Ukraine: Macron, Scholz et Draghi ensemble dans un train pour Kiev
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le Premier ministre italien, Mario Draghi, font route jeudi vers Kiev pour apporter le soutien des Européens à l'Ukraine et à ses aspirations à entrer dans la "famille européenne" face à l'agression russe.
Les trois dirigeants ont pris place ensemble à bord d'un train spécial, a confirmé la présidence française. Une photo, diffusée par les réseaux sociaux de médias allemands et italiens, les montre assis autour d'une table dans un salon boisé du train où ils ont embarqué en Pologne.
Le trio doit rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelinsky, qui réclame le statut de candidat à l'UE pour son pays ainsi qu'une accélération des livraisons d'armes occidentales pour résister à la poussée des Russes.
"Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d'envoyer des signaux politiques clairs, nous Union européenne, à l'égard de l'Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois", a déclaré le président français, qui a visité auparavant une base de l'Otan en Roumanie.
Ce déplacement est une première pour les dirigeants des trois principaux pays de l'Union européenne, depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février.
Les trois hommes doivent rencontrer M. Zelensky pour évoquer, outre le soutien militaire, la demande de l'Ukraine de rejoindre l'Union européenne. La France, l'Allemagne et l'Italie y sont favorables, mais dans une perspective plus ou moins lointaine.
L'Ukraine n'en attend pas moins du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande officielle d'adhésion, début d'un processus de négociations qui peut durer plusieurs années.
Son président devrait également réitérer sa demande de nouvelles livraisons d'armes lourdes, indispensables, assure-t-il, pour contrer la puissance de feu russe.
- "Soyez avec nous" -
"Nous sommes avec vous, soyez avec nous", a déclaré M. Zelensky aux députés tchèques à Prague lors d'une téléconférence, citant un appel lancé par un présentateur de la radio tchécoslovaque en 1968 alors que les occupants soviétique tentaient de couper la radio.
"Aujourd'hui, alors que le peuple ukrainien lutte pour sa liberté contre l'invasion cruelle de la Russie, nous utilisons ces mots pour nous adresser à toutes les nations d'Europe et du monde démocratique", a-t-il ajouté.
"L'Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire", a-t-il martelé.
Mercredi soir, M. Zelensky a dit sa "gratitude" à l'égard des Etats-Unis pour la nouvelle tranche d'aide militaire que son homologue américain, Joe Biden, lui a annoncé dans la soirée au téléphone.
"Les Etats-Unis ont annoncé un nouveau renforcement de notre défense, une nouvelle tranche d'aide d'un milliard de dollars", a confirmé mercredi soir M. Zelensky dans son message vidéo quotidien.
"Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass", la région de l'est de l'Ukraine épicentre des attaques russes actuelles.
L'aide américaine comprend notamment des pièces d'artillerie et des obus supplémentaires.
Mercredi, le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à "intensifier" les livraisons d'armes aux Ukrainiens.
- "Moment charnière" -
"L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, lors d'une réunion au siège de l'Otan à Bruxelles des pays du "groupe de contact" créé par les Etats-Unis pour aider l'Ukraine. "Nous devons donc intensifier notre engagement commun" et "redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre", a-t-il ajouté.
M. Zelensky a indiqué s'être également entretenu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, lequel a assuré sur Twitter soutenir l'Ukraine "jusqu'à la victoire finale".
Les combats se concentrent depuis pusieurs jours à Lyssychantsk et Severodonetsk, deux villes clé du Donbass (est). Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Severodonetsk, et ne plus disposer que de "voies de communication compliquées" avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l'usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100.000 habitants, avec plus de 500 civils à l'intérieur, selon le maire de Severodonetsk Oleksandre Striouk.
Moscou a proposé mardi un "couloir humanitaire" qui permettrait d'évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l'a pas confirmé.
La Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d'avoir empêché cette opération.
L'ONU s'inquiète de son côté des conséquences de la crise alimentaire provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine. Si le monde n'arrive pas à juguler cette crise, le record de 100 millions de personnes déracinées va grossir encore d'"un grand nombre de gens", a prévenu le Haut Commissaire aux réfugiés de l'ONU, l'italien Filippo grandi.
Afp
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