Une Nouvelle Voie (Mai 2013) : pays en feu, président anormal – nous roulons sans freins vers le gouffre ! Par Alpha Oumar Telli Diallo

Bienvenue à mon bilan du 5e mois de l’an 03 de la Condécratie, un modèle de démocratie stalinienne avec très peu de travail, justice et solidarité ; un subtil mélange de communisme à la FEANF et d’affairisme sans scrupules. Je continue donc mon exploration mensuelle des méandres des décisions importantes pour la nation prises par nos nouveaux chefs en proposant des pistes de réflexions et d’actions qui pourraient être envisagées pour que le « vrai changement » soit effectif.

1- Echantillon de paroles et pensées présidentielles du mois : « Mon frère, si je savais qu’il y avait tous ces problèmes en Guinée, je ne serais pas candidat » (confidence faite devant un de ses particules, Sylla Futurelec de l’UDG) ; « si nous prenons Ratoma (commune de) beaucoup de quartiers comme Cosa et Bambeto sont des ghettos. Nous avons la ferme volonté de les transformer en zones viables en construisant des routes, des écoles et des terrains de jeux car quand un jeune vit dans un ghetto ce sont les conditions de vie qui entrainent la violence (le 04, dans un discours sur l’urbanisation de la capitale) ; « J'ai rendu visite à N'Zérékoré parce que la Forêt s'est toujours mobilisée pour me soutenir…Il fallait donc que je rende visite à N'Zérékoré… Il fallait voir un peu si les travaux avancent, connaitre un peu l'état du terrain de l'intérieur parce que si Conakry recule, vous-vous rendez compte que l'intérieur est plus dégradé (suite à une visite le 19 à N’Zérékoré et Faranah) ; « J'ai lutté pendant plusieurs années et payé de ma propre liberté pour défendre le droit de s'exprimer et de penser librement. Depuis 2010, la Guinée a pleinement rétabli les libertés fondamentales d'expression, d'opinion et de manifestation… En Guinée, personne ne doit être victime du fait de ses origines ou de ses opinions. C'est le sens de tout mon combat » (discours du 28 sur la TV-PPAC) ;

• Pour : si cette 1ère citation est vérifiée (et je la crois car celui qui l’a rapportée n’oserait pas mentir de la sorte sur le PPAC dans la presse nationale) elle indique bien que ce monsieur est arrivé au pouvoir sans aucune préparation ni vision malgré plus de 40 années d’opposition historique à tous les régimes politiques précédents. Et dire qu’il accuse l’opposition actuelle d’être bornée et radicale !

• Contre : par contre la 2e indique bien le niveau de conscience de notre chef : il est persuadé que si les jeunes de « l’axe de la liberté », les quartiers de Koloma, Bambeto et Cosa sortent dans les rues pour protester contre son régime c’est parce ce sont des ghettos du type de ceux qu’il fréquentait jadis à Paris. Encore une preuve de ses limites et défauts d’étranger du melting-pot guinéen. Pourquoi ne cite-t-il pas en premier les quartiers de Matam et de la Sig Madina, ses fiefs politiques qui sont des quartiers sans urbanisme ni eau courante et électricité depuis des décennies. Si on veut voir des exemples de poubelles humaines dans Conakry il devrait plutôt regarder par la fenêtre de son palais car dans tous les quartiers de la haute-banlieue les populations ont remplacé le déficit des services publics par des solutions locales pour un minimum de vie décente en milieu urbain. La dernière citation se passe tout simplement de commentaire.

• Une Nouvelle Voie : un président qui justifiera ses visites dans les régions par le fait que celles-ci ont voté pour lui aux précédentes élections sera mis à la touche du pouvoir par les autres institutions indépendantes du pays le jour où une nouvelle voie sera effective chez nous.

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2- Formations, séminaires, ateliers, colloques et autres « rendez-vous du donner et du recevoir » du mois : atelier de planification des opérations électorales pour les législatives du 30 juin prochain avec pour objectif de renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles de la CENI (encore un !) ; formation des formateurs des stagiaires de la protection civile guinéenne sur les techniques de commandement, de secourisme et d’administration ; formation des travailleurs parlementaires sur le VIH-SIDA ; forum des Organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM) et de la Coordination des associations guinéennes de France (CAGF) sur le thème : "Diaspora et développement local, politiques et partenariats entre acteurs du développement" ; atelier portant sur le diagnostique du cadre organique et des besoins en renforcement des capacités des acteurs clefs du contrôle civil et démocratique des forces de défense et de sécurité ; formation d’une trentaine de journalistes de la presse sportive sur les termes techniques de basketball ; atelier de restitution des travaux du forum régional sur l’intégrité de l’eau tenue à Dakar du 23 au 25 janvier 2013 ; formation d’induction de la 1ère promotion des volontaires de la CEDEAO ; atelier sur le programme de reforme des forces de défense et de sécurité axé sur leur contrôle démocratique et civil ; atelier de validation du rapport sur la justice et l’état de droit en Guinée ; journées portes ouvertes pour le 28e anniversaire de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le thème, "Vers une région paisible et prospère" ; formation des inspecteurs du travail sur le thème : « amélioration des capacités en normes fondamentales de travail, en méthodologie de visite et en contrôle d’entreprises » ;

• Pour : le séminaire-business frôle la disparition ce mois-ci (10) – tant mieux. Super idée, la formation des journalistes du basket, mais il faudrait au préalable des terrains de jeu aux normes internationales ! Et quand il y en aura, tous les formés seront à la retraite (au mieux) ou morts de courte maladie (le plus probable).

• Contre : les mois avancent mais les sujets ne varient pas : protection civile, reforme des forces de défense et de sécurité, élections, CENI...etc. Il n’y a même plus de honte à répéter les mêmes sujets ad vitam aeternam. Et les partenaires financiers déboursent…

• Une Nouvelle Voie : rien de nouveau à dire – toujours la même solution : tourner la planification de 180 degrés et avancer sans crainte de se tromper.

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3- Les décisions et actions « positives » du mois : le 30 avril 2013, inculpation et placement en détention provisoire d’un gendarme, qui aurait, avec deux autres éléments de la gendarmerie, violé une femme dans l’enceinte du stade, le 28 septembre 2009. Il a été entendu par les juges d’instruction du dossier le 06 ; le 09, le PPAC signe un décret pour amnistier 12 condamnés civils des marches du mois d’avril ; enfin plusieurs nouveaux décrets mensuels qui sont moins « familiaux » : quelques petits Diallo pour colorer par-ci par là, mais attention aucun parent de la région forestière n’a bénéficié de la confiance présidentielle ; le ministre des NTIC annonce le 18 que bientôt les carrefours de la capitale seront équipés de caméras. Ils ont dû trouver un modèle qui fonctionne sans électricité – vraiment ce gouvernement s’ennuie ; le 18, le PPAC libère l’ensemble des innocents civils détenus après les marches de l’opposition du mois précédent dans le cadre des festivités du 50e anniversaire de l’OUA ; échec le même jour de la tentative du PPAC d’associer le bourreau Ahmed Satan Touré avec sa victime innocente Boubacar Telli Diallo ; après 29 mois de pouvoir et plus de 30 visites à l’étranger le PPAC décide enfin le 19 de voir la Guinée profonde (plus de 250 km de son palais). Il en profite pour lancer la campagne de ses législatives du 30 juin à N’Zérékoré et Faranah ; le 21, le PPAC met en place une commission nationale de réflexion, prévention et action sur les violences liées aux manifestations politiques et publiques ; le 22, le chef d’état-major de l’armée prévient que tout militaire en tenue, armé ou non sera lourdement puni s’il est vu dans les rues le lendemain, jour de la marche de l’ opposition ; le PPAC va rejoindre ses pairs le 24 à Addis Abeba pour participer au cinquantenaire de l’OUA/UA. Parti sur la pointe des pieds, sans le cérémonial de départ hebdomadaire, il est revenu de la même manière, après avoir été « boudé » par ses pairs et surtout n’avoir été retenu pour les groupes de travail et réflexions tenus le lendemain des festivités par ses homologues africains ; le 29, les manifestants sortent de nouveau en masse dans les rues pour enterrer 6 innocents tués par les forces du PPAC. Résultat : 0 morts supplémentaires et pas de dégâts humains et matériels. Comme quoi, quand il veut, il peut ; le 29, la France annonce officiellement qu’une expertise électorale indépendante est en cours pour évaluer le calendrier et la faisabilité technique des élections – Big Brother vient imposer au PPAC ce qu’il ne veut pas entendre de la majorité des Guinéens ; le 30, il semblerait que le PPAC ait pris le vol d’Air France pour aller au sommet de la TICAD au Japon – à vérifier ;

• Pour : un petit bravo à la justice RPGiste pour l’inculpation – après 3 ans et 7 mois – d’un des criminels responsables du viol collectif des manifestantes pacifiques de l’opposition. Mais il faut craindre que ce ne soit une fois de plus qu’un petit signal positif à la CPI pour qu’elle leur fiche la paix pour encore une année. Comme pour les commanditaires et responsables du génocide où 2-3 noms ont été jetés en pâture sans aucune conséquence pour eux, l’un ayant même le rang de ministre. Bravo aussi à l’état-major général de l’armée de préciser qu’elle n’ira pas « casser du guinéen » pour faire plaisir au PPAC. Pourtant des observateurs disent avoir vu des bérets/yeux rouges de la garde présidentielle participer aux ratonades des quartiers peuls après entre les 23 et 27.

• Contre : et oui, la « décrétite » a repris de plus belle. Pas étonnant, le boss a rejoint le club fermé et de plus en plus réduit des chefs d’état infréquentables donc les invitations officielles sont de plus en plus rares – juste 2 petits sommets où sa tête était indispensable ce mois-ci. Il parait d’ailleurs que les invitations personnelles ont été très rares à Addis Abeba : de nos jours, mondialisation oblige, personne ne veut prendre des photos avec un futur locataire possible de la CPI. Et puis à force de prendre les locations de jets privés et d’étages de palaces occidentaux sans les payer ensuite, les cartes de crédit du PPAC et de « Junior Paladino » sont presque toutes décrédibilisées. Hélas nous comptons de plus en plus les ethnies à la sortie de chaque nouveau décret. Même si cette triste pratique existait déjà avant son pouvoir, grâce à lui elle est devenu le jeu favori de tous les guinéens. Il suffit de lire chaque semaine le compte-rendu officiel des conseils des ministres pour comprendre que notre PPAC et ses ministres sont complètement dépassés par les événements. En plein chaos national ils parlent de banalités et produisent des listes d’actions à mener d’un ridicule incommensurable – sauf pour eux. Sacré PPAC qui veut célébrer Ahmed Satan Touré le criminel et Diallo Telli Boubacar, sa victime innocente. La famille du dernier a dit un NON catégorique à cette tentative naïve d’achat de l’honneur et de la dignité de ce dernier avec des petits cadeaux présidentiels. En fait il était difficile pour le PPAC de se rendre à Addis Abeba sans avoir fait un geste aussi minime soit-il dans son pays d’origine. Il oublie une seule chose : cette réhabilitation en Guinée aura bien lieu dans un proche avenir. Et pour cela je serais en fait très gêné que ce soit sous son mandat, si proche de celui du dictateur de 1958. Pour rendre vraiment les honneurs qu’ils méritent aux milliers de victimes de l’Etat il faut un Président propre, pas un apprenti-dictateur médiocre comme le PPAC.

• Une Nouvelle Voie : demain nous n’aurons plus jamais besoin d’une commission nationale de réflexion sur les violences de l’Etat car nous n’aurons plus AUCUNE violence de l’Etat sur ses pauvres citoyens civils. Nous aurons plutôt un nouvel Etat chargé de protéger tous ses habitants contre la violence des loubards et autres criminels.

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4- Les décisions et actions « négatives » du mois : le mois démarre en force avec l’amélioration du dispositif de « matage » lors de la marche de l’opposition du 02 : des citernes qui déversent de l’eau chaude ! Sûrement un cadeau de la société de dealers d’armes sud-af Paramount de son ami Ivor Ischikovic. Bientôt ils rajouteront aussi du piment rouge à leur mélange ; le 05, la CENI interrompt ses travaux de révision des listes électorales à Conakry et dans les autres villes du pays pour manque de matériels et consommables pour poursuivre ses travaux : quand je vous disais que cette date était fixée juste pour empêcher les Nations Unies de piloter ces élections ; ensuite, le processus de révision des listes électorales a repris « à la guinéenne » ce mois-ci : corruption et clientélisme des agents, matériel en panne presque permanente, retards provoqués par les agents pour augmenter leurs perdiems et j’en passe – et ils ont le culot de dire que plus de 2 millions de nouveaux électeurs ont été enregistrés en moins de 2 mois ; analyse sans appel de notre système judiciaire par deux avocats français venus défendre des clients guinéens dans un procès intenté par le PPAC : « Nombre d’organisations internationales ont déjà dénoncé les failles béantes du système judiciaire guinéen matérialisées par l’absence d’indépendance de la justice, la corruption, l’absence de présomption d’innocence, l’insuffisance de la protection des droits des accusés, le rôle néfaste du Président de la République et du Ministre de la justice dans les procédures pénales, la détention provisoire abusive, et la violation du principe du procès équitable ». Après ce constat la CPI peut déjà préparer des cellules pour Dadis et compagnie pour le procès du massacre du 28 septembre 2009 ; quel homme, notre PPAC : non seulement il fait tuer 6 enfants de 14 à 22 ans (4 Diallo, 1 Barry et 1 Sow) par ses gendarmes lors des manifestations politiques du mois passé, mais il refuse ensuite de rendre les corps à leurs familles pour les enterrer selon nos coutumes et traditions : il a fallu près de 3 semaines de tractations et de nombreuses interventions pour qu’il accepte enfin de le faire. Il vient de quelle planète celui-là ? ; 1ère grosses pluies de la saison = 1ères inondations massives des quartiers du centre-ville. Les populations sont sorties avec le slogan « Coronthie en a marre ». Et dire que le PPAC appelle les quartiers de l’opposition des ghettos ; nouvelle marche de l’opposition le 23 et représailles du PPAC et du RPG les 24, 25, 26 et 27– une quinzaine de nouveaux morts (99% de peuls), des centaines de blessés (dont une fillette de 3 ans, par balles – une marcheuse ?) et dégâts matériels importants (y compris l’incendie d’un marché). Rien que le 25, pour le 50e anniversaire de l’unité africaine et pendant que le PPAC faisait la fête à Addis Abeba, ses troupes ont abattu une dizaine d’enfants guinéens – bonne fête de l’Afrique libérée de la dictature, de l’injustice et de l’impunité coloniales, Prési ! Cerise sur le gâteau, les loubards surexcités, payés par le pouvoir pour déclencher les bagarres et les violences physiques sont désormais appelés « citoyens patriotes » ce qui va du coup entrainer de nouvelles vocations pour les désœuvrés de la capitale. Vous vous souvenez des « chevaliers de la république » dont je vous parlais il y a 2-3 mois ? Maintenant ils sont entièrement opérationnels ; le 27, le PPAC nous présente une solution originale à la crise sociale aigue : il décrète un nouveau ministre de la sécurité qui a été dans sa jeunesse un tortionnaire du camp Boiro. Son prédécesseur bénéficie d’une promotion pour le meurtre d’une trentaine d’innocents depuis qu’il est en fonction : il rejoint le cercle très large des ministres à la présidence ; le 29, encore un nouveau décret, cette fois-ci pour confirmer la campagne électorale à partir du 30 mai et la date du 30 juin pour les législatives – sans fout la mort, disent les Ivoiriens ; le 30, le PPAC s’envole de nouveau pour Yokohama pour participer au sommet des mendiants avec le Japon, encore une fois à nos frais ; jusqu’au 31 le doute persiste sur la réalité ou non du décret du 29 – coup fourré des faucons de la présidence ?

Sous-chapitre spécial : résumé détaillé du procès du 19 juillet 2011 : on touche le fond (aux sens propre et au figuré) ce mois-ci : les épisodes du soap-opéra reprennent le 06, après une interruption de plus d’une semaine. C’est toujours « l’ange de la mort » Gabriel Tamba Diawarra qui est à la barre pour nous raconter tous ses bienfaits pour ses détenus. Ce mois-ci il offre des enregistrements sonores presque inaudibles de dépositions de Fatou Badiar et AOB que ceux-ci rejettent en bloc le lendemain – comme on dit chez nous : c’est eux qui sait ! Le 09, nous découvrons le commandant de l’Escadron mobile numéro 18 du quartier Cosa et officier de police judiciaire, le commandant Abdoul Karim Barry (AKB), le premier Judas du procès. Après la description rocambolesque de ses œuvres dans la famille d’ El Hadj Boubacar, un des inculpés, il tombe tête première dans le piège d’un des avocats de la défense : il est devenu (grâce au narco procu-rieur Fernandez) agent de police judiciaire en avril 2012 alors qu’il a joué ce rôle en juillet 2011, donc ses actions étaient totalement illégales. Le ridicule des témoins est si flagrant que le président de la cour interdit désormais toute confrontation publique entre eux et les accusés parce que ceux-ci les ridiculisent chaque fois. Du coup les dépositions des témoins ont perdu en partie l’intérêt du public, ce qui était sûrement l’effet escompté. Deux petits films ont été présentés ce mois-ci : le 1ère montre le véhicule ensanglanté d’AOB. Hélas le nettoyage (effacement) de la pellicule a été mal fait et on entend le commandant-gorille Pivi dire clairement « on amène les armes ici » en montrant le véhicule vide ! Le 2e montre des prises de vue de la villa attaquée aux hélicoptères, obus et kalaches : quelques feuilles de contreplaqué percées, des tôles du toit tordues vers le haut (comme pour des tirs venant de la maison) et quelques murs criblés de balles espacées provenant de rafales de 2-3 armes automatiques. Pas de photo de la chambre d’où le PPAC a été extrait par un des témoins juste avant qu’elle ne soit désintégrée par une roquette – dommage. Le 15, nous découvrons l’équipe médicale du camp militaire Samory Touré qui a reçu les « vilains assaillants » blessés le lendemain de l’attaque : le médecin-chef colonel Jean Kéita et le médecin ( ?! ) du service réanimation, le caporal-chef Ansmane Sanoh. Leurs dépositions étaient pour une fois cohérentes avec la logique humaine. Je dois reconnaitre qu’elles ont jeté quelques doutes sur les affirmations d’AOB notamment sur son état de conscience ce jour-là. Le clou de cette journée a été le 1er coup de colère du président de la Cour à l’endroit des envoyés du PPAC. Excédé (enfin !) par les interruptions intempestives du narco-procureur il a crié : « vous sabotez les débats monsieur le procureur ; asseyez-vous ». Ce dernier a rétorqué : « vous n’avez pas le droit de me dire de m’asseoir » sur un ton menaçant avant de s’excuser, pour la forme. Il savait que ce président téméraire recevrait 100 coups de martinet présidentiel le même soir pour outrage à dictateur et « abstention délictueuse au bon déroulement » du procès présidentiel. Le colonel Keita qui a opéré AOB et Jean Guilavogui a confirmé que leurs blessures étaient bien causées par des éclats de grenade, mettant une fois de plus à nue les arguments des agents judiciaires du PPAC qui du coup n’auront presque pas de question pour ces 2 témoins qui risquaient même de les enfoncer encore plus si on les laissait parler. La journée du 16 a été très chargée (négativement) d’abord avec le refus du président de la Cour de remettre en liberté provisoire les 17 accusés qui ont été clairement interpellés à tort comme démontré plusieures fois depuis le début de ce procès. Le vrai président du procès (le PPAC) a dû dire NON car leur clavaire n’était pas encore suffisant à ses yeux. J’aurais compris s’il n’avait jamais séjourné dans les prisons guinéennes, mais vu le contraire, on ne peut que conclure une fois de plus qu’à sa haine grandissante pour tous les peuls de Guinée. Ensuite on nous présente le capitaine Yomba Tolno, un « expert en armement » sorti de la faculté du narco-procureur. Malgré les objections de la défense sur ce témoin formaté, le président de la Cour autorise cette déposition. Il a fait une « présentation magistrale » (l’une des expression préférées des spécialistes de la rubrique 2) sur les grenades défensives et offensives pour arriver à la conclusion qu’elles sont toutes mortelles mais qu’on pouvait également ne pas en mourir, avec la bénédiction divine ou maraboutique. Le 17, il y a un nouveau transport judiciaire sur le véhicule d’AOB où notre expert confirme que les impacts viennent peut-être d’une grenade tombée juste à l’extérieur du véhicule. De retour dans la salle, nouvelle tactique de la partie civile et du narco-procureur : si c’est bien une grenade, elle a donc éclaté au niveau du domicile du PPAC et non au centre-ville comme le dit l’accusé. Bref ils n’ont aucune gêne à contredire en public leurs arguments précédents sur ces blessures – c’est ça qu’on appelle la Justice à la guinéenne ! Le 20, le commandant de l’unité de l’artillerie du Camp Alpha Yaya Diallo, le lieutenant-colonel Pascal Faya Mara et le commandant du bataillon spécial des troupes aéroportées du même camp, le lieutenant-colonel Mohamed 2 Touré, ont comparu à titre de témoins. Ils ont tous les deux innocenté leurs adjoints accusés (Abdoulaye Diallo et Mohamed Sow) expliquant qu’ils les ont fait arrêter uniquement en raison d’ordres directs de leurs supérieurs hiérarchiques, sans qu’ils aient le moindre doute sur leurs innocences. Le 21 c’est enfin le transport judiciaire sur le lieu du crime mais la villa est déjà entièrement rénovée (avant même les enquêtes) donc celui-ci ne servira à strictement rien.

Finalement le 27, après 5 mois de procès, 32 prévenus interrogés sur 33 (comme par hasard le seul ayant disparu est le lieutenant Mohamed Condé, sûrement sauvé par son nom de famille) et une douzaine de témoins, les étapes finales du procès démarrent. Ce sont les plaidoiries des avocats de la partie civile, le réquisitoire du procureur, les plaidoiries des avocats de la défense et finalement les sentences. Vous remarquerez qu’il n’y a pas eu audition de témoins de la défense – personne n’a voulu prendre ce risque qui équivaut à une condamnation en sursis. Ce jour-là c’est d’abord Maitre « Grand Corps Tremblant » Destephen qui introduit péniblement (comme chaque fois qu’il a pris la parole). Ensuite c’est Maitre « Iznogoud » Doumbouya qui crache son venin fade, haineux et très peu convaincant. Il demande 2 peines de mort (AOB qu’il a qualifié de « Bob Dinar » du complot pour montrer qu’il a de la culture générale et Jean Guilavogui), une dizaine de peines exemplaires (dont Mme Fatou Badiar et tous les mouchards de la Présidence) et pratiquement la relaxe pour tous les autres, leur dossier étant vide même pour ses yeux criminels. Le 28, c’est Maitre « double Valium » Kamano dont le seul argument en 5 heures de plaidoirie était la grandeur du PPAC (« ils ne connaissent pas l’Homme »). Normal, il n’a pas encore touché son dernier cheque. Enfin pour clore les accusations, le réquisitoire les 29 et 30 du narco-procu-rieur Fernandez, qui dans son français et ses grimaces de délinquant non repenti n’a pas manqué d’insulter les présumés innocents avant de plaider – sans aucun argument solide – pour les peines les plus lourdes possibles, y compris bien-sûr la peine de mort pour 4 prévenus dont AOB, Jean Guilavogui et la pauvre Mme Fatou Badiar Diallo. Il conclu en demandant la relaxe de seulement 8 cas – tous les 24 autres au poteau ou au bagne, sans aucune preuve tangible ! Des requêtes encore plus sévères que ses prédécesseurs. J’avais honte d’être guinéen en suivant son monologue. Finalement le 31, les plaidoiries de la défense commencent.

• Pour : comme chaque mois : R.A.S. (Rien A Signaler)…

• Contre : pour la marche »pacifique » de l’opposition le 02, le bilan macabre va crescendo : 6 morts (un policier le 02 et cinq civils dont 3 mineurs le 03) et une trentaine de blessés. Nouveau sommet atteint : 2 responsables de partis sont roués de coups et blessés – il ne reste plus que l’assassinat des chefs de l’opposition. La marche du 23 et les exactions des jours suivants (la pire semaine noire du PPAC) par les milices du RPG appuyées par les policiers et gendarmes du pouvoir constituent à mes yeux un tournant grave dans le mauvais sens pour la stabilité sociale du pays. Le cap de dizaines de morts et centaines de blessés pour une simple manifestation autorisée par la constitution nationale est une fois de plus franchi. Dieu merci, les vidéos sur Youtube et les photos sur le Net montrent clairement ces loubards civils, appuyés par les forces de désordre callaisser et tuer des jeunes qui ripostent dans les quartiers peuls uniquement. La ligne rouge de l’acceptable est franchie et entraine désormais une réaction compréhensible vers la création de brigades d’auto-défense et de sécurité (en fait d’autres milices) dans les quartiers de l’opposition. Hélas l’étape suivante est souvent la création d’une armée de résistance et ensuite c’est le chaos, comme chez tous nos pays limitrophes. Le PPAC a intérêt à éteindre immédiatement les étincelles de ce feu ardent sinon il sera le 1e président (et sûrement le seul) qui aura déclenché une guerre civile nationale en Guinée.

• Une Nouvelle Voie : le moment est venu d’être un peu plus créatif au niveau de l’opposition démocrate pour cesser de faire les choses de la même manière (morts et blessures invalidantes de jeunes et d’enfants) en espérant des résultats différents. Pourquoi pas de nouvelles approches de lutte qui feraient bien moins de dégâts humains tout en restant efficaces ?

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M. le PPAC, les journalistes français ont évalué ce mois-ci les « moi Président » d’il y a tout juste un an de François Hollande, le 1er « Président normal » de ce pays. Ils ont trouvé que 12 des 15 promesses électorales directes du candidat ont été soient réalisées soit sont en cours de mise en œuvre. Hélas pour lui, les deux plus importantes pour les français (lutte contre le chômage et reprise du pouvoir d’achat) s’aggravent d’où une côte de popularité en chute libre à environ 25% de satisfaits. Néanmoins, ce n’est pas si mal, vu la timide reprise de la croissance mondiale, surtout comparé à vous après près de 3 années de pouvoir absolu.

Personne ne peut évaluer précisément le dénominateur de vos promesses farfelues tant elles étaient nombreuses. Mais le numérateur est connu de tous : 0. Donc le pourcentage est également facile à calculer : ZERO pointé. Je refuse de compter toutes les réalisations économiques entamées par Fory Coco et que vous n’avez eu que le privilège de conclure sans gloire. Vous avez donc mérité votre titre de « Président anormal ». Pour preuve j’ai retrouvé un de vos plus célèbres discours de campagne en fin 2010, dont voici des extraits : « au bout de 3 ans non seulement nous serons autosuffisants (sur le plan alimentaire) mais nous aiderons nos frères maliens et sénégalais à être autosuffisants et à ne plus importer de riz. Vous ne vieillirez plus avant l’âge, à 50 ans on dira que vous avez 20 ans, tous les 5 ans. Guinéens vous pouvez rêver. Quand vous vous réveillerez vous verrez que ce n’est pas un rêve. Vous allez vous réveiller en disant qu’il y a de l’électricité .Vous allez rêver il y a de l’eau, vous allez vous réveiller il y aura l’eau. Vous allez rêver il y a le chemin de fer, vous allez vous réveiller le train vous amènera à Kankan, à Lola, à Bamako. Nous promettons à nos amis Burkinabès, parce qu’eux ils n’ont rien, que vous allez partager les biens de la Guinée avec eux parce que nous ne sommes pas égoïstes…..et je sais que le peuple de Guinée adhère à cela parce que le peuple de Guinée est un peuple accueillant, a le sens de l’hospitalité, qu’il saura partager. Est-ce que vous prenez l’engagement de partager les richesses du peuple de Guinée avec les autres pays africains ? Est-ce que vous prenez l’engagement ? (OUI, hurlent en chœur les fanatiques). Voila ce que le RPG et son président vous promettent dans les (trois) années à venir. Yes we « Canne », Yes we « Canne » et la foule s’égosille « Obama, Obama » ;(puis s’adressant à une personne sur la tribune) : il faut noter dans ton carnet et transmettre ce message à mon ami et frère Blaise ». Les moutons guinéens présents dans la salle ne vous ont pas bien écouté ce jour-là car vous leur aviez pourtant bien dit ce que vous comptiez faire de nos richesses – et de nous.

Si on rajoute à tout cela la gratuité de tous les soins pour les femmes et les enfants, les ordinateurs pour tous les élèves…etc. Vous avez malgré tout continué à vous enfoncer les 2 années suivantes dans vos rêves irréalistes : « costumes pour les hommes et boubous Bazin pour les femmes » après votre « atteinte du PPTE » et autres fausses promesses et gros mensonges. Je comprends pourquoi vous avez dit récemment à votre pote Sylla Futurelec lors d’une de vos « sommets des caniveaux » que si vous saviez, vous n’auriez jamais été candidat. Mais voilà, vous avez triché et vous êtes maintenant président de la Guinée et de 5% des guinéens. Cette responsabilité vous la porterez comme Jésus sa croix, jusqu’à la fin de votre vie.

Tic-tac, Tic-tac, la montre tourne ; aujourd`hui est le 892e jour du « changement radical » et du « Guinea is back » - déjà 2 ans, 5 mois et 10 jours ! Ce mois-ci notre pays a perdu un des plus grands patriotes du pays et du Net guinéen, le doyen Mohamed Sampil. Il nous avait prévenu dès le départ du malheur qui nous attendait après les élections présidentielles de 2010. Il savait de quoi il parlait, après avoir essayé dans une vie précédente de cheminer avec le PPAC car il avait finalement compris le danger ethnique d’une telle entreprise. Courageusement il avait claqué la porte pour rejoindre l’opposition avec le parti NGR. Puis il avait pris la retraite en France il y a presque 18 mois pour retourner continuer le combat en Guinée. Hélas il n’aura connu l’« AC d’AC » (Gandhi Barry) et ne verra pas le « bye-bye AC ». A nous donc de finir le boulot - pour lui et pour tous les guinéens, même ceux qui n’ont pas encore compris l’urgence pour eux-mêmes…

Pour y arriver, je propose une nouvelle stratégie aussi efficace et moins "carnivore" de nos jeunes et enfants : la mise en place d’une "Place de la Démocratie et de l’Egalité" sur l'esplanade du stade du 28 septembre ou du palais du Peuple - une Place Tahir a la guinéenne ou l’équivalent en Ukraine lors de la révolution des œillets. Un sitting permanent et à long terme, entouré de gardes protecteurs de l'opposition. Au bout d'un mois et vu la misère actuelle, si les slogans et harangues sont bien choisis, il y a aura 300,000 personnes full-time sur la place. Et si le PPAC ose foncer dans le tas, ce sera un lâchage total, national et international (y compris sûrement de certains chefs de son armée), dont il ne pourra plus se sortir cette fois-ci.

Ceci est peut-être difficilement réalisable actuellement en ce début de saison des pluies mais de grâce il faut réfléchir et innover mes frères et sœurs, trouver autre chose que les marches avortées chaque fois sauvagement. La victoire n'est plus très loin - le dictateur est désormais à genou sur les plans international, politique, économique et social - il le sait maintenant. Et cela le rend tous les jours encore plus dangereux...


31 mai 2013

A.O.T. Diallo


NB : vous pourrez suivre chronologiquement cette série et les précédentes (depuis le début du changement en Guinée en janvier 2007) sur mon nouveau blog: https://aotdiallo.wordpress.com/


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