Discours caustique du président Alpha Condé tenu au Palais du peuple le 2 juin dernier : Faya Millimouno réagit !
La dernière sortie du chef de l'Etat, le Pr Alpha Condé, au Palais du Peuple suscite des réactions. Après les Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), c'est autour de Dr Faya Millimouno, de sortir du mutisme. A l'en croire, les têtes que le Chef de l'Etat vient d’annoncer la coupe ressemblent étrangement à de simples boucs émissaires. Et pour cause ? "Les vrais coupables étant lui-même et les ministres de son gouvernement. Sinon qu’est-ce qu'un planton a à voir dans le détournement des fonds publics ? Un payeur, une secrétaire, ne sont-ils pas de simples exécutants" s'est-il interrogé dans une lettre ouverte intitulée "Que dire du discours d’Alpha Condé", publiée samedi matin. Lisez !
Le dimanche 3 juin 2012, à l'occasion d’une manifestation de soutien organisée par les spécialistes de la manipulation des jeunes, les Guinéens ont suivi, non sans déception, les déclarations de leur Chef de l’État, M. Alpha Condé. Parlant de coq-à-l'âne, parfois avec haine et mépris comme il en a l’habitude, le Chef de l’État Alpha Condé a abordé plusieurs sujets sur lesquels il convient de s’arrêter.
D’abord le refrain de tous les régimes confrontés à des difficultés liées à un manque de résultats : il faut continuer à accuser ses prédécesseurs, même s’il faut le faire durant tout son mandat. Au milieu de la deuxième année de son mandat, manquant cruellement de résultats et faisant face à un nombre croissant de mécontents, le Chef de l’État s’adonne laborieusement à un exercice impossible : faire oublier ses échecs, son manque de leadership éclairé en tentant de faire croire que les seuls responsables sont ses prédécesseurs. Dans cet exercice, le M. Alpha Condé apparaît pitoyable. Il croit qu’il peut convaincre les Guinéens sur la responsabilité de ses prédécesseurs en ayant dans son propre gouvernement ceux et celles qui incarnent le mieux des échecs des années Lansana Conté; ceux et celles par qui est passée la faillite à la fois morale et économique de notre pays.
D’ailleurs, ne dit-on pas que « dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es » ? En effet, l’une des principales caractéristiques des gouvernements Lansana Conté n’est-elle pas la corruption et les détournements des fonds publics ? Que vit-on sous le régime de l’opposant historique, Alpha Condé ? La même corruption et les mêmes détournements des fonds publics.
En matière de corruption, le chef de l’État donne l’exemple
En matière de corruption et de détournements de fonds publics, le Chef de l’État, M. Alpha Condé, donne l’exemple à ses collaborateurs. En effet, malgré la mise en place du dispositif « d’unicité des caisses » dont se vantent ses supporters, les Guinéens se posent encore la question de savoir la destination des sept cents millions de dollars obtenus auprès de Rio Tinto, des vingt millions de dollars obtenus auprès de la société de téléphonie Areeba et des cent cinquante millions de dollars obtenus auprès du gouvernement angolais.
De même, on assiste quotidiennement à la signature des accords secrets sur fond de corruption et de détournement. En témoigne l’accord secret conclu récemment avec la Société Floras Bell Ltd, qui pourrait transférer des milliards de dollars d'actifs miniers appartenant à l’État et à des sociétés privées à des intermédiaires sud-africains tapis dans l’ombre. C’est le célèbre quotidien londonien, Sunday Times, qui en a fait l’écho dans sa livraison du dimanche 3 juin 2012.
Cet exemple est bien suivi par les membres de son gouvernement pléthorique qui sont quotidiennement éclaboussés par les scandales qui ne sont connus que grâce à la vigilance de certains citoyens et aux efforts de la presse privée. Les exemples sont nombreux. Les plus connus sont la surfacturation des engrais, le détournement de plus de deux cents milliards de francs guinéens par les cadres du Ministère des transports et des travaux publics, la « tentative » de détournement de treize milliards de francs guinéens, etc.
Le chef de l’État ainsi affaibli par le fait qu’il donne lui-même le mauvais exemple, se limite aux effets d’annonce face aux scandales devenus monnaie courante. Une fois, à Boffa, on se rappelle qu’il avait annoncé des changements à la suite de scandales; changements qui ne se sont jamais concrétisés.
Cette fois ne fait pas l’exception. En effet, les têtes qu’il vient d’annoncer la coupe ressemblent étrangement à de simples boucs émissaires. Les vrais coupables étant lui-même et les ministres de son gouvernement. Sinon qu’est-ce qu'un planton a à voir dans le détournement des fonds publics ? Un payeur, une secrétaire, etc. ne sont-ils pas de simples exécutants ?
La République bananière que nous construisent M. Alpha Condé et ses supporters, la hiérarchie des valeurs des textes n’a plus de signification.
Sinon depuis quand un planton peut être nommé ou révoqué par décret ? Depuis quand le chef d’une entreprise privée est nommé ou révoqué par décret ? Eh bien dans la République bananière que nous construisent M. Alpha Condé et ses supporters, tout cela est possible. Le récent décret révoquant les plantons, secrétaires et chefs d’entreprise privée est éloquent. Ainsi, les plantons, les secrétaires et les chefs d’entreprises privées sont révoqués par décret ; voulant dire implicitement qu’ils sont aussi nommés par décret. Le ridicule ne tue pas, n’est ce pas ?
Diviser pour régner est naturellement le sport de prédilection de M. Alpha Condé. Dans la République qu’il nous construit, les uns sont des trafiquants, des tortues, des saboteurs, des punaises, etc. et d’autres sont simplement de « bons citoyens ».
Tout le monde sera pauvre à la fin de ce mandat
En bon communiste, il pense que les uns sont pauvres parce que d’autres sont riches. C’est pourquoi M. Alpha Condé et ses supporters veulent appauvrir les riches en espérant enrichir les pauvres. Ils n’auront qu’un seul résultat : tout le monde sera pauvre à la fin du mandat de M. Alpha Condé comme cela l’a été dans tous les régimes communistes à travers le monde.
Sur les élections législatives, M. Alpha Condé est confiant. « Les élections législatives, ce n’est pas ma préoccupation », dit-il. Sur cet élément, j’ai bien peur d’être d’accord avec lui. Sachant que certains leaders du Collectif et de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) commencent à montrer les signes de fatigue, montrant même la volonté d’accepter ce qu’ils ont passé des mois à rejeter, il y a de quoi être d’accord avec lui.
Pour illustrer mes propos, il faut rappeler le séjour récent d’une délégation de M. Abdoul Diouf de l’OIF. Le piège était clair pourtant. Sinon comment une organisation comme l’OIF peut envoyer une délégation en Guinée pour discuter de la fiabilité du matériel du duo Way Mark-Sabari Technologie, des opérateurs illégalement choisis, sans se préoccuper des vrais problèmes qui opposent le pouvoir et l’opposition en Guinée ? Combien de déclarations du collectif et de l’ADP ont dénoncé la façon dont Way Mark et Sabari Technologie ont été choisis ? Combien de fois le Collectif et l’ADP ont promis qu’ils n’accepteraient pas les deux opérateurs ?
Faut-il aussi rappeler que Way Mark n’est pas à sa première visite en Guinée. En effet, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2010, M. Lounceny Camara avait fait venir cet opérateur pour « aider ». Nous savons le résultat.
Quant à Sabari Technologie, ses fondateurs étaient les représentants du candidat du RPG au premier tour et de l’Alliance Arc-en-ciel au second tour à toutes les réunions techniques de la CENI. Nous pouvons deviner le reste.
Les futures législatives, un probable jeu d’ordinateur
Choisis donc d’une façon illégale et non transparente, si les deux opérateurs sont acceptés par le Collectif et l’ADP, cela signifierait que les élections législatives prochaines deviendraient un jeu d’ordinateur. Way Mark, Sabari Technologie et la CENI de M. Lounceny Camara garantiront, par un jeu d’ordinateur, la victoire du parti de M. Alpha Conde. Il n’a donc pas besoin d’en faire une préoccupation. A moins que ceux et celles qui luttent pour des élections législatives libres, transparentes et crédibles ne baissent pas les bras. Les élections législatives libres, transparentes et crédibles requièrent aujourd’hui la recomposition de la CENI (aussi bien au niveau national qu’au niveau local), la sélection par appel d’offres des opérateurs de révision, l’audit et la cogestion du fichier électoral, etc.
Sur les aides que le Chef de l’État promet aux jeunes et aux femmes, je dirai simplement que l’heure n’est plus aux promesses, mais à la tenue de celles déjà faites. S’il y a un domaine dans lequel M. Alpha Condé excelle, c’est bien dans les promesses. Il faut maintenant commencer par tenir celles déjà faites.
Le nationalisme déplacé a été l’arme de tous les dictateurs africains qui ont précédé M. Alpha Condé. Le jour, pour flatter l’ego des pauvres masses, il suffit d’insulter la communauté internationale qu’on s’empresse de prier, la nuit tombée, pour avoir des aides et des dettes. Cela est dépassé. Les Africains en général et les Guinéens en particulier sont conscients des interdépendances qui caractérisent le monde d’aujourd’hui. Nous sommes à l’ère de la mondialisation. Dans les conditions normales, la Guinée a besoin de la communauté internationale et vice-versa.
Sur les faiblesses du système judiciaire dont il est l’une des principales causes, l’un des principaux contributeurs, nous ne saurions être moins d’accord avec le Chef de l’État. Notre système judiciaire est une honte, en effet. Mais quand M. Alpha Condé dénonce des faiblesses dont il est la principale cause, le principal contributeur, il fait ce qu’il sait faire le mieux : dire une chose et faire une autre chose. Le procureur de la République près du Tribunal de Première Instance de Dixinn ne s’est-il pas défendu de n’avoir pas respecté les dispositions du Code de procédures pénales durant le procès des militants de l’opposant en évoquant le toit du tribunal qui coule ? Le candidat Alpha Condé n’avait-il pas promis de consacrer un minimum de 5 du budget national à l’appareil judiciaire ? Les deux budgets qu’il a fait adopter par le CNT ne consacrent-ils pas moins de 2 à l’appareil judiciaire ? Sans compter les influences de l’exécutif sur les magistrats.
Le nouveau Camp Boiro du régime Alpha Condé
Le Chef de l’État ne tarît pas d’éloges à l’égard des forces de défense et de sécurité, même s’il préfère sa milice privée (les donzos). « L’armée a changé. Aujourd’hui, les forces de sécurité font notre fierté» dit-il souvent. Oui, l’armée et les forces de sécurités ont « changé », mais pas toutes. À moins que certaines aient reçu une autre mission non officielle comme les gendarmes de l’escadron n°. 2 d’Hamdalaye. À en croire les militants de l’opposition kidnappés et privés de liberté depuis la marche pacifique du 10 mai 2012, l’escadron n°. 2 de la gendarmerie d’Hamdalaye est devenu le lieu par excellence de torture. C’est le nouveau Camp Boiro du régime Alpha Condé quoi.
C’est la même l’armée qui a « changé » qui vient d’enlever la vie à un chauffeur de Taxi à Mamou. Paix à son âme ! De toutes les façons, M. Alpha Condé a d’autres critères pour féliciter l’armée et les forces de sécurité. N’a-t-il pas félicité les forces de défense et de sécurité après l’assassinat par balle du civil Zakaria Diallo le 3 avril 2011? N’a-t-il pas fait de même après l’assassinat des manifestants pacifiques les 27 et 28 septembre 2011 ?
En conclusion, le discours du Président Alpha Condé à l'occasion de la Mamaya des prédateurs recyclés est égal à lui-même. Il n’a rien d’honorable. Le choix des mots a été pauvre. Les promesses sont devenues de trop. Un manque total de messages rassembleurs.
Le peuple doit rester vigilant et mobilisé pour barrer la route à une nouvelle dictature qui s’annonce plus violente et plus dévastatrice.
Abdoulaye Bah
Conakry, Guinée
224.62.14.15.09
Source: Guinéenews
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