
Fonction publique : L’exclusion silencieuse des stagiaires du journal Horoya
Le quotidien national Horoya, plus qu’un journal, est une institution : le gardien de notre histoire et de notre identité culturelle. Depuis plusieurs décennies, il a traversé le temps et les épreuves avec constance, demeurant fidèle à sa mission de témoin et d’informateur. Pourtant, derrière cette figure emblématique de la presse guinéenne se cache une réalité amère, ignorée du grand public : celle des stagiaires qui font vivre ce journal au quotidien. Ces jeunes Guinéens, diplômés, passionnés et dévoués, consacrent leur temps, leur énergie et leur talent à la rédaction, l’investigation et la couverture de l’actualité. En contribuant ainsi à la construction de notre mémoire collective, certains ont donné plus de dix, voire quinze ans de leur vie à Horoya, dans l’espoir légitime d’une reconnaissance et d’un avenir professionnel stable. Mais que leur a-t-on offert en retour ? Aucune récompense, aucun accompagnement financier, aucun soutien moral seulement un silence glacial de la part de la direction et du ministère de tutelle. L’injustice s’est exprimée avec une violence institutionnelle lors du récent recrutement de 10 000 jeunes à la Fonction publique. Ce concours national, censé offrir une opportunité à toute la jeunesse guinéenne, s’est transformé en nouvelle épreuve pour les stagiaires de Horoya, exclus sans motif clair. Une mise à l’écart d’autant plus choquante que 156 postes étaient pourtant réservés au Ministère de l’Information et de la Communication — dont dépend directement le journal. Ces jeunes, malgré des années d’attente et de sacrifice, ont payé 100 000 francs guinéens pour participer, s’astreignant aux formalités administratives et aux frais de dossier, dans un ultime effort pour décrocher la reconnaissance tant attendue. En vain. Tout cet investissement s’est heurté à un mur d’indifférence. L’absence de réaction du directeur général du journal est particulièrement préoccupante. Celui qui devrait plaider en faveur de ses collaborateurs semble adopter une posture ambivalente, laissant planer le doute sur ses intentions réelles. Ce silence, à défaut de solidarité, sonne comme une trahison envers celles et ceux qui font vivre Horoya. Ill est temps de mettre fin à cette injustice. Les stagiaires de Horoya ne sont ni invisibles, ni interchangeables. Ils incarnent l’avenir du journalisme guinéen et méritent pleinement d’être reconnus. Le Ministère de l’Information et de la Communication, ainsi que la direction de Horoya, ont une responsabilité morale et éthique : celle d’intégrer ces bâtisseurs dans la Fonction publique ou, à défaut, de leur octroyer un statut digne et une juste compensation. On ne peut bâtir un patrimoine commun sur le déni, la précarité et l’effacement de ceux qui l’ont construit. Le Collectif des Stagiaires du Quotidien National Horoya
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