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Une augmentation salariale en trompe l'œil
Selon le bureau de presse de la Présidence, Alpha Condé a rencontré la Commission nationale paritaire de négociation collective sur la fixation du SMIG pour évoquer les 10% d’augmentation des salaires des fonctionnaires.
Alpha Condé, a justifié cette faible augmentation, en tenant compte des moyens de l'État et en accord (comprendre « avec l'autorisation de ») avec le FMI et la Banque mondiale.
« Vous savez que nous sommes en programme avec le FMI pendant trois ans. Le premier, c’était avec le PPTE, mais aussi le budget 2013, nous allons le faire avec eux et le budget 2014. Ils sont là actuellement. C’est à partir de 2015, que nous n’aurons plus à suivre les consignes du FMI ».
Comprenne qui pourra !!!, à part le fait que ce n'est pas la Guinée souveraine – paraît-il – qui décide. La rigueur financière n'est que celle qu'imposent les institutions financières internationales à la Guinée. On peut au moins reconnaître qu'il en endosse (sans le dire) la responsabilité, contrairement à Lansana Conté, qui ne voulait pas en entendre parler.
Il ajoute : « Mais quel est le problème que nous avons ? Pourquoi il y a le bas salaire en Guinée ? Parce qu’il y a le problème du PIB qui est de 500 milliards de francs guinéens ».
Là encore, celui qui voit le lien de causalité entre les deux est prié de se faire connaître. Alpha Condé nous serine que le taux de croissance est en hausse, que les indicateurs économiques sont au vert, bref que tout va bien – au niveau économique – dans le meilleur des mondes. On comprend mal qu'il soit impuissant à agir. Sa pédagogie laisse donc à désirer, mais c'est la rançon de l'usurpation du titre de professeur qu'il n'a jamais été.
Alpha Condé veut faire croire qu'il y a du changement. Les travailleurs avec leur augmentation salariale de 10%, soit en fait une perte de 5% (puisque l'inflation est à 15%), l'apprennent à leurs dépens. S'ils avaient fantasmé depuis 2011 sur leurs nouvelles conditions salariales, puisqu'on leur a toujours demandé de patienter, ils peuvent désormais rêver les yeux ouverts... et ce jusqu'en 2015 !!!
Un remaniement ministériel qui ne change rien
Les côtés positifs...
Si on peut se réjouir du remaniement ministériel, c'est essentiellement pour trois raisons essentielles :
- D'abord d'avoir viré les militaires, qui n'ont rien à faire dans des ministères. S'ils veulent faire de la politique, ils n'ont qu'à démissionner de l'armée. En fait, cela devait être fait dès l'origine en 2010, car la population guinéenne s'est battue pour virer les militaires du pouvoir. En en gardant trois, Alpha Condé poignardait dans le dos, tous ceux qui sont tombés pour la démocratie. Cela n'empêchera pas ce régime qui ne survit que par la violence exercée par les forces de sécurité, d'utiliser ces dernières, non pour défendre l'intégrité territoriale du pays, mais pour pérenniser son régime illégitime.
- Confier les affaires étrangères à un novice, a amené la Guinée derrière (Guinea is back), d'où l'intérêt de remettre un technicien professionnel à ce poste, le choix de François Louncény Fall étant plus adapté, même s'il devra mettre la Guinée en avant et non le régime qui le dirige.
- Réduire le nombre de ministères en supprimant des doublons, ou des départements sans activité notable est une bonne chose. Mais il en reste 35, ce qui est deux fois trop élevé, car il faudrait un gouvernement resserré d'une quinzaine de ministères, pour être plus efficace.
… ne nous feront pas oublier le reste.
A l'inverse, il ne faut pas se bercer d'illusions sur un changement de politique, décidée en un seul endroit. Il n'y a d'ailleurs pas de politiques sectorielles, à l'exception des mines, la solution de facilité. D'ailleurs, puisque tout le monde sait que Mohamed Condé est le réel ministre des Mines, pourquoi n'avoir pas mis la situation en conformité avec la réalité ? A-t-il peur d'être accusé de népotisme ? C'est pourtant déjà fait.
Quant aux autres secteurs, nous sommes davantage dans la communication, pour la politique agricole par exemple, où l'on se contente de redistribuer les matériels et véhicules fournis par la Chine, et de faire des affaires avec le Mali, pour ce qui concerne les intrants, dont les prix réels n'ont finalement jamais été ceux annoncés. On a beau changer de titulaire du poste, si ce dernier n'a pas les moyens de sa politique, il ne se passera rien.
Alpha Condé n'est-il pas celui, qui accusait ses collaborateurs – ceux qu'il a nommés lui-même – d'incompétence ?
En dehors de ces deux domaines, je ne vois rien. Seuls des projets en cours, initiés par les régimes précédents, ou des réalisations financées et contrôlées par des États ou institutions étrangères (hôtels, routes...) voient le jour. En dehors du barrage de Kaleta, sur lequel il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire (en matière de surfacturation notamment), de quoi Alpha Condé est-il à l'origine ?
Lorsqu'il décide réellement, on voit le résultat. Par exemple, concernant son remaniement ministériel, il parle beaucoup des femmes et des jeunes : dans les faits, il n'y a que 5 femmes ministres sur les 35, soit 14% (30% serait un minimum avant d'atteindre la parité). Quant aux jeunes... (moins de 35 ans), les seuls qui s'intéressent un tant soit peu à l'avenir, ils sont une nouvelle fois sacrifiés... malgré tous les discours pour les flatter.
Un ministère incongru
Quant à la création d'un ministère des Droits de l'homme et des Libertés publiques, elle est davantage le fruit d'une démagogie, et d'une volonté de communication, que d'une volonté réelle de faire bouger les lignes.
Il existe déjà depuis le 17 mars 2011, la Commission nationale des droits de l'homme, dirigée par Mamady Kaba, qui non seulement n'a aucune réalité constitutionnelle, mais n'a en outre aucune activité effective, malgré la situation des droits humains en Guinée. De même, malgré sa formalisation le 14 juillet 2011, l'INIDH n'existe pas encore. Ce ministère n'est qu'une opération démagogique. Quels vont être les pouvoirs réels de ce département ? Aura-t-il autorité sur les ministères de la Justice, de la Sécurité, voire sur les forces de sécurité ? À quoi va-t-il servir ?
- A accélérer la tenue du procès du pseudo-attentat ?
- A engager les plaintes que le procureur a refusées (Zachariou Diallo par exemple) ?
- A accélérer les procédures contre les crimes récents (2006, 2007, 2009 et 2010) ?
- A taper sur les doigts d'Alhassane Condé dont les sorties médiatiques ne l'honorent pas ?
- A rappeler à l'ordre ce même Alhassane Condé et Resco Camara concernant la législation sur les manifestations pacifiques ?
Certains chroniqueurs irresponsables et serviles osent dire, que cela dénote l'intérêt et le respect qu'Alpha Condé accorde à l'exercice des libertés collectives et individuelles en Guinée, celui-là même qui a fait tirer et tuer une douzaine de manifestants pacifiques, qui empêche la tenue des meetings politiques de l'opposition, les passages médiatiques – notamment à la RTG – de l'opposition. Oui ils ont raison, Alpha Condé est très attaché aux libertés publiques..., mais celles de son camp.
En outre, pourquoi avoir choisi un novice, responsable d'une ONG de création récente, et qui ne comprend qu'un seul membre connu ? Combien de plaintes non verbales, mais judiciaires, cette ONG a-t-elle initiées ? La réponse à cette question en dira long sur sa finalité. Pourquoi ne pas avoir choisi le responsable de l'OGDH par exemple, dont la notoriété est sans commune mesure ? La réponse est dans la question. Il sera libre de parler – dit-on –, mais pour ne rien dire, ou pour que ses sorties médiatiques permettent le changement... pour que rien ne change.
Cela me fait penser au premier séminaire gouvernemental sur la justice, dont les participants déclaraient ensuite, que les problèmes étaient réglés... puisqu'ils en avaient parlé. Puisqu'il y a désormais un ministère des Droits de l'homme, doit-on considérer qu'il n'y a plus de problèmes dans ce domaine désormais ? Circulez, il n'y a plus rien à voir.
La nouvelle CENI
On attend toujours de l'opposition qu'elle conteste cette nouvelle loi, dont on rappelle que ce n'est pas le CNT (Assemblée plénière) qui l'a élaborée, même si sa présidente (Rabiatou Diallo) a signé le texte, mais une commission (sortie de nulle part) de RPGistes convaincus. Ceux qui ont été présentés comme des institutions républicaines n'ont rien de républicain (je l'ai montré dans un texte précédent). Le CNT qui ne faisait déjà pas son travail, est une nouvelle fois mis plus bas que terre. Moi aussi j'ai des lois à proposer.
Par ailleurs, l'article 83 de la Constitution oblige le PRG à saisir la Cour suprême, pour vérifier la constitutionnalité du texte. La non-présence au sein du CNT de 10% de conseillers issus de l'opposition, empêche celle-ci de recourir formellement à la Cour suprême, pour contester tout projet ou proposition de loi, a fortiori organique. C'est un déni de démocratie.
Les questions – non exhaustives – suivantes, pourraient être évoquées :
- La présence de deux commissaires issus de l'administration (et qui y retourneront après leur mandat) n'est plus conforme à l'esprit de la Constitution.
- Pourquoi 25 commissaires, alors qu'un seul (le président) est omnipotent ?
- Pourquoi nommer des politiques par la société civile (alors qu'ils sont déjà représentés dans les 20) dans une institution technique et hyper spécialisée ? Ce sont de juristes dont a besoin l'institution.
- Enfin, on ne peut révoquer des commissaires membres d'une institution constitutionnelle, en votant une loi.
Enfin l'opposition – le Collectif et l'ADP s'entend – a donc décidé – mal lui en prend – d'avancer, sans tenir compte des violations constitutionnelles (on peut légitimement se poser la question de savoir si elle agirait de même, si elle était au pouvoir ?), pour déposer sa liste de commissaires.
Selon quelques sites guinéens, les partis suivants : l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, l'UFR de Sidya Touré, le PEDN de Lansana Kouyaté, l'UFC d'Aboubacar Sylla, le PPG de Charles Pascal Tolno, le PUD de Mamadou Ditin Diallo, les NFD de Mouctar Diallo, la NGR d'Ibrahima Abe Sylla, et le PS de Thierno Seydou Bayo, ont choisi leurs nouveaux commissaires (l'UFDG en possède deux).
Quoi dire ?
Qu'on ne tient pas compte de la représentativité des partis. Par exemple le PUD de Mamadou Ditin Diallo, dont tout le monde peut même se poser des questions sur son allégeance au pouvoir (son représentant au CNT a refusé de démissionner récemment, lors de la tentative d'assassinat des leaders de l'opposition), et qui ne représente que lui-même, se voit affubler quasiment de la même représentativité que l'UFDG au sein de la CENI. On s'étonne ensuite que l'UFDG, qui n'existe pas dans les instances de représentation (un seul conseiller au CNT par exemple, combien dans les institutions improprement appelées républicaines ?), doive utiliser la rue pour se faire entendre, certains oubliant que l'expression « un homme = une voix », ne se prend pas en compte dans les institutions (non représentatives), mais sur le terrain.
Lorsqu'on ne peut se faire entendre, parce qu'en nombre on est inexistant, la rue reste le seul moyen de rappeler aux aveugles et sourds, son poids réel.
Certes l'opposition veut vouloir jouer l'unité, en rappelant que le Collectif n'est qu'une opposition ponctuelle (pas forcément politique) par rapport aux problèmes électoraux, chacun restant libre de ses opinions et valeurs, et que les commissaires de la CENI, ne sont en principe plus attachés aux corps d'origine (les partis politiques, la société civile et l'administration) qui les ont nommés. C'est oublier un peu vite la différence entre l'esprit et la lettre, ou plus exactement entre les textes et la réalité. S'il en était ainsi, la présence des membres de l'administration n'aurait plus sa raison d'être ; or le gouvernement y tient et il sait pourquoi. De même, le choix contesté de Bakary Fofana comme commissaire d'une organisation de la société civile, voire comme président futur éventuel de la CENI, l'illustre par ailleurs parfaitement.
Les problèmes de la CENI sont loin d'être clos, ils ne font même que commencer.
Le président de quelques Guinéens
Lors du discours de Boké à l'occasion de la fête nationale, Alpha Condé a montré qu'il était incapable d'être autre chose que le président inamovible et perpétuel du RPG.
En période de crise, et la Guinée l'est depuis 58, il faut rassembler (AST lui-même, l'avait bien compris, au-delà de l'évolution de son régime) autour de ce qui nous unit (et cela est largement supérieur à ce qui nous sépare), avant d'examiner les trajectoires personnelles.
La seule chose dont Alpha Condé soit capable, c'est de parler, encore que certaines expressions soient incompréhensibles (voir ci-dessus), et l'avenir ne fera que confirmer ses dires. On ne s'improvise pas bâtisseur à 75 ans, qui plus est lorsqu'on n’a rien réalisé dans sa vie. C'est sans doute la raison, pour laquelle il veut rattraper le temps perdu, ne pouvant prendre une retraite qu'il n'a pas méritée.
Je partage cet avis qu'il ne mérite pas une retraite (il faut avoir travaillé pour cela), mais dans mon esprit magnanime, et pour pasticher sa capacité à mendier, on peut lui consentir d'aller se reposer et de laisser à d'autres le soin de conduire le redressement du pays. Avec lui, la Guinée perd un temps précieux, et ce n'est pas, ce dont la jeunesse a besoin. Il est vrai que les décideurs sexagénaires et septuagénaires, n'ont pas les mêmes intérêts.
Gandhi
Citoyen guinéen
« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).
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