GUINEE : La démocratie n’est pas la calomnie

La calomnie est une accusation mensongère portant atteinte à l’honneur d’un individu alors que la démocratie est un régime politique qui suppose, entre autres, un débat : c'est-à-dire un libre échange d’idées entre différentes personnes pour aboutir à une décision.
Il se trouve que les Guinéens sont à la veille du choix du leur futur Président de la République et il est surprenant de constater que les échanges entre ces citoyens sur les sites Internet ne portent guère sur l’avenir du pays à travers les programmes politiques et économiques des candidats mais sur leur personnalité.
En d’autres termes, c’est comme si les Guinéens n’ont pas encore tiré les leçons du passé car une des causes de la misère en Guinée depuis son indépendance est liée à la personnalisation du pouvoir par ses dirigeants ; à savoir le culte de la personnalité.
Actuellement, pour une grande partie de ceux qui écrivent sur le net, nous nous retrouvons en contradiction avec les principes de base de la démocratie. En fait, nous nous contentons de calomnier notre adversaire et de chanter les louanges de notre candidat alors qu’il aurait été plus intéressant pour le pays de véhiculer et argumenter les idéaux, la philosophie, le plan d’action de nos candidats respectifs.
Par exemple, au travers d’articles que l’on peut lire sur le net, Alpha Condé est présenté par les uns comme un dictateur, un héritier de Sékou Touré, en somme un épouvantail sectaire.
En revanche, pour les autres, Dalein Diallo est un fossoyeur repenti de l’économie guinéenne, un baron de l’ancien régime en gros, celui qui va assurer à son ethnie son tour de gouvernance du pays.
On peut encore relever de nombreuses calomnies plus ou moins virulentes concernant l’un ou l’autre des candidats.
Mais enfin, qu’est ce que ces calomnies peuvent apporter à la guinée ?
Quelles soient vraies ou fausses, en quoi pourraient- elles changer le quotidien des masses ?
Où est le débat démocratique ?
En effet, pouvons-nous imaginer que le prochain Président puisse prendre le risque d’une guerre civile en Guinée en favorisant une ethnie par rapport aux autres ?
Nous souhaitons qu’il soit le Président de la République ; pas plus celui de la basse que de la moyenne, haute Guinée ou de la forêt.
La démocratie en Guinée a été arrachée de haute lutte par tous ceux qui souhaitaient une rupture avec les anciennes pratiques. Soyons vigilants !
Au-delà de nos affinités et de nos sympathies exigeons de nos candidats respectifs un renforcement de la démocratie par la création d’un « ETAT FORT » c'est-à-dire un Etat de droit dans lequel règne le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, la garantie des libertés individuelles, la justice.
La guinée n’a pas besoin « d’hommes forts », elle a besoin de véritables démocrates qui intègrent le fait que la lumière vient du débat d’idées, qui comprennent qu’il ne s’agit pas de parler plus fort que l’autre, ni d’être violent pour avoir raison et qui défendent l’idée que les hommes publiques ont une vie privée ,une dignité qui doivent être sauvegardées au même titre que celles des autres citoyens.
C’est à ce prix que notre société pourra avancer dans le monde moderne.
Vive la Guinée démocratique !

Sogbe Bangoura
Sogbe.bangoura@gmail.com
Paris, le 23 août

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