Mohamed Sampil (le grand) Par Paul Théa
Après la disparition de notre compatriote et frère Mohamed Sampil, je ne pouvais m’empêcher d’apporter ce témoigne.
Comme beaucoup de lecteurs, j’ai fait sa connaissance sur le net et il disait que j’étais courageux d’exprimer mes opinions ; il se souvenait de certains de ses parents qui le traitaient de mauvais soussou parce qu’il ne soutenait pas le président Lansana Conté.
Nous avons quelques fois échangé sur facebook, sur skype et au téléphone.
Un jour, je décrochai mon téléphone pour parler à Mohamed Sampil avec l’idée d’être le premier à dire « petit » ; ce qui fut fait juste après avoir dit mon nom. Mohamed Sampil : ah bon ? Je suis ton petit ?
Paul : mais oui tu as un an de moins que moi
Mohamed Sampil : je ne connais pas ton âge mais moi je suis né en 195…
C’est en ce moment que j’ai compris mon erreur.
Pour bien comprendre l’origine de cette gourde, il faut remonter plus loin ; j’ai un copain d’enfance du nom de Mohamed Sampil, nous avons fait l’école primaire de belle-vue ensemble ; nous étions dans la même équipe de football et dans le même quartier.
Son nom complet est Mohamed Lamine Sampil mais nous l’avons toujours appelé Mohamed Sampil ; il a effectivement un an de moins que moi ; mais à chacune de nos rencontres ou au tel ; il y a d’abord un bon moment de « petit, petit »
C’est lui que je voulais au téléphone pour parler foot et je voulais être le premier à lui dire petit.
Oh combien d’excuses; ce qui fit rire encore plus le frère Sampil et son fou rire fut contagieux. Nous avons bien rigolé.
Il m’expliqua que Mohamed Sampil est son petit neveu, ils habitent tous à Paris et si mon souvenir est bon, ils ont le même homonyme.
Il se rassura si j’étais bien Paul Théa, pas quelqu’un qui se faisait une farce ; ma réponse affirmative le fit rire encore plus.
Nous avons continué la conversation et il m’a raconté cette anecdote ; en vacances dans son Kankandé, habillé tout simplement dans un milieu dont personne ne le connaissait ; un jeune homme commença un sujet sur Paris.
A chaque fois qu’il essayait de placé un mot, le jeune ne le laissait même pas finir sa phrase ; il fini par se taire et écouter ; entretemps, un de ses proches arriva et dit au jeune ; hey tu ne sais pas que tu parles à quelqu’un qui vit depuis des années, à Paris ?
Le jeune étais confus comme moi ; il ne savait plus ou se mettre d’autant plus qu’il parlait des coins et recoins de Paris sans jamais y avoir foulé le sol. Il connaît Paris sur carte postale.
« Paul c’est ça aussi le guinéen » et il éclata de rire ; nous avons bien rigolé ce jour.
Il me raconta qu’il fut sélectionné pour être journalistes à la radio guinéenne et c’est là qu’il fit la connaissance de mon père.
Après un examen ou une bourse (je ne m’en souviens plus très bien), il fut victime d’une injustice qu’il ne supporta pas ; le régime aussi ne lui plaisait pas ; alors il décida de partir.
Il passa par N’Zérékoré pour aller en Cote d’ivoire ; il me parla du souvenir de son passage en forêt.
Evidemment il me parla aussi de politique; comment il fut membre du RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée) ; comment on le traitait de mauvais soussou parce qu’il ne soutenait pas un président soussou.
Que ceux d’hier qui le traitaient de tous les noms sont aujourd’hui fiers d’être membres de la mouvance présidentielle et/ou du RPG
Il me parla de son retour au pays.
Il en profita pour me conseiller de ne pas répondre aux attaques personnels sous mes articles ; conseil que j’ai suivi par la suite.
Ce fut une longue conversation et enfin de compte, il me dit « Paul, je te conseille de mettre devant mon nom Mohamed Sampil le grand pour ne plus confondre mon no avec celui du petit ; ce que je fis de suite.
Le lendemain, je fis la narration au petit Sampil qui éclata de rire.
Voilà ma façon de rendre un hommage à un compatriote, un grand frère de conviction ; il voulait le bien être des guinéens ; que l’on soit d’accord ou pas avec lui ; l’on ne peut lui enlever son amour pour la Guinée.
Mohamed Sampil le grand, merci pour ton admiration et tes considérations pour moi; je prie Dieu de tout cœur de t’accorder son Paradis et je te prie, par la même occasion, d’intercéder, auprès de Dieu, pour qu’Il nous apporte des dirigeants qui donneront enfin, du sourire aux guinéens.
De 1958 à 2013 que de larmes.
Paul Théa
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