La nouvelle Transition après le départ de Condé Alpha. Par Alpha Sidoux Barry
Samedi, le 18 mai 2013. A 14 heures pile, la place de la Porte Dauphine, qui mène à l’Ambassade de Guinée à Paris, était noire de monde. Tous les partis politiques de l’opposition guinéenne avaient appelé à une grande manifestation contre le régime dictatorial et sanguinaire que Condé Alpha, dit le Diable Boiteux, a instauré en Guinée depuis son investiture en décembre 2010. Une dictature monstrueuse qui a déjà fait des dizaines de victimes. On parle officiellement de 35 morts, après les derniers événements, au cours des deux ans et demi de pouvoir du Diable Boiteux, qui doit être traduit en justice pour crimes et délits avec préméditation. La réalité est encore plus accablante. Il est question de centaines de blessés et d’un nombre inconnu de prisonniers politiques.
La manifestation de ce samedi 18 mai a été une grande démonstration de force de l’opposition guinéenne. Les manifestants sont partis de la Porte Dauphine pour marcher sur la Place du Trocadéro, baptisée officiellement Place des droits de l’Homme et des Peuples.
Cette manifestation est comparable symboliquement à celle qui s’était déroulée sur le même parcours pour protester contre les meurtres de 150 personnes et les viols de femmes en public le 28 septembre 2009 par les forces de l’ordre sous le régime du putschiste Dadis Camara, et qui avait mobilisé à Paris des milliers de Guinéens lors de la « Marche du Pagne blanc ».
Durant tout le parcours, de la Porte Dauphine au Trocadéro, plusieurs centaines d’hommes, de femmes et même des enfants, ont scandé : « Alpha Condé, assassin ! », « Bernard Kouchner, complice ! », « Alpha Condé, dictateur ! », avec des variations illimitées sur ce thème.
Sur la Place du Trocadéro, une tribune publique a été improvisée où se sont succédé un grand nombre d’orateurs.
Bien que très laconique, la déclaration à GuineeActu de Boubacar Sadio Baldé, Coordinateur en Europe de l’UFR, a donné le ton de la manifestation : « Toute transition doit se faire sur des bases démocratiques, sur une base consensuelle, avec l’adhésion de tous les partis politiques et des forces vives de la Nation. »
Le Dr Bakary Diakité, responsable en France du PEDN, renchérit : « Le jour où Alpha partira, les Guinéens auront compris qu’aucune ethnie seule ne peut gérer la Guinée. Le peuple souverain doit reprendre le pouvoir. »
« Nous ne voulons rien d’autre, poursuit le Dr Bakary Diakité, que l’Etat de droit, avec des élections transparentes et équitables. On voit qu’Alpha ne fait pas l’affaire. C’est par la lutte qu’on le fera partir, pour établir un Etat démocratique. Aujourd’hui, nous n’avons ni l’Etat de droit ni la démocratie. La lutte doit continuer. Pour des élections libres et pour la citoyenneté guinéenne. Tous les Guinéens sont guinéens, sans exception. Les Guinéens le sont avant d’être quoi que ce soit d’autre. La division ethnique ou régionaliste, c’est pour tromper le peuple. Il faut que le peuple souverain se remobilise, car nous n’avons pas encore ce que nous avons souhaité », conclut le Dr Bakary Diakité.
Notre compatriote Bah Mamadou Bobo, originaire du village de Dar-es-Salam (Donghol) dans l’Arrondissement de Timbi Tounni, Préfecture de Pita, apporte, pour sa part, des idées nouvelles : « Il faut que les Guinéens changent de mentalité, dit-il. Il faut séparer la politique, la religion et les ethnies. Sinon, la Guinée aura à parcourir un chemin interminable. L’indépendance signifie que les populations vivent de leurs propres moyens. Depuis le régime de Sékou Touré, on met une ethnie au-dessus des autres. On ne parle plus que d’ethnie. Jamais de développement. Mais, on n’avait jamais atteint la situation actuelle où l’ethnocentrisme l’emporte sur tout. Alpha Condé nous mène à la guerre ethnique. Il n’y a plus de confiance entre les gens, car l’ethnie est au-dessus de tout. La Guinée ne s’en sortira que si l’on dépasse les ethnies pour voir l’intérêt général. Le président de la République doit être le président de tous les Guinéens, pas d’une seule ethnie, mais de toutes les ethnies. Il doit visiter le pays, rencontrer les sages et les vieux, les saluer, demander pardon au peuple pour tous les crimes qui ont été commis en son nom, appeler à l’unité nationale et faire baisser la tension ethnique », insiste Bah Mamadou Bobo.
Karamoko Sadabiou Diallo, un érudit (il connaît le Coran par cœur), l’un des sages les plus respectés de la communauté guinéenne en France, à son tour, nous donne son point de vue : « Si Condé Alpha part, nous devons mettre en place un régime visant un seul objectif, le développement économique, car les Guinéens ont trop souffert. Je viens de passer deux mois en Guinée et j’ai participé aux manifestations de l’opposition. Les Guinéens sont courageux. Ils se battent corps et âme. Nous qui sommes à l’étranger, nous devons soutenir nos compatriotes de l’intérieur, les aider financièrement et par nos manifestations comme celle-ci. »
Venu de Rotterdam en Hollande, Abdoulaye Diallo nous déclare : « Nous sommes venus de la Hollande pour accompagner nos frères et sœurs de France et pour demander le départ d’Alpha Condé. Car avec lui, on ne peut pas négocier. Après son départ, je propose qu’on fasse d’abord les élections législatives avant la présidentielle, ce qui nous permettra d’avoir une Assemblée nationale indépendante. Après quoi, on va choisir le Président. »
Mamadi Dioubaté, du PEDN, précise les grandes lignes de la nouvelle Transition qui va s’ouvrir après le départ de Condé Alpha : « Condé Alpha est en train de diviser la Guinée. Il faut une révolte populaire pour le chasser du pouvoir. Même dans son propre camp, on sait qu’il prépare la guerre civile. Or, quand celle-ci commence, on ne peut plus l’arrêter. On peut l’éviter en Guinée : faire partir Alpha Condé qui n’a rien à faire dans notre pays. Ses parents, aussi bien son père que sa mère, sont venus d’ailleurs. Il n’a pas les mêmes liens qui nous unissent. Après son départ, il faut mettre en place un collectif, soit de sages, soit de civils et de militaires, pour assurer la transition, mettre le pays sur le droit chemin et respecter enfin les droits humains. La transition doit durer au moins un an, le temps d’organiser des élections libres et transparentes, en couplant les élections législatives et l’élection présidentielle. »
Le clou de la manifestation a été l’intervention, au nom de tous les partis politiques de l’opposition, de Mme Sanaba Coné Camara, que certains appellent (mais à voix basse) la Dame de fer, membre fondateur du Bloc Libéral (BL) et membre du Bureau exécutif de ce parti, chargée des Guinéens de l’extérieur. Je vous livre ci-après cette intervention, en neuf points :
« 1°. Remerciements à tous les participants à la manifestation.
2°. 1 minute de silence en hommage à notre regretté Mohamed Sampil.
3°. On entonne l’hymne national, « Liberté ».
4°. L’objet de cette manifestation est le départ inconditionnel du pouvoir du criminel Alpha Condé pour violation de son serment de Président de la République, violation de la Constitution, des lois républicaines, des droits humains, pour crimes de sang et crimes économiques, entraves à la Justice, violation des libertés individuelles des Guinéens, contre la culture de l’impunité et contre la politique nationale de division et d’exclusion.
5°. Ouverture d’enquêtes auprès des juridictions sous-régionales, africaines et internationales pour situer les responsabilité des uns et des autres sur les crimes commis sous la mandature d’Alpha Condé pour faire comparaître les coupables devant la Justice.
6°. Arrêt de toute négociation avec le régime clanique, autocratique et dictatorial d’Alpha Condé de la part de l’opposition républicaine.
7°. Alerter la communauté internationale et les autorités françaises sur le risque réel et imminent d’une guerre civile en Guinée, comparable à celle du Rouanda en 1993.
8°. Demander à tous les leaders de l’opposition d’intensifier la mobilisation en Guinée et à l’étranger et de radicaliser le combat pour une « Guinée unie, libre et démocratique ».
9°. Enfin, affirmer que jamais la société sud-africaine Waymark et son acolyte Sabari Technologie ne seront associées à l’organisation d’élections en Guinée, quel que soit le régime en place. »
Et Sanaba Coné Camara d’ajouter, de son propre cru : « Je vous dirai que le seul moyen de faire partir Alpha Condé, c’est l’insurrection populaire, c’est-à -dire organiser des manifestations populaires, pas une fois par semaine, comme nous le faisons en ce moment en Guinée, mais tous les jours, accentuer la pression sur Alpha Condé car il n’entend que le langage de la force. »
Consultons, à présent, le juriste et constitutionnaliste guinéen Ibrahima Sory Makanéra, responsable en France de l’UFR, pour tracer les grandes lignes de la transition, après le départ de Condé Alpha. « Dans la nouvelle transition, affirme Makanéra, il faut revoir notre Constitution qui présente beaucoup de points négatifs. D’ailleurs celle-ci n’est pas légale. Elle n’a pas été soumise au peuple par référendum. Elle a été imposée par un décret présidentiel. Elle accorde des pouvoirs exorbitants au Président de la République. Ce qu’il faut à la Guinée, c’est un régime semi-présidentiel, qui prévoit un équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. La Constitution actuelle favorise la mise en place d’une dictature féroce. Il faut séparer les pouvoirs du Président et ceux du Premier ministre, coupler l’élection présidentielle et les élections législatives, afin que le Président soit contraint à la négociation et à la modération, car c’est cela la démocratie. »
Dans la situation actuelle, le stalinien burkinabé qui dirige la Guinée, en l’occurrence le Diable Boiteux, déploie une force démoniaque pour asservir le peuple guinéen, la même que les nazis ont employée pour dominer le peuple allemand et le conduire à l’extermination du peuple juif. La culture stalinienne de Condé Alpha est celle-là même qui a conduit Joseph Staline à détruire plus de vingt millions de russes dans les camps de concentration. Nous devons l’arrêter avant qu’il ne mette en œuvre son projet démoniaque d’extermination des Foulbhé en Guinée.
Je commence à détester le pays de Nelson Mandela, car les services secrets de ce pays ont pris une part décisive dans le hold up électoral qui a hissé au pouvoir Condé Alpha en Guinée. D’ailleurs, Jacob Zuma est aussi corrompu que Condé Alpha et son mentor, l’escroc Bernard Kouchner.
Malheureusement pour nous, notre Diable Boiteux n’a ni le talent ni les capacités de son homonyme français, Talleyrand. Condé Alpha doit être arrêté et traduit en justice devant le Tribunal pénal international de la Haye pour crimes de sang et crimes contre l’humanité.
Alpha Sidoux Barry
Directeur de publication de GuineeActu
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