La difficile équation de la démocratie en Guinée
Pauvre Guinée ! A l’étape actuelle, on a peur pour la Guinée de Sékou Touré. Si on se réfère à la énième manifestation, le 23 mai dernier, on doit craindre le pire pour ce pays. L’embrasement du pays avait été évité de peu le jeudi dernier dit jeudi noir. En effet, une nouvelle marche de l’opposition contre le décret présidentiel fixant la date des législatives, de façon unilatérale, au 30 juin 2013, a engendré de nouvelles violences à Conakry, cette fois-ci, d’une rare intensité. Le chef de file du mouvement qui couteste la décision d’Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, semble pour sa part avoir frôlé la mort dans cette manifestation. A ce qu’on dit, sans l’intervention de sa garde rapprochée, qui comptera ensuite une dizaine de blessés, Cellou Dalein Diallo aurait pu connaître le pire. Si on s’accorde à dire que rien n’est nouveau sous le soleil guinéen, on peut également regretter que les acteurs politiques n’aient pas de vision pour leur pays. La Guinée est en train de sombrer à cause de l’incurie de ses hommes politiques. Conséquence, c’est le peuple guinéen qui trinque. L’opposition qui refuse d’aller à la table des négociations devra, pour l’amour du peuple guinéen, mettre de l’eau dans son vin. Alpha Condé dont l’élection reste toujours contestée, doit aussi penser au peuple et non à son fauteuil. Tous les politiciens seront comptables devant l’Histoire car, le chemin emprunté est truffé d’incertitudes.
Calendrier caché pour Cellou Dalein Diallo ?
Cellou Dalein Diallo veut-il se racheter par rapport au passé ? Il n’est un secret pour personne que même sans avoir appelé à manifester après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, Cellou Dalein Diallo était loin d’accepter la victoire d’Alpha Condé. C’est donc malgré lui qu’il s’est résolu au silence. Il y a donc comme un regret face à son silence d’hier. A-t-il un calendrier (sain ou malsain) caché pour son pays ? Les incidents du jeudi noir vont-ils amener ses partisans et lui à revoir leur copie ? En attendant, Alpha Condé risque d’amener le peuple guinéen à regretter l’ère Lassana Conté. Car, à ce rythme, le Pr Alpha Condé risque de laisser un bilan macabre plus lourd que celui de son prédécesseur. En Guinée, on est en train de perdre du temps. Ce n’est pas moins l’échec de la Guinée qui est constaté que celui de l’Union africaine. La structure continentale, à l’image de ce qu’elle a fait pendant la crise ivoirienne, doit vite dépêcher une délégation pour tenter de recoller les morceaux en Guinée où la démocratie s’apparente à une bien difficile équation. Au regard de ce qui se passe, les Guinéens ne pourront pas voter dans la quiétude le 30 juin prochain. Pourquoi alors s’échiner à maintenir une date qu’on sait déjà grosse de risques graves surtout que l’opposition a déjà proclamé qu’elle ne serait pas de la partie, puisqu’elle n’a pas déposé de candidatures ? Pour ne pas une fois de plus tenter l’armée, la Guinée doit retrouver rapidement sa quiétude. Chacun devra s’y employer : ceux qui ont donné le pouvoir à Condé, Condé lui-même, l’opposition et l’Union africaine.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays (Burkina Faso)
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