Où sont passés les millions de $ ?

La population souffre, le gouvernement dit qu'il n'a pas d'argent, et qu'il faut attendre l'IPPTE pour voir la vie en rose, voire les législatives pour le déblocage des financements européens. Mais en peu de temps, les gens découvrent que des millions sont brassés à la tête de l'État sans que l'on ne sache parfois d'où ils viennent, à quoi ils servent, et où ils sont partis.

C'est l'objet de ce papier que d'essayer d'y voir un peu plus clair (si tant est que cela soit possible) sur certaines affaires qui ont défrayé la chronique, et qu'on ne doit non seulement pas oublier, mais creuser encore davantage les tenants et aboutissants.


L'affaire Palladino vue par le gouvernement

Le gouvernement a bien tenté de se démener pour justifier cette affaire, mais il n'a pas de contradicteur, et ne convainc donc que ses fans, voire ceux qui n'y comprennent rien. Pourtant à la lecture des différentes déclarations des uns et des autres, on constate que le gouvernement s'est davantage enfoncé.

Lors du point de presse du jeudi 21 juin dernier au ministère des Mines, Mohamed Lamine Fofana, le ministre en question, avait fait savoir que l’article du Sunday Times du 3 juin dernier, contenait un certain nombre d’inexactitudes, qu'il évoquait ainsi :

« cet accord [qu’il a qualifié de commercial], n’était pas secret en ce sens qu’il est passé par toutes les procédures légales ». Comprenne qui pourra ??? à la définition de « secret », notamment avec l'article 149 de la Constitution qui précise que : « ... les traités ou accords...., ceux qui engagent les finances de l'État, ... ne peuvent être ratifiés ou approuvés que par une loi ».

De même, il ajoutait que : « le nouveau code minier comprend des dispositions pour la publication des contrats miniers existants et nouveaux. Cela dénote nos efforts visant à promouvoir la transparence dans la gestion des contrats miniers ».

Ce n'étaient évidemment que de simples déclarations – comme on commence à en avoir l'habitude – qui n'ont pas été mises en œuvre, puisque cet accord a été découvert par hasard, et non annoncé par le gouvernement.

Le ministre des Mines indiquait encore que : « cet accord n’affecte pas la République de Guinée dans ses obligations vis-à-vis des institutions financières internationales tels que le FMI et la Banque Mondiale, car …., cet accord est signé du nom d’une entité para-étatique qui est la Soguipami ».

On rappelle que c'est l'État (par l'intermédiaire de ses représentants), et non la Soguipami (qui n'existait pas à l'époque et sera créée en juillet 2011) qui a signé le prêt, et s'est engagé. Le fait d'indiquer que cet argent servirait à la Soguipami ne signifie nullement que dans les faits, il en serait ainsi. Pourquoi d'ailleurs, le président de ladite société (en l'occurrence Ahmed Kanté) ne s'exprime jamais sur cette affaire, qui ne concernerait pourtant que l'entreprise qu'il préside ?

« ce prêt n’est pas automatiquement convertible en une participation de 30% dans la Soguipami en cas de défaut d’honorer la convention.... la garantie est à déterminer sous la forme d’une part appropriée dans une filiale de la Soguipami, à une valeur liée au montant du prêt et des intérêts cumulés ».

C'est exact, on se demande même pourquoi avoir signé ce genre de garantie, et cela n'empêche nullement la possibilité pour les Sud-Africains de monter au capital à hauteur de 30% de la Soguipami.

« D'un point de vue commercial, il est de bon sens de rembourser un prêt dont les conditions financières ne nous conviennent plus désormais ».

Le problème est que le prêt date d'avril 2011, et qu'il ait fallu attendre les révélations du Sunday Times en juin 2012, pour se rendre compte que les conditions n'étaient plus intéressantes.

Enfin, le ministre montre qu'il ne connait pas grand chose dans les procédures financières et inverse complètement la donne lorsqu'il déclarait que : « du fait que cela a été signé par deux ministres de ce pays, ça veut dire que tout le processus a suivi la voie normale et régulière ».

Autrement dit, lorsqu'on devient ministre, on devient mécaniquement honnête. Si on devait appliquer ce principe à tous ceux qui l'ont précédé, la Guinée s'en porterait sans doute mieux !!!


Les 700 millions de $ de Rio Tinto et l'IPPTE

D’après Moussa Keïta, directeur de cabinet du ministère des Finances et proche collaborateur de Kerfalla Yansané, « l’accord de prêt signé avec Palladino en avril 2011 n’engage que la Soguipami, qui est une structure paraétatique ». Cet accord d’après lui, « n’engage pas l’État et d’ailleurs le gouvernement a ordonné de retourner le montant ».

On se demande alors pourquoi le gouvernement, qui n'a rien à voir selon lui, pourrait demander à quelqu'un de rembourser. Ou le gouvernement est concerné et donne des instructions, ou il n'a rien à voir, et il n'a rien à dire, y compris demander à la Soguipami de rembourser.

Moussa Keïta semble dire qu'on s'est entendu avec le FMI pour ne pas toucher aux 700 millions de $ de Rio Tinto (même si des entorses ont eu lieu, justifiant le rappel à l'ordre du FMI à propos de l'achat de groupes électrogènes par exemple), ce qui a permis de toiletter les comptes, mais en revanche personne ne s'est engagé sur des sommes... que personne ne connaissait, et pour cause. On ne peut être plus clair !!!

Toutefois, le respect des procédures avec le FMI est très strict – il y a peu d'interprétations possibles –, et il est fort peu probable que les institutions de Bretton Woods fassent comme s'il ne s'était rien passé, d'autant que d'un point de vue financier – et c'est cela qui les intéresse – la Guinée est engagée, et elles se doivent d'en évaluer la soutenabilité, autrement dit la capacité de remboursement. Sur un plan strictement financier – et dans la mesure où il n'y a pas d'autres « cadavres » dans le placard –, les 700 millions de $ permettent de rembourser les prêts secrets, et le gouvernement semble avoir agi comme s'il voulait profiter d'avances sur cette somme en garantie, mais en réalité il s'est engagé beaucoup plus. Sur le plan politique, le FMI a été roulé dans la farine, et nul doute qu'il saura s'en souvenir.

Cela n'entamera pas la possibilité d'atteinte du point d'achèvement, en revanche, cela en reportera inévitablement la date. Les institutions financières profiteront des enquêtes obligatoires liées à cette affaire, pour reporter sine die la date, rappelant au passage que ce sont elles qui restent maître d'œuvre du calendrier. L'évaluation prochaine de la Guinée en septembre 2012 (la mission vient de s'achever) devrait le montrer. Comme les réunions d’évaluation ne se tiennent qu'en intervalle de 6 mois, il faudra attendre le suivant en mars 2013 pour y voir plus clair. Concrètement la mission a déclaré que les critères macro-économiques avaient été respectés, mais qu'elle voulait voir la Soguipami restructurée, c'est-à-dire la mettre sous la tutelle du ministère des Mines et non de la Présidence comme c’est le cas aujourd’hui. Par ailleurs elle ne devrait plus avoir le pouvoir d’emprunter, ce qui signifie que tous ses engagements le seront de l'État. On ne peut pas avoir un État, dont on loue le respect des critères macro-économiques, et une coquille vide (la Soguipami) engagée à hauteur de millions de $, dont l'État – en tant qu'actionnaire – serait garant.

Si le rapport de la mission devait établir le report de la date d'atteinte du point d’achèvement, le gouvernement mettrait en avant l'attitude de l'opposition qui retarderait l’organisation effective des élections législatives, plutôt que de mettre en exergue la mauvaise gouvernance et le non respect des droits de l’homme, qui sont également des critères essentiels de l’atteinte du point d’achèvement de l'IPPTE.

Pour la Guinée, l'annulation d'environ 2,4 milliards de $ de dette guinéenne, sera un bon point pour la Guinée (tout le monde doit s'en féliciter), mais il y a deux erreurs à ne pas commettre. D'abord dire que les 2,4 milliards ainsi épargnés seront réinjectés (???) dans des secteurs prioritaires. Que ce soit clair, puisqu'on ne les possède pas, on ne les réinjectera nulle part. Et c'est d'ailleurs la seconde erreur, concrètement cela ne changera strictement rien pour le quotidien du commun des mortels. Sur le papier les 150 millions de $ affectés au remboursement de la dette, devraient être réorientés vers les secteurs de l'éducation et de la santé, et les institutions financières y veilleront via la possibilité d'octroi de nouveaux prêts. Dans les faits, nous ne remboursons rien actuellement (le Club de Paris, les USA... par exemple ont même annulé ou reporté certains remboursements), de sorte qu'on ne peut affecter des sommes qui n'existent pas.


Les errements du ministre des Finances : un mois d'avril 2011 prolifique

Kerfalla Yansané quant à lui, précise à propos de sa signature : « le ministre des Finances approuve les contrats passés par l'État, mais il ne les initie pas. L’initiative ne vient pas de lui ». Autrement dit, vous mettez un planton à sa place et il signera tous les documents qu'il voit passer sous son nez, au motif qu'il n'est pas responsable. On comprend mieux pourquoi ce ministre, qui a quand même fait une quinzaine d'années dans l'administration, est passé du ministre le plus nul (dixit Alpha Condé qui qualifiera la période transitoire de plus scandaleuse), au ministre le plus compétent d'Afrique (il est vrai que ce classement émane d'une revue, qui ne vit pas des abonnements de ses lecteurs, mais de publireportages de ses clients, ceci expliquant sans doute cela).

Mais ce ministre s'enfonce en affirmant que : « de toutes les façons, les 25 millions sont venus avant les 700 millions [de Rio Tinto]. Donc, l’État avait besoin de mettre en place la Soguipami pour qu’elle puisse le représenter dans les différentes discussions. Les 700 millions étant là, on a aucun problème de dire à la Soguipami de rembourser les 25 millions. Nous, on peut lui donner cet argent-là pour qu’il puisse fonctionner. Il n’y a pas de problème ».

Pourtant chronologiquement, l'État a été particulièrement actif pour récupérer (certains diront pour racketter) des sommes d'argent. Ainsi on se souvient qu'en avril 2011, l'État a emprunté 25 millions avec la société Palladino, et 50 millions avec la République du Congo. Il a récupéré 15 millions d'€ (quasiment 19 millions de $ sollicités en avril) de la compagnie sud-africaine Areeba, puis les 700 millions de $ de Rio Tinto (accord également en avril 2011), et enfin les 150 millions d'août 2011 de l'Angola. Pourquoi n'avoir pas remboursé les 25 millions, lorsque la pluie de millions de $ est tombée ?

On peut donc se poser la question de savoir, ce que toutes ces sommes non budgétées (soit quasiment 950 millions de $) sont devenues, puisque personne – à part les dirigeants qui se contredisent quotidiennement – ne semble être informé aujourd'hui. En admettant que ces sommes soient placées, même à 2% l'an, ce qui semble un minimum, les intérêts atteignent quasiment 20 millions de $, dont on ne sait (que fait le CNT ?) à qui ils profitent.

Par ailleurs, je ne ferai pas le compte-rendu des déclarations de ce ministre devant le CNT, tant celles-ci sont pitoyables. Lorsqu'on constate par qui notre pays est gouverné, il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il faille des techniciens étrangers pour conduire notre politique minière, voire la politique économique (via le FMI).

Signalons simplement que la Guinée reconnaît avoir remboursé 950 000$ d'intérêts, soit près de 4% d'intérêts, ce qui n'est pas conforme aux obligations du pays, contrairement à ce que notre ministre affirmait. De même en matière de chronologie, le ministre doit revoir sa copie.

La coalition nationale de Guinée « Publiez ce que vous payez » a fait le 5 juillet dernier, une déclaration sur la transparence minière. Si le gouvernement suivait à la lettre ses recommandations, cela permettrait une relative confiance, quelque peu ébranlée – et c'est peu dire –, avec les citoyens.


Les sempiternelles gaffes d'Alpha Condé

Pour couper court aux nombreuses déclarations contradictoires, évasives et à vrai dire mensongères, le PRG est intervenu pour donner une nouvelle tournure à cette affaire.

« J'ai passé un accord avec l'homme d'affaires Walter Hennig, un Sud-Africain qui m'a été recommandé par les autorités de son pays. Il nous a accordé un prêt de 25 millions de $ sur 15 ans. Selon les termes de notre accord, si nous ne remboursons pas, [sa] société pourra avoir jusqu'à 30% des actions d'une filiale de la Soguipami. De toutes façons nous allons rembourser à temps et le problème ne se posera pas ».

Dans cette déclaration laconique, Alpha Condé n'indique pas que l'argent a été octroyé pour financer les activités de la Soguipami, le « je » ou le « nous » étant très clair sur ce point. Depuis quand un chef d’État contracte-t-il une dette personnelle en catimini avec un homme d’affaires, en violation totale des procédures légales en la matière ?

Ensuite il ne précise pas l'utilisation de ces fonds, et coupe court en annonçant que le prêt sera remboursé, en vue de mettre fin à cette affaire embarrassante. On nous a annoncé qu'il l'était. Qui peut le prouver ?

Concernant les 700 millions de $ de Rio Tinto, Alpha Condé déclare qu'une partie de ces fonds a été utilisée dans les travaux de réalisation du barrage hydro-électrique de Kaleta et le reste dans un fonds de fiducie (en Suisse) en dehors de toutes les procédures légales en la matière.

En tout cas, ni les Guinéens, ni les conseillers du CNT, n’ont été informés.


Comment rajouter de la confusion à la confusion ?

Pour en mettre une couche supplémentaire, le gouverneur de la BCRG avait indiqué que ces 25 millions étaient sur un compte d'attente (n'ayant pas « bougé », on se demande bien quelle était l'utilité de ce prêt ?) et qu'ils allaient être restitués à leur destinataire. Sic !!! A l'entendre, on a emprunté 25 millions de $ qu'on a placés sur un compte d'attente, et on l'a rendu avec intérêts (950 000 $). Ou comment perdre de l'argent sans rien faire. Il nous prend sans doute pour des gogos, raison de plus pour enquêter et ne pas laisser passer ce dossier en pertes et profits. Il est proprement scandaleux que des Guinéens tirent la langue pour manger, pendant que des incompétents bradent quasiment un million de $.... pour rien.

Le 20 juillet dernier, Idrissa Thiam, conseiller spécial du PRG, indiquait que la Guinée avait remboursé le prêt de Palladino de 25 millions de $, avec un intérêt de 0,925 million de $. Il a ajouté que la Guinée avait procédé en février dernier au décaissement – terme qui possède plusieurs sens, d'ailleurs contradictoires, qu'on peut lui faire dire ce que l'on veut – de 72 millions de $ sur les 150 millions angolais, sans qu'on en sache plus sur leur utilisation.

Cela confirme, comme s'il en était besoin, que la Soguipami n'est qu'un faire-valoir. Ce sont bien des individus qui sont détenteurs de ce prêt, même si c'est l'État (voire la Soguipami) qui apparaît officiellement. Sans déflorer ce qui n’est encore que suppositions, le CNT faisant beaucoup de bruit – parce qu'on l'y a incité –, mais n'est pas prêt à aller au fond des choses, on ne sait toujours pas à ce jour à quoi ont servi ces sommes (si on y ajoute le prêt angolais). On devine un peu plus néanmoins les motivations sud-africaines, qui ont la volonté de remplacer les multinationales non africaines (BHP Billiton, Rusal et Valé notamment), mais pas Rio Tinto, qui non seulement a déjà versé son obole (c'est la seule), mais qui en outre comprend des intérêts chinois dans son capital, qu'on ne peut spolier, eu égard aux projets en attente qu'ils pourraient financer.


En définitive, où sont passés ces millions ?

Si on fait l'inventaire de ce qui est connu, nul doute que nous ne sommes pas au bout de nos surprises, on peut faire le décompte suivant :

  • 25 millions de $ (Palladino) en avril 2011 (reconnus à son corps défendant par ce régime), aucune information sur son usage.
  • 50 millions avec la République du Congo (Brazzaville) en avril 2011 (dont personne ne parle pour le moment).
  • 15 millions d'€ (soit environ 19 millions de $ sollicités en avril 2011) d'Areeba, aucune information sur son usage, alors qu'ils n'ont pas été budgétés.
  • 700 millions de $ (Rio Tinto) dont l'accord date également d'avril 2011. Il paraît que 150 millions ont été affectés au barrage de Kaleta, mais selon l'opposition, si le barrage de Kaleta coûtait 350 millions de $ au départ, et qu'on dit qu'il coûte 500 millions de $ aujourd'hui, cela permet de sortir officiellement 150 millions de $ pour financer le barrage, alors qu'en réalité ce dernier pourrait toujours coûter 350 grâce aux Chinois, qui tirent les prix vers le bas. Les 150 millions de $ pourraient donc sortir – officiellement pour financer un investissement réel –, alors qu'en réalité ils serviraient à une caisse noire. Et comme ils ne sont pas budgétés, le CNT pourra difficilement en contrôler l'utilisation par sa commission des finances, mais devra mettre en place une commission d'enquête (si tant est que ces conseillers en saisissent même la notion). Évidemment ce ne sont que supputations, mais c'est pour dire que l'unicité de caisse a vécu, et qu'on peut lui faire dire ce que l'on veut désormais. Seule la transparence réelle (pas de simples déclarations) permettra de mettre fin à toute élucubration. Le gouvernement a également évoqué l'utilisation de quelques autres millions (combien ?) pour « gérer les affaires courantes » (lesquelles ?). Pour les gens du CNT dont la seule fonction est de contrôler le gouvernement, on ne peut pas dire qu'ils soient particulièrement zélés pour faire ce à quoi ils sont censés servir. Je suggère qu'on prenne leur nom pour ne pas les élire aux futures élections législatives, s'ils avaient l'outrecuidance de vouloir s'y présenter.
  • 150 millions de $ de l'Angola en août 2011 (reconnus également par le régime). Selon Louncény Nabe (gouverneur de la BCRG) : « l’emprunt angolais qui a été contracté par Soguipami, … a été décaissé à hauteur de 72 millions de $,... mis dans un compte d’attente jusqu’à ce que Soguipami soit opérationnalisée complètement, parce qu’il aurait été un tout petit peu imprudent de mettre tant d’argent à la disposition d’une institution en cours d’organisation [un an après sa création elle ne l'est toujours pas]. On peut vérifier que les 72 millions sont effectivement dans un compte de la banque centrale au niveau de ses correspondants étrangers ». J'aimerais effectivement que quelqu'un (le CNT, mais surtout l'opposition) le fasse.
  • 100 millions de $ en Février 2012, ainsi que 40 millions de $ de dotations en riz (pour le ramadan ?), ainsi que des dons en bus (les 100 que chacun a pu constater) et en carburant (ce qui a sans doute évité une nouvelle augmentation, pourtant suggérée par le FMI) en provenance du China International Fund (CIF), selon le Sunday Times.


Conclusion : il faut être pugnace

C'est le site Radiokankan.com lui-même (qu'on ne peut accuser d'hostilité à ce régime), qui déclarait dans un article intitulé « Les connexions mafieuses de Tokyo Sexwell et ses dégâts en Guinée » du 21 juillet dernier, que des virements bancaires ont été faits via le compte de Walter Hennig à la Banque Royale du Canada, au profit de Mohamed Condé (fils du PRG) sur son compte de la Swiss Private Bank à Monaco.

Il est nécessaire de remettre à plat toutes ces sociétés nébuleuses et obscures – au moins dans le secteur minier (Palladino, African Iron Ore Group...) – et qui suscitent des enquêtes au Royaume-Uni et aux États-Unis, ainsi que de la part de la Banque mondiale. Qu'on les apprécie ou pas, les multinationales Rio Tinto, BHP Billiton, Vale, Arcelor Mittal. sont les véritables acteurs de ce marché.

Un intermédiaire, quel qu'il soit, joue les entremetteurs et se fait payer pour ses interventions de tous ordres. Or Alpha Condé discutait directement avec les multinationales. Si ces sociétés, les seules qui peuvent agir s'en vont (BHP Billiton), gèlent leurs activités (Rusal) ou sont empêchées (Vale), les projets risquent de devenir des serpents de mer. À titre d'illustration, on rappelle que Rio Tinto est présent en Guinée depuis plus de 15 ans. Pour quels résultats ?

Il s'agira en effet, entre autres choses, de connaître les raisons du secret de ces accords, les personnes cachées derrière ceux-ci, la destination des montants des prêts, l'origine des fonds qui serviront au remboursement des sommes, etc...

L'opposition n'est pas assez offensive et pugnace en la matière. Alpha Condé nous avait promis le changement, à l'opposition de le mettre au pied du mur et de l'illustrer dans les faits. Chacun doit se sentir impliqué, le CNT doit faire son travail d'investigation, la presse également, tant que des réponses satisfaisantes (donc probantes) ne seront pas données sur ces mouvements de fonds intempestifs et opaques. Il en va de la crédibilité de ce régime.

Il serait d'ailleurs utile de voir un relevé de banque de la City Bank par exemple (ou du Crédit suisse selon les sources, on n'est plus à une contradiction près) pour connaître et le titulaire du (ou des) compte d'attente de la BCRG (en principe le Trésor public) et son montant actuel.

Toute personne susceptible d'apporter des informations à ces détournements de fonds potentiels, qui restent des pratiques d'autant plus scandaleuses qu'on nous avait promis le changement (y compris en matière d'intégrité), mais surtout qui retardent, voire compromettent le développement du pays, sont les bienvenues.


Gandhi
Citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).

Commentaires