Développement: Kindia 2015 ou Canal Plus d'humanitaire

Deuxième ville de Guinée, Kindia est confrontée à divers problèmes d’accès à l’eau potable et à l’éducation, de mortalité maternelle et infantile, d'insalubrité publique... Durant quatre ans, Canal+ y pose sa caméra pour suivre le travail des acteurs de développement guinéens et français qui tentent, ensemble, de faire bouger les lignes. Un projet qui engage la chaîne cryptée et ses spectateurs "au-delà de l’écran".

Et si on prenait le temps de ralentir pour mieux comprendre ?… Un pari que relève Kindia 2015, un projet documentaire original imaginé par Patrick Menais, fondateur du Zapping de Canal+. Cet observateur privilégié de l’audiovisuel a convaincu la chaîne cryptée de s’engager dans la durée au côté de l’un des pays les plus pauvres du monde, la Guinée, plus particulièrement dans la région de Kindia, à 137 km de la capitale Conakry.

S’il est innovant, le concept demeure simple : durant quatre ans, Canal+ diffusera, chaque année, un film de 90 minutes sur les acteurs de développement français et guinéens qui travaillent, main dans la main, dans cette partie de la Guinée. Quatre années pour suivre l’avancée des projets mis en place en faveur des populations locales et rendre compte des réussites, mais aussi des obstacles rencontrés.

Plus de réflexion que d'émotion

« Il s’agit de s’arrêter à la hauteur des acteurs locaux pour donner beaucoup plus d’espace à la réflexion qu’à l’émotion », explique l’initiateur du projet. Une façon pour lui de « sortir du traitement télévisuel habituel de l’action humanitaire : contexte de crise, émotion médiatique intense, aide d’urgence massive pour finalement retomber dans l’oubli cathodique total ou presque ».


Kindia 2015 se veut une initiative différente. La chaîne de télévision ne se limite plus au rôle de diffuseur de l’information, derrière la caméra. Elle s’implique. Au-delà des équipes déployées sur le terrain pour le tournage du documentaire, Canal+ a déjà débloqué deux millions d’euros pour soutenir les actions d’ONG de développement sur terrain : accès à l’eau potable, équipement des centres de santé maternelle et infantile, assainissement de la ville, lutte contre la déforestation, éducation pour tous, particulièrement en faveur des jeunes filles, souvent contraintes d’abandonner leurs études pour travailler ou se marier.

Originaire de Télimélé, une localité de la région de Kindia, Alimou Sow, 31 ans, ne doute pas des « retombées concrètes » de l’initiative de Canal+. Un sentiment partagé par les populations locales. « Les gens sont enthousiastes à l’idée de voir une chaîne de télévision s’intéresser à leur sort. Une chaîne qui ne vient pas seulement filmer leur misère mais leur apporte aussi un coup de main », raconte le blogueur. « Et ils sont prêts à s’impliquer pour la réalité de cette aventure », ajoute-t-il.


Projet participatif

À Nantes, Bordeaux, Lyon, Montpellier et Paris, la première livraison du documentaire Kindia 2015 a été projetée devant un public guinéen et français. Une heure et 30 minutes pour voir ce qui a été fait et ce qui reste à faire… avec leur concours. Car Kindia 2015, c’est aussi un projet participatif. À travers un fond de dotation, quelque deux millions d’euros supplémentaires sont attendus de donateurs particuliers.

« Nous avons eu des retours plutôt positifs de plein de personnes de bonne volonté », se réjouit Patrick Menais. Pour l’heure, seul un peu plus de 4 500 euros ont été récoltés. « Le projet commence sa vie. Il appartient désormais aux téléspectateurs de le faire vivre sur les réseaux sociaux », commente son géniteur. Un challenge collectif de plus.

Le Nouvel Observateur

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