La famille dit NON à la mamaya sur le nom de Diallo Telli

Ces jours-ci, des émissaires du régime ont été dépêchés à ma résidence de Bellevue pour inviter la famille à se joindre au président Alpha Condé pour un symposium au Palais du peuple sur le cinquantenaire de l'OUA au cours duquel feu mon père El hadj Diallo Telli Boucacar serait honoré... Informé par téléphone à Dakar, où je réside, ma réponse leur a été signifiée dès le lendemain : « D’accord pour la mamaya, après la restitution du corps à la veuve, la démilitarisation des charniers remis aux autres 50000 familles pour que le deuil puisse se faire avant la mamaya ».

Hier soir j'ai vu le JT de la RTG et vu les derniers débris fossiles du parti des geôles, endimanchés, se trémousser de bonheur chaque fois que le nom maudit du boucher de Faranah était prononcé... J'ai aussi adoré la stupeur et le choc dans le regard d’Andrée Kourouma, quand le chef de l'Etat a rendu hommage au premier secrétaire général de l'OUA...

Le chef de l'Etat semble oublier qu'un décret de sa main démilitarisant les immondes charniers et les restituant aux familles éplorées, surtout venant de lui, condamné à mort par la même main assassine et sauvé par le fait qu'il était à l'abri à Paris, règlerait le problème... EN GUINEE, ON CELEBRE DU BOUT DES LEVRES DES PERSONNES DONT ON CACHE LES TOMBES SECRETES... Ça se fera sans les victimes, je peux vous l’assurer, et le peuple guinéen et la communauté internationale apprécieront...

En ce qui concerne la famille DialloTelli, nous attendons toujours que l'armée guinéenne, les assassins qui se pavanent aux côtés du président de la République et du gouvernement de la République de Guinée, reprennent leurs esprits et réalisent qu’il ne peut pas y avoir de réconciliation dans l'omission, la révision de faits historiques, encore moins dans le mensonge... La vérité, toute la vérité, sera dite, tôt ou tard... Comme en Afrique du Sud, en Sierra Leone, au Liberia, en Espagne, en Argentine, etc. Nous sommes des enfants de Dieu le tout puissant ; nous nous sommes refusés la vengeance ; nous ne haïssons personne et nous attendons que Justice soit rendue, celle de la Loi, sinon celle de Dieu...

Que Dieu bénisse et protège le peuple martyr de Guinée en ce cinquantenaire de l'OUA, 36e commémoration de l'assassinat par inanition d’El hadj Diallo Telli Boubacar, décédé au camp Boiro le 1er mars 1977 après 18 jours de privation d'eau et de nourriture, en même temps que les ministres Dr Barry Alfa Omar et Drame Alioune, et qu’au moins deux autres suppliciés. Et la liste des victimes s'allongera encore jusqu'au 26 mars 1977, date de la délivrance de la nation de cet ogre, père monstrueux de la nation qui, comme ce personnage mythologique grec, dévorait avec délices ses enfants.

Au nom de la famille de Diallo Telli Boubacar
Thierno Diallo Telli
Dakar, Sénégal

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