L'assassinat de Mme Aissatou Boiro : hommage au grand serviteur de l'Etat

« La politique n'est pas l'art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent » assénait Henri Queuille (1884-1970), un homme politique français qui fut plusieurs fois ministre sous la 3ème République et trois fois Président du conseil (l'équivalent de Premier ministre) sous la 4ème République.

Le vendredi 9 novembre, Mme Aissatou Boiro, la directrice nationale du Trésor public, a été assassinée alors qu’elle regagnait son domicile par des hommes habillés en treillis militaire. Son seul tort est, mue par son intégrité, d'avoir eu le courage et réussi à démanteler un réseau de prédateurs, de bandits en cols blancs qui tentaient de détourner 13 milliards de francs guinéens des caisses de l’Etat en mai dernier.
Cet assassinat symbolise à la fois la perpétuation des crimes de sang et économiques en Guinée.

Paix à son âme ! Mais pour que ce sacrifice sur l'autel du service public, son courage et son exemple ne soient pas vains, nous devons tous faire preuve d'un supplément d'âme pour éradiquer la violence politique, l'impunité, la mauvaise gouvernance pour qu'enfin le peuple guinéen ait droit au bonheur, à la sécurité des personnes et des biens, que ce géant assoupi se réveille.
Le chanteur Mike Brant (1947-1975), dans une de ses célèbres chansons et en quête de luxure, criait "Où sont les femmes?". Quant à moi, dans mon indignation face à cet acte criminel et loin de ma contrée natale, j'ai plutôt envie de crier "Où sont les hommes?".

Mes condoléances à la famille éplorée et que justice lui soit rendue ! A travers la mort de Mme Aissatou Boiro c'est tout l'Etat, un grand serviteur de l'Etat, la mission de service public qui sont touchés.

Que Dieu préserve la Guinée !

Nabbie Ibrahim « Baby » SOUMAH
Juriste et anthropologue guinéen
nabbie_soumah@yahoo.fr

Paris, le15 novembre 2012

Commentaires