Déclaration conjointe de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) et du Collectif des partis politique pour la Finalisation de la Transition sur l’échec du dialogue politique inclusif.
Depuis l’investiture du Président Alpha Condé, l’espoir d’une démocratie et d’un Etat de droit en République de Guinée s’amenuise de jour en jour à cause des violations répétées de la constitution, des lois organiques et des droits de l’homme. Et toutes les initiatives de l’ADP et du Collectif en faveur d’une concertation avec le pouvoir ont été vouées à l’échec en raison de son intransigeance et de son refus à accepter tout compromis sur les questions essentielles qui affectent la gestion transparente du processus électoral en cours. A la demande de l’ADP et du collectif de créer un cadre approprié pour un dialogue bipartite serein et apaisé en vue d’un consensus politique, le pouvoir a offert une tribune à l’allure d’une conférence nationale et le comité de facilitation s’est contenté de recenser les divergences des protagonistes au lieu de les rapprocher.
Il est désormais évident que l’objectif recherché par les autorités actuelles est d’organiser de façon unilatérale, une véritable mascarade électorale à la place d’élections législatives libres et transparentes. Ce constat est d’autant plus justifié aujourd‘hui que la CENI, soutenue et protégée par le pouvoir, vient d’annoncer de façon unilatérale le chronogramme des élections législatives.
Alors que la classe politique et le peuple de Guinée attendaient la réaction du Président de la République et du Gouvernement face au rapport de synthèse du Cadre de dialogue politique inclusif qui vient de se terminer au Palais du Peuple, l’adoption unilatérale du chronogramme des élections par la CENI dont le caractère paritaire est réclamé par la majorité de la classe politique est un recule très dangereux.
L’action unilaterale de la CENI constitue un recule dangereux parce qu’elle s’inscrit d’abord à contre courant de l’engagement du Président de la République de faire en sorte que la date des élections soit fixée par consensus. Cet engagement a été pris lors de la rencontre du 15 novembre 2011 avec quelques leaders politiques au Palais Sekhoutoureya.
Le recule dangereux se montre aussi à travers la non prise en compte des recommandations issues du Cadre de dialogue politique inclusif. En effet, l’un des rares consensus du dialogue politique est la conduite d’un audit du fichier avant le démarrage de la révision des listes électorales. Un autre acquis du dialogue est l’adoption consensuelle des termes de références de l’audit dont le guide a été d’ailleurs élaboré. Le résultat de l’audit devait permettre de prendre des décisions en toute connaissance de cause sur la suite des opérations électorale. Cependant, en annonçant le démarrage simultané de l’audit du fichier existant et de la sélection de l’operateur de révision le 1er mars 2012, la CENI présume les conclusions de l’audit ; ce qui est inacceptable.
Plus grave, la non participation des guinéens vivant à l’étranger posée comme préalable par la CENI pour aller aux élections le 8 juillet 2012 est une violation de l’article 63 du Code électoral. En effet, selon cet article, la circonscription électorale pour l’élection des députés au scrutin de listes à la représentation proportionnelle et pour l’élection présidentielle est le territoire national.
Prenant en compte ce qui précède, il apparaît clairement le dessein du pouvoir du Président Alpha Conde. Il s’agit d’obtenir, par une fraude massive, une majorité écrasante à la future assemblée nationale pour parachever sa mainmise totale sur l’Etat et les institutions républicaines, remettant ainsi en cause le principe démocratique de la séparation et de l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
L’ADP et le Collectif condamnent cette volonté du pouvoir d’instaurer de nouveau un régime autocratique qui mettra fin aux avancées du pays vers la construction de la démocratie et de l’état de droit. Ils condamnent également la poursuite des activités au niveau de la CENI en dépit de leur insistance sur la nécessité de mettre en place une CENI paritaire et des démembrements conformément aux dispositions de la Loi L013 du 29 octobre 2007. Ils précisent dorénavant qu’ils n’entendent pas permettre l’organisation des élections législatives par la CENI actuelle.
L’ADP et le Collectif prennent l’opinion nationale et la communauté internationale à témoin pour affirmer qu’ils mettront tout en œuvre pour que les futures élections soient transparentes, crédibles et inclusives. Pour ce faire, ils décident d’user de tous les droits qui leur sont reconnus par la constitution et les lois de la République pour s’opposer, y compris par des manifestations publiques, aux violations des règles de l’état de droit et des principes démocratiques.
L’ADP et le Collectif appellent le Peuple de Guinée à résister vigoureusement à l’instauration en Guinée d’un régime autocratique dont la première conséquence sera la restriction des libertés individuelles et collectives et la pérennisation d’une gouvernance politique, économique et sociale à la base de l’aggravation de la pauvreté et l’accentuation des inégalités sociales.
L’ADP et le Collectif demandent au Peuple de Guinée de rester mobilisé pour le combat en faveur d’une libre, démocratique et prospère.
Conakry, le 07 mars 2012
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