Proposition d’un Collectif guinéen pour une conférence nationale (CGCN)
Notre regretté frère le professeur Alfa Ibrahima Sow, président- fondateur de l’Union de forces démocratiques (paix à son âme) a laissé un précieux héritage et un puissant message pour la Guinée et pour les Guinéens, qui sont plus que jamais d’actualité. Cet héritage et ce message, véritable viatique, s’adressent tout particulièrement aujourd’hui au président de la République, le professeur Alpha Condé .
En effet son ami et compagnon de lutte et de route écrivait en avril 1992 :
« Quand brûle la maison de leurs pères, les enfants de la grande famille ne se battent pas pour savoir lequel d’entre eux pourra, pour s’asseoir, disposer du lit, du fauteuil, de la chaise ; de l’escabeau ou de la natte. Cette lutte là serait stupide et dérisoire. Ils seraient mieux inspirés d’éteindre le feu et de refaire la maison avant de recommencer leur lutte habituelle de préséance. » Pr AIS
Chers patriotes et démocrates, les paroles de notre regretté frère sonnent aujourd’hui avec une telle acuité qui ne devrait laisser aucun patriote insensible.
« Si les démocrates et patriotes éclairés ne réussissent pas à élever les débats au-dessus des querelles et des ambitions dérisoires ; s’ils ne se hâtent pas de montrer que l’enjeu, chez nous, dépasse désormais le destin d’un homme, d’un régime , d’une ethnie, d’une région, d’une formation politique et concerne, en réalité ; un pays sinistré et des populations dans la détresse, nous ne nous ferons entendre ni en Guinée, ni à l’extérieur, et notre pays ne fera que reprendre le chemin de nouvelles épreuves. » Pr AIS
Chers compatriotes, la situation de notre pays est suffisamment grave et préoccupante pour que chacun de nous mesure les vrais enjeux.
La situation politique, sociale, économique de la Guinée nous interpelle tous. La ruine physique du pays est perceptible partout. Le blocage politique est total, l’insécurité est généralisée sur toute l’étendue du territoire, une poussée aigüe de misère économique et morale sans précédent, le tissu social est en miette, tout ceci sur fond de mal-gouvernance endémique. Cette situation est le prélude à des affrontements sociaux dont les conséquences risquent d’emporter la Guinée. Notre pays est au bord de l’implosion.
La Guinée reste le seul pays de la sous-région où il n’y a pas eu encore une vraie guerre entre les Guinéens. Dieu merci. Mais aujourd’hui nous sommes dans une situation de ni guerre ni paix. Et pour éviter la guerre, il faut et il suffit que nous sortions notre pays de la mal-gouvernance politique et du marasme socio-économique dont le pouvoir actuel s’accommode fort bien.
C’est l’occasion de rappeler que :
« Le multipartisme, le recours au suffrage universel, et la liberté de la presse ne suffisent pas à fonder la démocratie. La démocratie, c’est surtout la pression et le contrôle permanent du peuple ; c’est-à-dire la possibilité pour nos populations de peser sur les décisions des dirigeants du pays, de contrôler effectivement la gestion des affaires nationales en ayant une influence réelle sur tous les actes importants du pouvoir exécutif. » Pr AIS
C’est pourquoi la voie royale de sortie de crise et d’une sincère, réelle, durable réconciliation reste et demeure la Conférence nationale, cadre idéal nous permettant de mettre des mots sur les maux de la Guinée.
« S’il y a un pays où la conférence nationale s’impose après tant d’années de pouvoir autoritaire, d’anomalies meurtrières et de manquements graves à la dignité de la personne humaine et au droit des gens, c’est certainement la Guinée. » Pr AIS
Nous ne pouvons plus continuer à vouloir rester un pays uni dans la paix avec une telle mal-gouvernance, dans la confusion totale. Pour moi la communauté internationale ne s’impliquera que lorsqu’elle apercevra une réelle volonté chez la majorité des guinéens de sortir de cette crise.
« Aide-toi, le ciel t’aidera. »
Par ailleurs, il est illusoire de vouloir faire des élections transparentes dans un système politique complètement opaque ! La période postélectorale risque d’être encore plus troublée qu’actuellement. N’oublions jamais qu’un pouvoir acculé est prêt au pire ! C’est pour cela que j’interpelle, le président de la République et tous les patriotes du pouvoir comme de l’opposition, de la société civile, des institutions de la République, pour qu’enfin nous empruntions la voie de sauvetage de notre pays qui ne peut être que la Conférence nationale. N’oublions pas qu’il y a des extrémistes et des jusqu’aux- boutistes de tout bord qui n’ont aucun intérêt à un changement pacifique.
Ceci m’amène à proposer à toutes les bonnes volontés la mise sur pied d’un Collectif guinéen pour une conférence Nationale.
Vive la Guinée, vive la paix.
Docteur B. Diakité
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