitions en matière de dépenses » écrit Le Nimba. Qui rappelle que « ceux qui pensaient goûter, plus tôt, au bonheur annoncé par les nouvelles autorités doivent encore patienter un peu. A en croire le ministre de l'économie et des finances, cité par le journal, 2012 sera une année difficile mais les Guinéens doivent espérer des retombées des initiatives mises en place vers sa fin et certainement 2013. Cela est dû au fait que le budget de 2012 sera en grande partie exécuté grâce aux recettes ».
Dans son éditorial, Le Lynx revient sur le blocage que traverse actuellement le pays : organisations des élections législatives, l'échec du dialogue politique et le mal qui guette la Guinée. Dans cet édito, on lit ceci: « la Guinée est bloquée, les Guinéens sont bloqués, le processus électoral es bloqué, notre démocratie est bloquée. En attendant de déterminer les causes pour savoir si c'est la chèvre qui est attachée au piquet ou le piquet à la chèvre, tout le monde en souffre » fin de citation. Le journal satirique rapporte que « le blocage ne profite à personne. Même si l'œuvre est collective». Car le pouvoir qui bloque l'opposition est bloqué et l'opposition qui tente de bloquer le pouvoir est bloquée.
Mohamed Sylla
Lejourguinee
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