Le Nain du TP Mazembé. Par Paul Théa

Une fois n’est pas coutume, j’aimerais aborder ici le fétichisme dans le football africain ; mythe ou réalité ? Des anecdotes sur le sujet, font légion.
Avant de vous donner ma réflexion et de vous raconter une de ces histoires à vous faire dormir debout, permettez moi de faire du copier coller de l’article de Monsieur Hussein Mory paru sur le site de Justin Morel Junior

« Maxime Camara, le légendaire sportif guinéen révèle en détail comment le TP MAZEMBE a signé forfait contre le Hafia en 72.
Selon Maxime, tout a commencé au match aller, quand les responsables sportifs zaïrois de l'époque ont empêché le Hafia de s'entrainer régulièrement, au Stade de Kinshasa, le Club a été alors obligé de s'entrainer dans un cimetière et puis, nuitamment, l'on a fait voyager l'équipe sur Lubumbashi, pourtant le lendemain le Hafia devrait rencontrer le TP Mazembé.

Les joueurs guinéens frustrés et révoltés, se donneront, fonceront et arracheront un magnifique 3-2. Le TP avait certes gagné le match, mais pour les zaïrois, c'était une gifle, une vraie défaite. Conakry devrait être la revanche des footballeurs guinéens.
Mais, voilà que sur le chemin du retour, en escale dans une capitale africaine, des supporters camerounais approchent les membres du Hafia, pour confier à ses gloires du foot: « Nous sommes très fiers de vous. Vous avez très bien joué. Cependant, attention au match retour à Conakry, car le TP a des pratiques occultes, avec un certain nain qui les suit partout. A Conakry aussi, ils vont certainement débarquer avec lui. Ce nain descend toujours le premier, il étale une peau de léopard et les joueurs marchent dessus...Si vous les laisser faire à Conakry ce rituel, le Hafia est foutu, vous serez battus !!! »

Au retour, le Hafia, sans rien dramatiser raconte cette affaire aux autorités guinéennes...Mais comme pour la Révolution, il ne fallait ni rien dramatiser ni rien minimiser, la milice, la police et la gendarmerie sont informées de cette affaire.
Effectivement, au match retour, l'avion du TP s'immobilise sur le tarmac de l'aéroport Conakry-Gbessia International. Un nain descend le premier, il ouvre son sac rouge et veut étaler une peau de léopard...

Les miliciens, policiers et autres gendarmes guinéens ne lui donnent pas le temps de terminer son opération. Il est cueilli. Ses pieds ne touchent plus terre. Il est neutralisé et aussitôt isolé et entendu. Dans l'avion, c'est la colère, le TP Mazembé et tous ses responsables refusent de débarquer, exigeant que ''leur nain soit libéré''. Les négociations dureront trois heures. Trois longues heures au cours desquelles, les footballeurs zaïrois resteront à bord de leur avion.

Finalement, ils se laisseront convaincre, le nain sera dépouillé de ''ses oripeaux de féticheur'' et libéré. Mais comble de tout, le lendemain, le public du Stade du 28 Septembre, plein depuis 6 heures du matin, attendra en vain les zaïrois. Ils refuseront de jouer, récusant le trio arbitral.
Madame Andrée Touré, épouse du président Sékou Touré devrait présider ce match de tous les dangers. Mais le ''combat n'aura pas lieu, faute de combattants''. Le TP Mazembé a décidé de signer forfait pour des raisons qui lui étaient propres. En lieu et place, les autorités guinéennes improvisent une rencontre avec une équipe chinoise de passage à Conakry. Le public se console ainsi du rendez-vous manqué.
L'intéressant dans cette révélation est de voir à quel point certaines croyances fétichistes ont eu un incroyable impact sur le football, les joueurs, les supporters et les responsables sportifs tous confondus. Pour cela, je tenais à partager avec vous cette nuageuse ''affaire'' ».

J’avais pour ma part lu cette histoire et même demandé l’avis de Petit Sory qui relativisa en disant que les gens on accordé trop d’importance à cette histoire et pour Chérif Souleymane, le maitre à jouer du TZ Mazembé, en l’occurrence Toumba, s’était blessé à l’entrainement ; ce qui poussa l’équipe à ne pas jouer.

Ma réflexion est que si les fétiches sont si puissants dans le foot, pourquoi aucune équipe africaine n’a encore remportée la coupe du monde ; surtout celle organisée en Afrique du Sud (sur le continent africain).

J’aborde ce sujet parce qu’en janvier 2013 donc dans quelques semaines, nous allons commencer le tournage du documentaire sur le Syli National qui joua les jeux olympiques de Mexico en 1968 ; les anciens : Daky M’Bore, Pierre Bangoura, Morlaye Camara, Barette etc. Cette fois-ci avec la particularité d’y mettre beaucoup d’anecdotes à vous faire tordre de fou rire.

Pour finir, voici une histoire rapportée par un ancien du Syli National à mon cousin ; à la veille d’un match important, un marabout aurait conseillé au gardien de but de ne pas regarder en arrière durant toute la rencontre au risque de perdre le match.
Malheureusement, la Guinée encaissa très top un but et je vous traduis fidèlement la conversation en soussou entre le gardien et un de ses défenseurs:

Gardien : m’boré (mon ami), va chercher le ballon
Défenseur : quel ballon ?
Gardien : dans les filets
Défenseur : tu ne peux pas le prendre ?
Gardien : ça ne va pas non ? Tu as oublié les recommandations du marabout?
Défenseur : nyangamadi (nom d’oiseau), va chercher ce ballon et ne nous emmerde pas avec ton marabout ; la mort dans l’âme, le gardien alla chercher le ballon ; la Guinée fut battue par la suite. Est ce la raison de la défaite ?
Vous vous imaginez un gardien de but jouer une rencontre de 90mn sans se retourner ?

Sur ce, je vous souhaite une bonne et heureuse année 2013 ; pour les lecteurs résidents à Conakry, rendez-vous le 19 Janvier à la projection du documentaire sur les Ballets Africains au centre culturel franco guinéen à 14h ; entrée gratuite pour rendre un hommage aux artistes et aux hommes de la communication.

Paul Théa

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