Crise de leadership au sommet de la CNTG, Le président Alpha préfère l'équipe d'Amadou Diallo
Le 18 mai, soit trois jours après la décision d’annulation du 16e Congrès de la CNTG par la Cour d’appel de Conakry, le président Alpha Condé a reconnu Amadou Diallo comme l’unique Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée.
C’était à l’occasion d’une audience accordée par celui-ci à celui-là au Palais présidentiel Sékhoutouréyah. Un choix peu surprenant, même si Yamoussa Touré apparaissait aux yeux de certains comme l’homme du pouvoir. Les ennuis de Yamoussa Touré auraient commencé lors de la Fête internationale du travail, quand il a été chassé de la mairie de Matam par les forces de l’ordre pendant que son challenger Amadou Diallo était ovationné au Palais du peuple. A ses côtés, le Premier ministre et la ministre du Travail et de la Fonction publique.
À sa sortie du Palais présidentiel, le désormais unique Secrétaire général de la CNTG a déclaré : « J’ai été reçu par le président de la République. Un seul point était à l’ordre du jour : la reconnaissance de la CNTG que je dirige comme seul et unique syndicat par le président de la République. Ce qui veut dire qu’il n’est pas question qu’on parle de deux CNTG en Guinée. L’équipe que je dirige est la seule élue le 24 septembre 2011 et qui est reconnue. Par contre, le président de la République a autorisé mon adversaire, El Hadj Yamoussa Touré à créer son propre syndicat. Il a ajouté que les Cours et Tribunaux ne sont pas compétents en la matière et qu’ils doivent éviter toute ingérence dans les affaires syndicales. Il m’a instruit de rester tranquille à ce niveau et que c’est la seule et unique CNTG que je dirige, qu’il reconnaît officiellement à partir d’aujourd’hui ». À la bourse du travail, les collaborateurs d’Amadou Diallo sont aux anges. Mamadou Mansaré, Secrétaire général adjoint chargé des relations intérieures à la CNTG se réjouit : « C’est la légalité, la légitimité qui a été reconnue. L’équipe qui a été mise en place le 24 septembre 2011 est celle qui a été élue par les travailleurs de Guinée. Donc, la reconnaissance par le président de la République de cette volonté ne peut que nous réjouir et nous dire qu’une fois de plus seule la vérité peut triompher ».
L’équipe de Yamoussa Touré se dit quant à elle, surprise par le choix du président Alpha Condé et crie à la violation des conventions internationales relatives à la liberté syndicale. Magassouba Alhousseiny, Conseillé chargé du droit syndical de Yamoussa Touré, apparemment remonté a dit : « Le syndicat est indépendant des partis politiques, du Patronat, de l’Etat. C’est la Convention 87 relative à la liberté syndicale qui consacre cette indépendance vis-à-vis de ces structures. Partant de là, la présidence de la République n’a aucune reconnaissance à faire à qui que ce soit. Je suis désolé, s’il l’a fait, c’est une faute de sa part. Le syndicat n’a de leçon à recevoir de qui que ce soit, il se conforme à ses statuts et règlements intérieurs, aux conventions internationales que la Guinée a ratifiées, ainsi qu’à la Constitution. Je suis très surpris que le président de la République soit allé dans ce sens-là. C’est une violation flagrante de la Convention 87 qui demande à ce que l’Etat observe la stricte neutralité ». Selon lui, le président de la République n’est pas au-dessus de la Cour d’appel pour aller à l’encontre de la décision de la juridiction.
Après la reconnaissance, l’exigence
Après la reconnaissance d’Amadou Diallo comme Secrétaire général de la CNTG, le Mouvement syndical guinéen exige la satisfaction de ses revendications. Le 17 mai, celui-ci a écrit à la ministre du Travail et de la Fonction publique pour lui rafraîchir la mémoire sur les réclamations faites au Gouvernement lors de la célébration de la Journée internationale du travail du 1er mai dernier. Il s’agit entre autres, du relèvement de 200 % des salaires indiciaires des travailleurs, toutes catégories confondues, de la finalisation des négociations avec le gouvernement sur le SMIG, la protection sociale, la retraite, l’emploi et la sous-traitance, la promulgation du nouveau code du travail et autres. Le syndicat regrette le mutisme du gouvernement face à ces revendications, déplore « la déstabilisation du mouvement syndical en organisant des parodies de jugement qui qualifient d’illégale la récente grève des travailleurs de RUSAL Fria, annulent le 16e Congrès de la CNTG du 24 septembre 2011, nonobstant l’incompétence des tribunaux en la matière. (…). Le mouvement syndical ne se laissera pas divertir par qui que ce soit. C’est pourquoi il attend du gouvernement une suite favorable et dans un bref délai à ces différents problèmes précités en raison de leur caractère urgent ». Le syndicat projette d’organiser le 23 mai à la bourse du travail un meeting géant autour de leurs revendications.
Diao Barry
Source: Lejourguinee
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