Ce sont eux qui étaient des footballeurs.
Il y a un petit moment que cet article me trottine dans la tête mais le temps de l’écrire me manquait et le titre prévu était le Syli National est l’arbre qui cache la forêt ; je vous expliquerai à la fin, comment est venu ce nouveau titre.
Les guinéens sont contents de la performance de l’équipe nationale à la coupe de nations ; c’est bien ; les joueurs ont été bien reçus ; c’est bien aussi.
Passé l’euphorie, il est temps de se regarder en face et de se dire que notre football est malade et cela depuis belle lurette ; le constat est fait et certaines solutions sont proposées par des grands footballeurs que notre pays a connu ; pour Chérif Souleymane « la Guinée a longtemps dormi sur ses lauriers ; il faut s’adapter ; c’est une adaptation qu’il faut faire. Ce qui était valable hier, ne l’ai plus aujourd’hui et l’improvisation est devenue l’ennemi du football »
Je n’avais pas eu le temps de regarder les deux premiers matchs de la Guinée mais l’interview de l’ancien international Salam Sow avant la rencontre contre le Mali, m’avait fait penser au propos de Chérif et ce n’était pas rassurant.
Pour ceux qui n’ont pas écouté l’interview, il disait sur une radio locale ; sa mission était d’aller superviser une équipe adverse mais une fois au Gabon, lui et son équipe, ont passé 48h avant de trouver un logement, il n’avait pas l’équipement pour son travail, il a demandé au Ministre, qui lui a dit de s’adresser au DAF (Directeur Administratif et Financier) ; enfin ce dernier lui déclara qu’il n’est pas au courant, bref.
Cela fait combien de fois que la Guinée participe à la coupe de nations ? Les spécialistes le diront mais d’année en année, nous constatons toujours des défaillances dans l’organisation ; sans parler des problèmes de prime.
Dans le football d’aujourd’hui, les fiches techniques des superviseurs sont très importantes pour le sélectionneur bref.
Djibril Diarra, un autre ex international dit «sur un match, la Guinée peut faire des exploits mais dans une compétition, sur 3, 4 ou 5 matchs, nous ne tiendrons pas la route ».
Quand l’équipe nationale joue bien, on a l’impression que tout va bien ; c’est pour cela que je dis souvent que le Syli National est l’arbre qui cache la forêt.
Pour diagnostiquer le football guinéen, il faut tout simplement aller vers les grands footballeurs que notre pays a connu ; pour Djibril Diarra « j’invite les jeunes à aller à l’école, à apprendre ; dès que l’on commence à applaudir un jeune dans le quartier, il abandonne les études. On parle de faire des académies de football ; c’est bien mais qui on va y mettre si les jeunes refusent d’apprendre ? Il faut scolariser le football et organiser des tournois scolaires ; il faut comme à notre temps, gravir les échelons de la base au sommet ».
Pour Petit Sory « Nous avons été repérés par Boudei, qui nous a pris et qui venait nous entraîner tous les soirs ; à l’époque le grand stade n’existait pas ; de minime au cadet, ainsi de suite et à l’arrivée, la discipline recherchée, est acquise » et Souleymane Chérif d’ajouter « aux jeunes qui veulent jouer au foot, je leur conseille de commencer à jouer très tôt ; c’est quelque chose qui est programmée à l’avance ; il faut un grand travail à la base avant d’espérer à une coupe ».
Mon Analyse : je ne veux pas donner ici plus d’affirmation des joueurs car c’est le contenu même du documentaire en cours de montage ; les anciens du Hafia, donnent des conseils aux jeunes et proposent quelques solutions aux problèmes du football guinéen.
Tenez vous bien, Papa Camara qui a son diplôme d’entraîneur, obtenu en France, est conseillé juridique au port autonome de Conakry ; Jacob Bangoura et Ibrahima Fofana Calva, travaillent à EDG (électricité de Guinée) ; Petit Sory est Directeur du Stade ; sans parler de ceux qui ne travaillent pas ; je trouve que cela est tout simplement un gâchis.
Ils apporteront plus à la Guinée, en étant entraîneur, sélectionneur dans des écoles, des villes guinéennes ; c’est dans le football qu’il faut continuer à utiliser leurs compétences.
Ce sont eux qui peuvent repérer et former les champions de demain.
Je vous raconte une anecdote, dans les années 90, je voyais à la télé, l’émerveillement des commentateurs français parlant du football total de Johan Cruyff à la tête du Barça et Cruyff (le pelé blanc), disait que quand un défenseur est en possession de la balle, à l’avant poste, il devient attaquant et doit continuer son action etc.
Jacob Bangoura, latéral droit, sur le penalty qui donna la victoire au Hafia, en 1975 à Logos contre Enugu Rangers, dit : « quand on jouait, Maitre Naby nous disait, il n’y a pas d’attaquant, il n’y a pas de défenseur; si tu as le ballon continu ton action ; ainsi, vers la fin du match, on était acculé, les nigérians voulaient coûte que coûte gagner ; ils nous pressaient ; donc j’étais à la ligne médiane et Petit Sory, mon ailier droit, à la défense ; quand il a eu le ballon, je lui ai dit en sousou, lance moi et Petit Sory a si bien placé le ballon qu’il n’y avait pas à dire ceci ou cela ; je peux dire que je ne suis pas rapide mais ce jour là , j’ai cavalé ; quand le défenseur nigérian est venu sur moi, j’étais déjà dans la surface de réparation et au lieu de prendre la balle, c’est moi qu’il a raclé ; l’arbitre était tout près, il a sifflé le penalty que même le public n’a pas contesté ; penalty transformé par Thiam Ousmane Tolo le capitaine à l’époque »
J’étais tout simplement étonné de découvrir que le football total dont on parlait souvent pour encenser le Barça, était déjà pratiqué par le Hafia.
J’ai lu dans un article, que le Ministre Maturin Bangoura disait que c’est le gouvernement qui décidera de l’utilisation des fonds récoltés pour la CAN ; si je peux me permettre une suggestion, je conseillerai de rassembler tous les anciens joueurs pour prendre ceux qui veulent devenir entraîneur ; ensuite faire venir des instructeurs en Guinée pour les former (car les envoyer tous en Europe, coûterai très cher) ; et puis les envoyer dans toutes les régions pour s’occuper de la formation des jeunes ; nous avons besoin d’un travail en profondeur ; si nous voulons célébrer dans quelques années, une victoire c'est-à -dire une coupe.
J’ai vu le match contre le Ghana, combien de tirs aux buts ?
Sur le but guinéen, le gardien anticipe un centre, le joueur dévisse son centre et le gardien est lobé. Bien pour nous. Ensuite, plus rien à mettre sous les dents.
Je laisse le mot de la fin à Jacob Bangoura « Maitre Naby nous disait, dans les 20, 25, 30m, shootez ; c’est ce qui était gravé dans nos têtes et tous les joueurs de l’équipe savaient shooter ».
Est ce le cas maintenant ?
Comme promis, je raconte l’origine du titre de cet article ; j’ai téléphoné à une grande sœur en France (Mme Camara), que je n’avais eu depuis un bon moment; quand je lui ai parlé du documentaire que je fais sur le Hafia ; elle m’a dit en bon sousou, avec un ton impossible à transcrire «hééé mon frère, ce sont eux qui étaient des footballeurs».
J’étais mort de rire ; no comment.
NB : les premières médailles des joueurs du Hafia, sont arrivées portant leurs noms.
Eusobe, à Conakry, tu seras mon invité spécial dans paulthea show.
Mick Mack et Mamadou Saliou bah, je prépare deux articles sur N’Joe Leah et Morciré Sylla, je compte sur vos contributions.
Paul Théa
Merci de votre visite, revenez quand vous le voulez.
Contact mail: alfa_ousmane@yahoo.fr
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