L’Ambassade de Guinée à Bruxelles, complice dans le rapatriement des Guinéens

Dans le cadre de l’accord signé entre le gouvernement guinéen et les pays de l’Union
européenne, l’ambassade de Guinée à Bruxelles aide les autorités belges et du Benelux au
rapatriement des Guinéens. En effet, nous savons tous que la Guinée a envoyé des émissaires
(des commissaires de la police guinéenne) en Europe pour identifier les demandeurs d’asile en
provenance de la Guinée. Ces émissaires dont nous avons rencontré l’un d’eux, ont fait la
tournée dans plusieurs pays dont les Pays-Bas, la Belgique, la France et la Suisse. Durant trois
mois, ils ont identifié des centaines de Guinéens détenus dans des centres fermés, ou bien
convoqués spécialement par les autorités chargées de l’immigration. Pour chaque personne
identifiée, les émissaires délivraient un laissez-passer. En contrepartie, le gouvernement
d’Alpha Condé perçoit 3.000 euros par individu. Les émissaires quant à eux reçoivent 100
euros par jour et 100 euros par personne identifiée. Sur la route de Conakry, un des émissaires
nous affirmait avoir en poche 6 000 euros. Certains vont dire qu’aucun gouvernent européen
ne peut se permettre de payer une telle somme avec la crise actuelle et les efforts d’austérité
mis en place. Ils se trompent car garder une personne dans un centre fermé coute 50 francs
suisse par jour (environ 42 euros). Je vous laisse calculer le reste.

Le cas de la Belgique

Depuis le départ de l’ex ambassadeur Mr Sacko qui avait refusé de jouer avec la vie des
Guinéens et qui était apprécié, et par la communauté guinéenne et par les autorités
européennes et du Benelux, le chargé des affaires et le consulat profitent du vide pour se faire
de l’argent. Contrairement à Mr Sacko qui refusait de donner des laissez-passer, eux
collaborent efficacement avec l’Office des étrangers. Toute demande est recevable. Le
président de l’Office des étrangers ne s’est pas privé de le mentionner lors de sa rencontre avec
la communauté guinéenne au mois de Juin dernier « toute personne arrêtée sera rapatriée ».
C’est dire combien de fois il est sûr de la collaboration à la déportation de ces personnes,
pourtant chargées de défendre leurs compatriotes. Pire encore, même si les autorités ne
présentent aucun document prouvant la nationalité de la personne, les agents de l’ambassade
ont trouvé une formule qui est une violation flagrante du droit. En effet, à partir de sa photo et
de son nom, les agents consultent la liste électorale des dernières élections de 2010. Si par
malheur, son nom y figure, ils lui procurent un laissez-passer. C’est ce qui est arrivé à Mr
Abdoulaye Diallo connu sous le nom de Mawbhewbhen. Il a été arrêté à Bruxelles (Belgique) et
enfermé dans le centre de Bruges. C’est là qu’il a été détenu avec d’autres compatriotes jusqu’à
l’obtention du fameux laissez-passer le vendredi 8 Juin 2012. Et ce sont les policiers qui sont
venus l’informer que l’ambassade guinéenne avait retrouvé son nom sur la liste électorale, et
qu’elle avait fait le laissez-passer. Par conséquent, il devait être rapatrié le Mardi 12 Juin par le
vol numéro 217 de Bruxelles Airlines.

Le samedi 9 Juin, nous avons été alertés par un compatriote et nous avons directement pris
contact avec Mr Diallo qui a confirmé les faits. Nous avons voulu organisé une visite dans le
centre fermé de Bruges le lundi 11 Juin en vain. Suite à notre démarche, les policiers ont son téléphone mobile. Nous avons alors entrepris des actions avec des organisations
humanitaires belges pour empêcher son rapatriement, car Mr Diallo n’est pas un criminel. Son
seul tort est d’avoir fui la dictature guinéenne et son retour au pays mettrait sa vie en danger.

Le mardi 12 Juin à midi et demi, nous nous sommes rendus à l’aéroport de Bruxelles
(Zaventem) avec les organisations belges.

Nous avons sensibilisé les passagers du vol, afin de refuser de voyager avec une personne
déportée. À 14 heures, alors que le guichet d’enregistrement était fermé et que tout le monde
était rentré, j’ai aperçu un Guinéen qui s’était trompé de terminal. En allant vers lui, j’ai trouvé
Mr Diallo qui était entouré de deux policiers, en attente d’une policière de l’aéroport, chargée
de le conduire à l’avion. C’est là qu’il m’a raconté que son téléphone avait été saisi et qu’il faisait
l’objet d’une surveillance particulière depuis notre démarche. C’était une surprise de voir Mr
Diallo, car les personnes rapatriées ne font jamais la queue avec le public. C’est pourquoi ils ont
pris soin de le faire rentrer par un autre terminal.

Je déplore que les Guinéens ne se soient pas mobilisés à l’aéroport, et les passagers du vol,
malgré leur promesse, n’ont pas tenu parole. Aux dernières nouvelles, Mr Diallo (54 ans) a été
rapatrié, puis arrêté par les autorités aéroportées de Conakry, puis dépouillé du peu de sous
qu’il avait, avant d’être enfermé pendant une semaine à la maison centrale.

Nous dénonçons avec vigueur le comportement et l’acte ignoble et peu orthodoxe des agents
de l’ambassade de Guinée à Bruxelles. Utiliser les listes électorales à des fins commerciales est
interdit. Même le gouvernement n’a pas le droit d’utiliser cette liste pour le recouvrement de
l’impôt et taxes. Certaines langues dont des Guinéens détenus dans des centres fermés,
affirment que le gouvernement guinéen accepte même d’accueillir les ressortissants de
l’Afrique de l’Ouest, pour l’argent que cela procure. C’est pour vous dire que le cas de Mr Diallo
est loin d’être un acte isolé. Beaucoup de nos compatriotes au Benelux se plaignent de
l’accélération de la déportation de leurs parents par les services de l’ambassade de Guinée.

Nous pensons que le nouvel ambassadeur Ousmane Sylla va stopper ces pratiques, qu’il saura
défendre les intérêts de son pays, ce qui commence par la défense de la communauté
guinéenne. Remplacer Mr Sacko n’était pas évident, car il avait usé de toute sa diplomatie pour
réunir les gens, malgré les tensions pré et postélectorales, liées aux massacres du 28
Septembre.

Ousmane BAH

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