Côte d'Ivoire : Laurent et Simone Gabgbo inculpés de "crimes économiques"
L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a été inculpé et placé en détention préventive pour "crimes économiques", de même que son épouse Simone Gbagbo, a annoncé jeudi 18 août le procureur de la République d'Abidjan.
Assigné à Korhogo (Nord), M. Gbagbo a été inculpé jeudi soir de "crimes économiques", notamment "vol aggravé, atteinte à l'économie nationale, détournement de deniers publics, pillage", a déclaré devant la presse Simplice Kouadio Kof. En résidence surveillée à Odienné (Nord-Ouest), son épouse a été inculpée mardi et placée en détention préventive pour "crimes économiques", notamment "concussion", a-t-il indiqué un peu plus tôt.
Laurent Gbagbo reste dans la résidence où il est assigné, tandis que son épouse doit "incessamment" quitter la sienne et être transférée à la prison d'Odienné, selon le procureur. Le médecin personnel de l'ex-président, demeuré avec lui, vient aussi d'être inculpé et placé en détention.
L'ex-couple présidentiel a été arrêté le 11 avril par les forces du chef d'Etat Alassane Ouattara, appuyées par la France, après deux semaines de guerre qui ont conclu une crise née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite au scrutin de novembre 2010. La crise a fait au moins 3 000 morts. Quarante et une personnalités civiles du camp Gbagbo, dont Laurent et Simone Gbagbo et une bonne partie de l'ancien gouvernement, sont désormais en détention dans le Nord, inculpées d'atteinte à la sûreté de l'Etat ou de "crimes économiques".
"JUSTICE DES VAINQUEURS"
Une soixantaine de militaires ont été aussi inculpés, dont quarante sont détenus dans des camps militaires à Korhogo et Abidjan. Le gouvernement d'Alassane Ouattara espère que la Cour pénale internationale, qui n'a pas encore officiellement ouvert d'enquête sur la crise post-électorale, inculpera et transférera à La Haye l'ancien couple présidentiel.
Les partisans de M. Gbagbo réclament sans relâche la libération de leur mentor et des autres personnalités arrêtées. Les exilés, notamment ceux du Ghana, où ont trouvé refuge des civils et des militaires fidèles au régime déchu, en ont fait un préalable à leur retour, en réponse à la "main tendue" récemment par Alassane Ouattara. Le camp Gbagbo et des ONG internationales ont plusieurs fois dénoncé ou redouté une "justice des vainqueurs" sous le nouveau président.
Selon ces ONG et l'ONU, des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été commis par les deux camps durant la crise mais aucune personnalité pro-Ouattara n'a été inquiétée. A quelques jours de son départ fin août, le chef de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), Choi Young-jin, a estimé jeudi à Ouagadougou que la page était tournée : selon lui, "la force de Laurent Gbagbo s'est totalement éteinte" et "tout s'annonce bien" pour le retour de la paix. La situation humanitaire reste toutefois "préoccupante" dans l'Ouest, région la plus meurtrie, malgré une "dynamique de retour" des déplacés internes, qui ne sont plus qu'environ 30 000, a souligné le coordonnateur humanitaire du système des Nations unies, Ndolamb Ngokwey.
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