Sidya Touré : Entre Pragmatisme et Défense de la Démocratie face à une Candidature du général Mamadi Doumbouya (Par A.M.C)

Les propos de Sidya Touré, lors de son interview avec la radio allemande DW, illustrent une approche stratégique face à l’éventualité d’une candidature du général Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle en Guinée. En affirmant qu’il n’a « pas de problème » avec cette perspective, à condition que toutes les candidatures soient garanties et que le processus se déroule dans un cadre démocratique, Sidya adopte une posture pragmatique. Il ne ferme pas la porte à cette possibilité, mais établit des conditions nécessaires pour assurer un environnement électoral libre et équitable. Toute fois, son message publié plus tard sur les réseaux sociaux, où il qualifie l’idée de la candidature de Doumbouya de simple « boutade », montre une position plus ferme. Il réaffirme avec force que le retour à l’ordre constitutionnel doit être la priorité absolue. Cette double approche de Sidya Touré révèle une stratégie fine qui combine flexibilité politique et engagement pour des principes démocratiques. D’un côté, il semble prêt à accepter les réalités de la transition de mon impression, en tenant compte de la possibilité pour Doumbouya de participer aux élections, tant que celles-ci sont ouvertes et transparentes. De l’autre, il met en garde contre toute tentative de prolonger indûment la transition militaire, soulignant que la priorité doit rester le retour à un ordre constitutionnel légitime. Ce discours s’inscrit dans une volonté de préserver la démocratie tout en naviguant prudemment dans un contexte politique où les tensions sont palpables. Cette posture rappelle plusieurs situations similaires en Afrique, où des militaires ont pris le pouvoir sous couvert de transition démocratique, mais ont fini par participer eux-mêmes aux élections. Le cas de l’Égypte avec Abdel Fattah al-Sissi est particulièrement pertinent. Après avoir renversé Mohamed Morsi en 2013, al-Sissi a organisé des élections en 2014, mais le processus a été largement critiqué pour son manque de transparence. Ce modèle, où un chef militaire utilise une transition pour consolider son pouvoir via une élection, pourrait être un risque pour la Guinée si le processus électoral n’est pas strictement encadré. Le Mali, sous le colonel Assimi Goïta, offre également un exemple frappant. Goïta a pris le pouvoir après un coup d’État en 2020, promettant une transition rapide vers la démocratie. Cependant, les retards dans la transition et les débats autour de sa participation à de futures élections ont créé un climat de méfiance. Le parallèle avec la Guinée est clair : Sidya Touré, en insistant sur la nécessité d’un cadre démocratique inclusif, cherche à éviter un scénario où la transition se prolonge au profit des militaires. Sur la scène mondiale, l’exemple du général Min Aung Hlaing au Myanmar est également pertinent. Après avoir orchestré un coup d’État en 2021, il a repoussé les élections et maintenu son emprise sur le pouvoir, suscitant une condamnation internationale. Ces exemples soulignent les risques de voir une transition militaire se transformer en un régime autoritaire, une situation que Sidya Touré semble prudemment vouloir éviter en Guinée. En qualifiant la candidature du généralDoumbouyah de « boutade », il met en garde contre le risqueque représente une transition prolongée sous le contrôle des militaires. L’insistance de Sidya sur la « liberté et la garantie » pour tous les candidats de faire campagne révèle une vigilance quant à la préservation d’un véritable processus électoral démocratique. Il ne veut pas d’une transition où le cadre démocratique serait seulement de façade, permettant ainsi à un leader militaire de se maintenir au pouvoir. Cette position est renforcée par les nombreuses critiques formulées dans des contextes similaires, où des élections ont été conduites pour valider le pouvoir des dirigeants militaires, au détriment de la démocratie. Néanmoins, l’histoire montre aussi que certaines transitions militaires peuvent bien se dérouler si elles sont encadrées correctement. Le retour au pouvoir de Charles de Gaulle en France, dans un contexte de crise, montre qu’un leader fort peut ramener l’ordre tout en respectant les principes démocratiques. En Guinée, Sidya Touré semble plaider pour une telle transition bien encadrée, où les institutions démocratiques seraient restaurées et où le pouvoir serait remis aux civils à travers un processus électoral légitime sans aucune exclusion . Les déclarations de Sidya Touré révèlent ainsi une position équilibrée. Il semble prêt à accepter la candidature du généralDoumbouyah, mais seulement si celle-ci s’inscrit dans un processus transparent et inclusif. Cependant, il réaffirme que le véritable enjeu reste le retour à l’ordre constitutionnel. Ce pragmatisme montre une volonté de tenir compte des réalités politiques sans pour autant sacrifier les principes démocratiques qui doivent guider la transition. En conclusion, Sidya Touré joue habilement sur les deux tableaux : il garde une certaine ouverture à l’égard de l’éventuelle candidature du généralDoumbouya après avoir laissé la tenue militaire, tout en mettant fermement en avant la nécessité d’un retour à une gouvernance civile. Il met en garde contre les dérives possibles d’une prolongation du pouvoir militaire, tout en insistant sur l’importance de respecter les principes démocratiques. À travers cette posture, il réaffirme son rôle de défenseur de la démocratie en Guinée, tout en naviguant dans un environnement politique complexe où les ambitions et les intérêts sont nombreux. Quant aux chances réelles du général Doumbouya de répondre aux exigences de la nouvelle constitution guinéenne, elles dépendront du cadre légal mis en place et du respect rigoureux des principes démocratiques. Sidya Touré rappelle que si la transition est dépravée au profit des militaires, les fondements de la démocratie guinéenne risquent d’être compromis. Le succès de la transition et des futures élections reposera donc sur la capacité à garantir une compétition électorale libre et équitable, où aucun acteur, militaire ou civil, ne serait avantagé au détriment des autres. Aboubacar Makissa CAMARA

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