Face à la Nation, Vladimir Poutine fustige l'Occident qu'il accuse de "russophobie"

Le président russe Vladimir Poutine a accusé mardi 21 février l'Occident d'utiliser le conflit en Ukraine pour "en finir" avec la Russie, dans un discours annuel sur l'état de la nation, estimant que les Occidentaux portaient "la responsabilité" de l'escalade.

"Les élites de l'Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes", a-t-il martelé, dans une allocution intervenant trois jours avant le premier anniversaire de l'offensive russe.

"La responsabilité de l'escalade dans le conflit ukrainien et ses victimes (...) repose totalement sur les élites occidentales", a encore dit le président russe, répétant sa thèse selon laquelle l'Occident appuie des forces néonazies en Ukraine pour y consolider un État antirusse.

Avant cela, il avait affirmé qu'il restait déterminé, un an après le début de son offensive en Ukraine, à la poursuivre, alors que son armée est à la peine depuis des mois sur le champ de bataille, en dépit de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes.

"Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d'un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d'État de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous", a-t-il assuré.

Face à l'élite politique du pays et des militaires ayant combattu en Ukraine, il a aussi remercié "tout le peuple russe pour son courage et sa détermination".

Appel au patriotisme économique

Vladimir Poutine n'a cependant pas exposé de stratégie pour remporter le conflit en Ukraine, ni évoqué les pertes militaires russes, qui selon l'Ukraine et l'Occident sont abyssales.

Évoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux "ne sont arrivés à rien et n'arriveront à rien", alors que l'économie russe a mieux résisté qu'anticipé par les experts.

"Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens", a-t-il noté, estimant que l'Occident avait échoué à "déstabiliser notre société".

Selon lui, la baisse du PIB en 2022 de seulement 2,1 % est un succès. Il a aussi assuré que l'inflation allait bientôt se stabiliser près de son objectif de 4 % par an.

S'adressant aux richissimes hommes d'affaires russes dont des biens, des yachts ou des comptes ont été saisis à l'étranger dans le cadre des sanctions, Vladimir Poutine a souligné que "personne parmi les gens simples ne les plaint", rappelant comment une élite d'oligarques s'était enrichie à la chute de l'URSS.

Le président russe les a donc appelés au patriotisme économique : "Les sources de bien-être, de l'avenir doivent être ici, dans le pays natal, la Russie."

"Investissez en Russie", a-t-il dit, "l'État et la société vous soutiendront".

Un Occident présenté comme décadent

Vladimir Poutine a aussi appelé à poursuivre les "traîtres" en Russie, en pleine répression de toute voix critique du Kremlin et du conflit en Ukraine, à coup d'arrestations et de lourdes peines de prison.

"Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi", a déclaré le président russe, avant d'assurer qu'il ne s'agissait pas pour autant d'une "chasse aux sorcières".

Aucune voix critique du Kremlin n'est tolérée en Russie. Depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine, toute critique de l'armée est passible de 15 ans de prison, et les rares figures de l'opposition à ne pas s'être exilées ont été incarcérées, à l'instar d'Ilia Iachine et de Vladimir Kara-Mourza. Mais de nombreux anonymes ont également été arrêtés pour avoir pris position contre le Kremlin.

Des dizaines de milliers de Russes, peut-être des centaines de milliers, se sont en outre exilés depuis un an, craignant la répression ou d'être mobilisé sur le front.

Enfin, Vladimir Poutine, comme il le fait depuis plusieurs années, a de nouveau présenté l'Occident comme décadent, estimant que la pédophilie y était devenue une norme.

"Regardez ce qu'ils font avec leurs propres peuples : la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu'à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (...). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels", a-t-il lancé dans son allocution.

Avec AFP

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