QUEL AVENIR POUR LES RAPPORTS INTERCOMMUNAUTAIRES EN GUINEE ?
Après les événements qui ont marqué et accompagné les élections présidentielles, nous sommes en droit de nous interroger sur l’avenir des relations intercommunautaires en Guinée. Depuis l’avènement de l’indépendance du pays en 1958, les relations intercommunautaires ont toujours été biaisées et influencées par les politiques et, les élections de juin et de novembre 2010, ont fortement contribué à la détérioration du climat social guinéen au point même d’instaurer un nihilisme sur l’existence de l’une des communautés du Pays.
Il importe de notifier qu’avant l’indépendance du pays, ces communautés vivaient et entretenaient des relations amicales harmonieuses, fondées sur l’amour, le respect et l’entraide sociale. C’est le premier régime politique piloté par Sékou Touré qui a crée et instauré « l’ethnocentrisme politique » comme argument politique pour diaboliser les leaders peulhs chez les autres communautés qui composent le pays. Sékou Touré qui fut le premier Président de la Guinée, avait crée l’ethnocentrisme politique pour lutter contre Barry Diawadou et depuis il a maintenu son concept politique afin d’éliminer tous les intellectuels susceptibles de le concurrencer sur le plan politique. Et malheureusement, les autres chefs d’Etat se sont servis de ce concept pour se maintenir au pouvoir tout comme l’actuel président, faisant croire à la communauté nationale et internationale qu’il est élu démocratiquement. Alpha Condé par manque d’arguments politiques valables, a volontairement attisé la fibre ethnique pour manipuler les communautés afin d’accéder au pouvoir. Rappelons-le au passage que 97% de ces communautés sont analphabètes, ce qui sans doute, facilite l’acceptation de cette manipulation politique. Cependant, les réalités quotidiennes nous font croire que la ségrégation ethnique est une chose naturelle contre certains guinéens. Que faut-il faire pour stopper la considération ethnique dans l’exercice du pouvoir en Guinée? Quelle attitude faudrait-il adopter pour barrer la route aux ethnocentristes afin de préserver la paix sociale, quand on connait les conséquences d’une telle politique ?
Autant de questions et d’inquiétudes que les guinéens se posent, cherchent à résoudre pour préserver leur fragile unité nationale, une unité mise en péril par cet autre venu d’ailleurs.
Force est d’avouer avant tout qu’en Guinée les relations intercommunautaires sont tributaires de la volonté politique du régime en place et, depuis l’indépendance du pays, tous les régimes qui se sont succédés sont des régimes à caractère ethnique, dépourvus de tout programme de développement national adéquat. Malgré les conséquences connues de cette politique d’ethnocentrisme, les politiciens guinéens refusent de se débarrasser de ces arguments ségrégationnistes, jouant sur la complaisance et l’optimisme des hommes politiques de l’ethnie ségréguée. Cette réalité donne l’impression que ce ne sont uniquement que les leaders de l’ethnie peuhle qui tiennent à l’unité nationale en Guinée parce que ces derniers ont une éducation basée sur l’amour, la fraternité, l’égalité et surtout la solidarité sociale. La succession douloureuse des événements qui ont marqué le paysage politique guinéen devrait pousser les politiciens à changer de discours avant que ce beau pays n’emboite le regrettable pas du Rwanda, du Burundi, du Soudan, du Liberia, de la Sierra Leone et celui de la Côte d’Ivoire où les flammes d’une politique ethnique brûlent d’innocents citoyens. L’unité nationale d’un pays multiethnique n’est pas seulement des mots ou d’exemples mais c’est un comportement à adopter en posant des actes allant dans la construction d’une véritable unité. Il ne suffit plus seulement de dire, « regarder ce qui se passe en Côte d’Ivoire ou encore moins ce qui s’est passé au Liberia, en Sierra Leone, au Rwanda » pour parler de l’importance de la paix sociale ou de l’entente intercommunautaire, il faut œuvrer avec une sincérité totale pour l’unité nationale. La manipulation ethnique a toujours abouti à une guerre civile dans tous les pays où elle a été utilisée comme argument politique pour obtenir le pouvoir et n’a jamais été une arme démocratique pour consolider un pouvoir. A force de ségréguer une ethnie, elle finit toujours par se rebeller pour se défendre mais aussi pour affirmer son appartenance légitime au pays en question. Voulons-nous arriver à un tel scenario en Guinée ? Si Non, c’est dès maintenant qu’il faut mettre en place une véritable campagne de sensibilisation sur un traitement égalitaire des ethnies. La Guinée appartient à toutes les communautés qui la composent et aucune ethnie n’est au dessus des autres. C’est inquiétant de voir le premier magistrat du pays jouer sur le fragile tissu social qui lie les communautés en Guinée ; après tout ce qu’il a causé comme conséquences durant les campagnes électorales. Il qualifie certains guinéens « les autres » alors que c’est lui même qui est cet autre en Guinée. Cet autre qui ne connait pas la Guinée et qui ne connait point ce dont les guinéens ont besoin. Il n’a pas encore l’intelligence de comprendre que l’unité nationale est le levier et le premier moteur pour amorcer le développement du pays. Il ne garantit pas l’unité nationale et veut manipuler certains ethnocentristes comme lui pour imposer au peuple de Guinée une autre dictature à l’image de celle de son modèle politique qui n’est autre que Sékou Touré.
Quelle voie à suivre pour rétablir le climat de confiance entre les communautés du pays ?
L’avenir des relations intercommunautaires en guinée, dépend de l’attitude responsable des hommes politiques. Il revient aux politiciens démocrates de chaque communauté de sensibiliser leurs parents et de leur dire que l’ethnocentrisme est une arme politique inventée par les ennemis de la République. Après ce qui s’est passé en Forêt et en Haute Guinée, il n’est plus question de respecter bêtement les consignes de leur leader pour chasser et tuer d’autres guinéens pour des raisons politiques. Si la Guinée brûle, ils brûleront aussi et le feu de l’ethnocentrisme emportera leur propre communauté. Les intellectuels de chaque communauté doivent forcément s’impliquer dans la sensibilisation pour démentir les propos ethnocentristes des leaders politiques comme le professeur président de notre pays.
Il est temps d’arrêter la manipulation des communautés pour accéder à la magistrature suprême sinon nous risquons de brûler à petit feu notre maison. Cela doit commencer par la dépolitisation des coordinations régionales. Les guinéens ont encore en mémoire la visite de la coordination du Manding chez l’ancien traitre de premier Ministre, pour dire publiquement que si leur fils n’est pas président, ils se retireront de la Guinée. Et si celle du Foutah Djallon ou encore celles de la Forêt et de la Basse Côte en avaient exigé autant, qu’allions nous faire de la Guinée ? Ces coordinations ne doivent avoir qu’un rôle social pour rapprocher et prêcher l’amour, la fraternité, l’unité nationale entre toutes les communautés guinéennes. Malheureusement, les plus bêtes des intellectuels et politiciens manipulent, induisent en erreur des vieux qualifiés de sages. Ces soit disant sages sont le plus souvent corrompus par un sac de riz, quelques kilos de sucre et de quelques liasses du franc glissant guinéen. Quelle honte pour la dignité de ces vieux mourants qui ne se soucient plus de la paix sociale du pays ? Des vieux qui vendent leur âme pour un criminel social qui, au fond n’a aucun respect pour eux et pour leur propre communauté. Il ne pense qu’à sa tête en sacrifiant le commun des guinéens, l’unité nationale.
Guinéennes et guinéens, il est bien évident que les stratégies sanglantes pour arriver au pouvoir ne seront plus imposées et tolérées dans le pays. Aucune ethnie n’acceptera des humiliations inhumaines pour préserver l’unité de la nation comme si elle est la seule qui tient à la paix sociale en Guinée. Ne plus jamais reproduire en Guinée, ce que nous avons vu à Siguiri et à Kouroussa si nous voulons, bien sûr maintenir la cohésion sociale entre nos communautés. Il nous revient à tous d’œuvrer avec la dernière énergie pour préserver ce qui nous lie, la Guinée.
Qu’Allah nous bénisse et bénisse notre Guinée natale.
Merci de votre visite, revenez quand vous le voulez.
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