Lettre de démission de la NGR de Faya
A Monsieur Ibrahima Abe Sylla
Président de la NGR,
Monsieur le Président,
J’ai appartenu à la NGR (Nouvelle Génération pour la République) depuis ses
premières heures. Cette appartenance était basée sur les principes et les valeurs. Je
continue à croire aux mêmes principes et aux mêmes valeurs.
Je crois en la Guinée, en ses filles et en ses fils. Je crois en son caractère unitaire
et indivisible. J’apprécie à sa juste valeur sa diversité que je considère comme une
richesse plutôt que comme un obstacle à son épanouissement comme le laissent
apparaître certains guinéens.
Je crois en la liberté, en la vérité, en la justice et en l’égalité entre les guinéens. Je crois
en la démocratie et en l’Etat de droit. Je crois en la possibilité du bien être de toutes les
guinéennes et de tous les guinéens. Je suis respectueux de la Loi que je ne considère
pas comme un encombrement.
Je suis socio-libéral et je crois en l’initiative privé, en la propriété privé, en l’économie du
marché et en la solidarité entre les hommes.
Fondé sur ces grandes valeurs, je me bats pour leur affirmation en République de
Guinée depuis que je me suis engagé en politique. Je considère que ces valeurs sont
un passage obligé pour tout progrès véritable.
Depuis son accession à l’indépendance, notre pays a fait beaucoup de sacrifices pour
la démocratie et l’Etat de droit. Beaucoup de guinéens ont perdu la vie. Beaucoup de
guinéens ont vu leur dignité bafouillée pour permettre à d’autres guinéens d’être libres
et respectés sur le sol de leurs ancêtres.
Depuis les élections présidentielles de 2010, l’ethnocentrisme et le régionalisme,
quoiqu’antérieurs à ces élections, gagnent du terrain à une vitesse inquiétante parce
qu’encouragés par le discours et le comportement du Président Alpha Condé et des
membres de son gouvernement. Le pari de préserver la dignité humaine et d’assurer le
bien être de chacun et de tous s’éloigne des guinéens tous les jours à mesure que cette
politique de division pour régner continue.
Des guinéens continuent d’être victimes de violences de toutes sortes, de privations de
liberté et de discriminations. Cette situation maintient chacun de nous dans la misère.
Et cette misère va crescendo à mesure que les jours passent. Les guinéens que nous
sommes ne méritent pas cela.
Cette situation qui caractérise notre pays aujourd’hui explique le scepticisme
grandissant des populations, surtout les jeunes, les femmes et la couche paysanne,
vis-à-vis des politiques. Elle interpelle chacun de nous. Elle nous invite à opérer un
changement positif au niveau individuel et au niveau collectif. Ces changements
individuels et collectifs ont besoin d’être guidés par un leadership éclairé. Mais hélas !
J’ai dénoncé cette situation avec force et conviction depuis l’investiture du Président
Alpha Condé. J’ai dénoncé sa gestion ethnocentriste, régionaliste et trotskiste de
la Guinée. J’ai dénoncé les élans dictatoriaux du Président Alpha Condé et de son
gouvernement. Je l’ai fait au côté de mes frères et sœurs du Collectif des partis
politiques pour la finalisation de la transition et de l’Alliance pour la démocratie et le
progrès (ADP) pour promouvoir les valeurs de démocratie, de paix, d’unité et d’Etat de
droit.
Le Collectif et l’ADP se battent, entre autres, pour l’organisation d’élections législatives
libres, transparentes et crédibles dans un climat apaisé. J’ai participé pleinement à ce
combat au nom de la NGR. En le faisant, en consultation avec le leader et l’exécutif du
parti, j’ai traduit le plus profond de ma conviction. Je croyais le faire en accord parfait
avec mon parti et ses responsables. Aujourd’hui, je me suis rendu compte que ce n’est
pas le cas.
Deux faits au moins justifient ce constat :
1) l’offre, sans demande préalable de la part de l’intéressé et surtout sans
discussion préalable au sein du parti, de participer au gouvernement du
Président Alpha Condé sur la base de simples hypothèses et sans égard aux
valeurs et principes auxquels s’identifie la NGR, et
2) la participation de la NGR, à l’insu des autres partis du Collectif et de l’ADP,
et sans concertation préalable au sein du parti, aux discussions, avec la
CENI contestée, sur la fixation des cautions devant être payées par les futurs
candidats aux prochaines élections législatives dont le processus est engagé au
mépris de toutes dispositions légales et en l’absence de tout consensus.
Ces deux faits sont d’abord une négation claire de toutes les positions prises par le
Collectif et l’ADP sur la gouvernance du Président Alpha Condé et sur les conditions
d’organisation des prochaines élections législatives, cela malgré la participation pleine
et entière de la NGR, à travers ma personne, à leur conception et à leur élaboration. Ils
sont aussi, de par leur implication, un recul de la NGR par rapport aux valeurs et aux
principes, énumérés plus haut, qui ont guidé jusque la l’action du parti.
En plus de ces deux faits, je me dois de dénoncer l’attitude devenue habituelle de
considérer qu’il suffit que le leader décide, même sans consultation avec les autres
responsables et avec la base du parti, pour que tout le monde suive. Une telle attitude
ne correspond pas à ma conception de la démocratie pour laquelle je me bats et au
nom de laquelle tant de vies ont été perdues dans notre pays.
Par ailleurs, je me dois aussi de préciser que durant tout le temps que j’ai représenté
la NGR au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, j’ai
soumis à l’appréciation du Président Abe Sylla toutes les positions que j’ai défendues
avant de les rendre publique.
Bref, par ses prises de positions actuelles, la NGR ne semble plus être le parti auquel
j’ai adhéré et pour lequel je me suis battu de toutes mes forces.
Je continue à croire que les guinéennes et guinéens ont aujourd’hui besoin
d’une grande victoire contre l’arbitraire, l’injustice, le mensonge, la discrimination,
l’ethnocentrisme, le régionalisme, l’ignorance et la misère. Ce sera une victoire pour
tous les guinéens. Je compte faire partie du combat qui mènera à cette grande victoire.
Pour me permettre de continuer à participer librement, efficacement et en toute
indépendante à ce combat, je rends démission de la NGR à compter de ce vendredi 27
avril 2012.
Très fraternellement,
Faya L. Millimouno
Vendredi 27 Avril 2012
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