Scandale DSK : «La vie de ma demi-soeur Nafissatou est détruite»
«Nafissatou va très mal. Elle pleure tous les jours depuis un mois. Jamais elle ne pourra oublier ce qui s'est passé. Sa vie est détruite. Elle est finie. Il n'y a plus rien à faire pour elle. Il n'y a plus que Allah qui puisse faire quelque chose pour Nafissatou. Son honneur est sali. Comme celui de notre village.»
Ainsi parle Mamadou Diallo, demi-frère de la femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn de crimes sexuels, dans une interview au Journal du dimanche depuis Indianapolis où il réside. C'est la première fois qu'un membre de la famille de l'accusatrice de l'ancien président du FMI s'exprime publiquement.
Mamadou Diallo, qui est arrivé aux Etats-Unis en 1988 à l'âge de 31 ans, depuis dit n'avoir appris la nouvelle que quatre jours après «le drame», par un membre de la communauté guinéenne du Bronx. «J'avais entendu l'histoire mais le nom de ma soeur n'était pas donné. Je ne savais même pas qui était le monsieur...» Désormais, il a un avis et le fait savoir: «L'homme de la chambre d'hôtel est un animal.»
Cet ancien chauffeur de poids lourd, reconverti dans le taxi avant un accident il y a trois semaines, dit avoir rendu visite à sa demi-soeur - ils ont le même père - à New York le 19 mai.
«Je ne sais pas ce qui s'est passé, dit-il au JDD. Je n'étais pas dans cet hôtel. Il n'y a que l'homme, Nafissatou et Dieu qui connaissent la vérité. Au fond de mon coeur, je pense que ma soeur dit la vérité. C'est une femme pieuse qui est incapable de faire du mal aux autres. Elle est timide et travailleuse. C'est une bonne musulmane.»
Le père de Mamadou et de Nafissatou était fermier dans le village guinéen de Tchiakoullé où il était également marabout et imam
. «Il a élevé tous ses enfants dans la religion et le respect des autres (...) Nous ne sommes pas allés à l'école. Mais il a appris le Coran à chacun d'entre nous. A Nafissatou comme aux autres. Elle fait ses prières tous les jours. Pendant le ramadan, elle donne de l'argent aux pauvres alors qu'elle est pauvre elle-même. Chaque fois que je lui téléphone pour lui demander d'envoyer de l'argent au village pour un mariage ou un malheur, elle le fait immédiatement.»
Avant de travailler au Sofitel, Nafissatou Diallo était, dit son demi-frère, employée dans «un restaurant familial du Bronx. Elle gagnait moins, mais c'était mieux pour elle.» Et de déclarer: «Je ne comprends pas pourquoi ce malheur nous arrive à nous. Cet hôtel n'était pas fait pour elle. L'argent n'est pas tout dans la vie. Il y a des choses plus importantes.»
Source: Liberation
Commentaires