Les rebelles du Mali et l’Europe, le top de la mansuétude : Est-ce uniquement la faute de Shakespeare ?
Le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), groupuscule rebelle à la base de l’annexion du Nord du Mali, a été expulsé de toutes les régions conquises avec ses partenaires jihadistes de tout bord. La dernière expulsion en date est celle très médiatisée de la ville de Ménaka le 20 Novembre 2012, soit dix mois après l’attaque d’Aguelhok. Les nouveaux maîtres du Nord du Mali revendiquent clairement une guerre sainte sur l’ensemble du pays contrairement aux velléités séparatistes de la rébellion initiale « Touareg ». Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) d’ailleurs avait
peu apprécié la proclamation rapide et unilatérale de l’indépendance de l’Azawad qui n’était, à leurs yeux, qu’une tentative du MNLA de prendre le dessus médiatiquement sur tous les autres groupes de leur coalition Salafiste
uniquement dans le but d’être l’interlocuteur principal des régions annexées.
Cette région du sahel est principalement devenue une zone d’abondance des preneurs d’otages, qui n’ont plus que jamais été que ces mêmes groupuscules qui sont à la base du désastre humanitaire que toute la région du sahel traverse actuellement : 900.000 déplacés. Les rapts et le narcotrafic sont leur unique source de revenu. Le MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) vient de revendiquer le rapt d’un ressortissant Européen dans la région de Kayes en vue de s’imposer dans le ballet diplomatique en cours avant l’imminence des opérations militaires annoncées par la CEDEAO.
Face au constat de la perte considérable de terrain par le MNLA, un de ses leaders, Ibrahim Ag Mohammed Assalé, déclare que le but de la rébellion touareg n’était pas d’aboutir à une séparation territoriale, mais que l’objectif initial tournait autour de revendication de plus d’autonomie pour les Touareg au Mali. Une tentative de bonne guerre pour maintenir son mouvement dans le processus de dialogue autour de la crise, mais clairement une des dernières cartes insuffisante au regard de toutes les impostures qui ont caractérisé ce mouvement.
Malgré cela, certains médias français, sachant pertinemment qu’aucune réalité géographique, historique, sociale et géopolitique ne justifie la théorie de l’Azawad, leur ont tout de même offert une ahurissante visibilité. Certains temps d’antenne alloué à ce vaudeville ont indéniablement frisé le publireportage. Pensant faire exploser l’audimat, ces chaines de télévision se sont lancées dans une course folle au turban bleu de l’illustre Maure de Venise dans le simple but de nourrir le buzz. Ils firent de la comédie de proclamation d’indépendance du MNLA une mise en scène digne de l’appel du 18 juin de Londres.
Ils n’ignoraient pas pour autant les accointances du MNLA avec les groupes Salafistes du Sahel et leur implications dans les prises d’otages et le narcotrafic sévissant dans la région.
La culture du mythe des hommes bleus prend malheureusement le dessus sur la réalité du terrain. Il y a en qui veulent forcement trouver un pays, rien que pour Othello. C’est encore toute l’étendue de l’immense talent de Shakespeare qui se manifeste. Othello, ce beau et viril personnage touareg, superbement décrit dans un romantisme absolument bouleversant, par l’intemporel Shakespeare, trouvera bel et bien un chez lui au Mali, mais pas plus que dans une réédition récente de l’œuvre du dramaturge anglais.
Pour mémoire, le MNLA revendique l’auto-détermination de la région saharienne plus vaste que la France, formée des trois gouvernorats du Nord-Mali que sont Tombouctou, Gao et Kidal. Cette zone est peuplée en majorité de Songhaïs, de Maures, de Peuls, mais de moins de 10% de Touaregs.
L’Azawad, dans sa définition, n’est autre qu’un concept, celui de l’équivalent d’un fil d’Ariane dans l’immensité du Sahara allant de Tombouctou aux mines de sel gemme des régions de l’Adrar. Ce concept a servi dans le passé, dans la culture berbère, de rites initiatiques pour les jeunes. Aujourd’hui, le MNLA s’en sert dans sa revendication territoriale d’une région qui ne correspond à aucune réalité géographique et historique.
Suite à la diffusion virale d’un document filmé par un jeune habitant du Nord dont l’AFP disposait d’une copie, document dans lequel, Oumar Amarah, commandant militaire d’AQMI, donne les raisons pour lesquelles le MNLA a été chassé de toutes ces villes, l’opinion internationale y découvrait la vraie face de la rébellion à travers des exactions commises dans une vidéo de 12 mn. Viols, enrôlements d’enfants soldats, pillage et destruction d’infrastructure
vitale pour la population, comme centrale électrique et station de pompage d’eau potable, entre autre. Une image qui tranche à tout point de vue avec les discours laudatifs que les nombreux porte-parole du MNLA chantent sur tous
les plateaux de télé et de radios en Europe. Le fait d’avoir été épinglée, à travers des actes de viols, incorporations d’enfants soldats, pillages et crimes de guerre par un rapport alarmant de Human Rights Watch, d’Amnesty
International et de l’ONU, ni les réactions indignées devant la destruction des mausolées de Tombouctou, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, et ni l’application de la charia (loi islamique) à toute la région annexée ne semblent freiner ses médias de faire la part belle à la propagande des rebelles du MNLA.
Et ce n’est pas non plus le désastre humanitaire dans les pays riverains et à l’intérieur même du Mali qui arrive à les émouvoir.
Sans doute, le manque de thé à la menthe dans la fraicheur des oasis entre les creux des dunes du Sahara, sous une tente en se délectant de succulentes dattes sucrées et bien charnues, les uns se prenant pour Lawrence d’Arabie et les autres rêvant de la chute de rein d’une pubère berbère ou de l’étreinte virile du chamelier Targui est, certes, une envie compréhensible, mais 89% de la population du Nord du Mali, des négro africains et ils pâtissent de l’ignorance de la réalité raciste qui est le vrai fond du problème de la minorité rebelle Touareg (moins de 500 hommes). « Nous sommes la seule race blanche au monde à être dirigée par des noirs » clament, sans cesse et sans complexe, les membres du MNLA, pourtant, comme seule réponse, c’est une indulgence sans pareil qui les accompagne sur toutes les tribunes qui
sont offertes à la crise Malienne, « sous l’angle de la rébellion séparatiste ».
Vue l’incroyable fascination de certains Européens devant le mythe de l’homme Touareg, cette farce semble avoir encore de beaux jours devant elle. Les portes du Quai d’Orsay viennent de leur être ouverte, ce jeudi 22 novembre 2012, pour une énième et fort déconcertante fois.
Solo
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