L'immigration africaine : l'approche utilisatrice et restrictive de la France

- Baisse du taux de reconnaissance du droit d'asile.
- Le « plan Espoir banlieue » de Fadela Amara, alors secrétaire d’Etat à la ville, lancé en 2008 fut un mirage, une arlésienne faute de moyens budgétaires. Il devait permettre à plus de 100 000 jeunes issus des quartiers difficiles de trouver un job ou une formation qualifiante ou de créer leur petite entreprise. Selon le bilan réalisé en avril 2010, seuls 26.500 contrats d’autonomie ont été signés, à peine 2.800 contrats d’alternance et 3.500 stages.
C'est le blocage de la machine intégrationniste et de l'ascenseur social français.

b) L'assimilation des Noirs à la délinquance, à l'irrespect de la loi et aux violences : Selon les statistiques pénitentiaires, au 31 décembre 2006 il y avait dans les prisons françaises 1 827 étrangers africains (hors Maghreb) détenus, soit 3 % de la population pénale. Ce sont des immigrés de la seconde, voire de la troisième génération, juridiquement français grâce à la bi-nationalité mais principalement d’origine maghrébine ou noire.
Lors des émeutes de 2005 comme de 2007 qui bouleversèrent les banlieues, les jeunes Noirs africains furent nombreux parmi les émeutiers. L’un des ministres du gouvernement Villepin, Gérard Larcher, fit indirectement allusion à l’origine raciale de beaucoup d’émeutiers en parlant « d’enfants de polygames ».
La réalité est effectivement là : dans ces émeutes beaucoup de jeunes originaires d’Afrique Noire jouèrent un rôle important. Tout comme dans les bagarres de bandes et les agressions de lycée. Même si le phénomène est difficile à quantifier, tout concourt à créer le sentiment d’une domination physique africaine dans les banlieues, les collèges et les transports publics avec le regroupement fréquent des jeunes Africains en bandes, parfois. ethniquement mixtes mais qui ont comme chef un immigré d’origine dans la quasi-totalité des cas.
A cela il faut ajouter le recrutement préférentiel par les grandes surfaces commerciales de vigiles d’origine africaine.
Ajoutons qu’il y a souvent une relation entre les vigiles et les bandes, les supermarchés et les sociétés de sécurité recrutant parfois leurs gardiens parmi les groupes susceptibles de les spolier et dont ils achètent ainsi la « protection « , renforçant de fait l’emprise des bandes sur les territoires qui font souvent l’objet d’une stigmatisation de la part des médias et de l’appareil d’Etat.
Par ailleurs, les immigrés sont lésés par le revenu de solidarité active (RSA), initié par l'ex- haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch : « Ce dispositif, représente un moins-disant pour les étrangers non ressortissants de l’Union européenne » selon le GISTI (groupe d’information et soutien des immigrés), une association de défense des travailleurs immigrés qui avait lancé l'alerte et dénoncé ce qu’il appelle une « xénophobie d’Etat » en énumérant les cas de figures pour lesquels la législation sera désormais plus contraignante (cf. l’article L 262-4, alinéa 2, sur les conditions d’éligibilité).

4) Les difficultés d’intégration venant de l’immigration africaine
Loin de s’intégrer, beaucoup d’immigrés ont tendance à se réenraciner dans leur culture et leur civilisation d’origine comme pour les maghrébins :
- La polygamie concerne 180 000 personnes en France.
- L’excision : des ethnies africaines venant du Mali, de Guinée, du Soudan ou de la Corne de l’Afrique ont apporté avec elles cette pratique qui heurte profondément les sensibilités européennes, féministes et humanistes défenseurs de l'intégrité physique des femmes, contre des pratiques mutilantes. Selon la revue de l’INED, il y avait en France, en 2004, environ 50 000 femmes adultes excisées. Une dizaine d’hôpitaux et de cliniques y proposent des chirurgies réparatrices. Le gouvernement avait lancé, le 14 avril 2009, une campagne nationale de communication pour lutter « contre les mariages forcés et les mutilations sexuelles » .

V/ INITIATIVES NATIONALES ET LOCALES POUR UN MEILLEUR ACCUEIL ET L'INTEGRATION DES ETUDIANTS ETRANGERS

1°) Des réponses institutionnelles

a) Des rapports à profusion, à la pelle ont été commandés par le gouvernement aux ministères concernés par la problématique de l'attraction, de l'accueil et du suivi des étudiants étrangers en France. Le premier rapport date de 1997 avec celui de Patrick Weil, puis d'Albert Prévos, de Bernard Dufourg et d'Alain Claeys en 1999, d'E. Flitti en 2000 et d'E. Cohen en 2001, entre autres.

b) Création le 7 mars 2007 de l'agence Campus-France pour accroitre l’attractivité de la France et conforter sa compétitivité : Un opérateur unique a été créé pour reprendre et fédérer les missions jusqu'ici exercées par l'agence EduFrance, l'association Egide et le CNOUS.
L Espace Campus-France Guinée est dans les locaux du Centre culturel franco-guinéen de Conakry. Pour la rentrée scolaire 2012-2013, après l'avis du SCAC, seuls 420 visas sont prévus pour la Guinée, mais 5000 pour chaque état du Maghreb.

2°) Des initiatives locales et associatives
Des initiatives locales sont entreprises pour favoriser l'accueil, l'intégration des étudiants étrangers et atténuer le pouvoir discrétionnaire des préfectures : l'exemple des villes de Bordeaux et Lille est à souligner.

L'Espace Rentrée Etudiant (ERE) organisé par des universités et le CROUS.
- Les associations d'étudiants africains restent les principaux acteurs de l'aide apportée aux étudiants étrangers, surtout primo-arrivants. Les cours de langue, l'accueil des étudiants étrangers dès leur arrivée à l'aéroport ou à la gare, l'aide à distance par courrier électronique pour conseiller et informer, la semaine d'accueil pour présenter les différents dispositifs de l'université et son environnement, la visite de la ville, un week-end d'intégration pour les nouveaux arrivés, l'aide aux démarches, le soutien pédagogique et parfois psychologique tout au long de l'année sont les nombreux exemples qui témoignent de l'investissement des associations étudiantes africaines. Ces associations sont soit communautaires regroupant des étudiants d'un même pays, soit supranationales.
Le CNJGF est un réseau crée en 2008 qui compte aujourd'hui 32 associations qui ont reçu, durant l'année 2011, 57 % des étudiants ayant obtenu un visa. Il organise notamment le « Week-end culturel et d'intégration » .
L’Association des Jeunes Guinéens de France (AJGF) et le Ministère de l’emploi, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle représenté par l’Agence guinéenne pour la promotion de l’emploi ont organisé le premier forum d’emploi guinéen en France dénommé « Talents Guinée 2012 » les 9 et 10 Novembre 2012 . L’idée centrale est de faciliter le retour au pays des Guinéens formés, des élites de la diaspora en Europe. Cette initiative est salutaire et à pérenniser. Mais en amont, au pays, il faudrait améliorer les conditions d'études.
De 1960 à 1980, tous les étudiants africains étaient boursiers, sauf les Guinéens. En 2010, l 'Etat n'a alloué que 20 % à l'enseignement alors que les forces de sécurité ont eu plus de 30 %. En comparaison, le Sénégal a alloué 40 million € pour l'université Cheikh Anta Diop, 600 € par étudiant, mais seulement 125€ en Guinée.
« L'avenir de l'Afrique passera par la régionalisation de ses universités. Ce sera sa force » préconisait L'historien, anthropologue et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986). C’est un levier essentiel pour assurer l’indépendance réelle et le développement efficient des Etats africains.

CONCLUSION :
Malgré leurs conditions de vie précaires, les immigré africains sont une chance, une aubaine pour leurs pays d'origine. Ce sont des acteurs de développement qui ont contribué à la création de richesses, de croissance économique, notamment dans :
- L’envoi de l’épargne des migrants, un flux financier plus important que l’aide publique au développement émanant des pays riches du Nord.
- La réalisation de missions de service public : la construction et la réhabilitation d’écoles, de bibliothèques, de maternités, de centres de soins primaires, de logements individuels et collectifs ; l’envoi de médicaments, d’ouvrages ; la dispense des cours (cf. le TOKTEN avec l’association guinéenne ACTOG ).
Ces migrants sont une fierté de l'Afrique : bon nombre d'entre-eux ont excellé et réussi dans différents domaines : le sport, les arts et la culture, les affaires, en politique, etc. Plusieurs célébrités sont issues de l'immigration étudiante et ont contribué, notamment au rayonnement culturel de la France. Le togolais Koffy Yamgname a été le premier maire noir et secrétaire d’état à l’intégration. Des députés sont entrés à l’assemblée nationale comme Seybah Dagoma d’origine tchadienne et avocate spécialisée dans les entreprises en difficulté. Léopold Sédar Senghor (1906-2001), un poète, écrivain, chantre de la négritude avec Aimé Césaire, homme politique et premier président de la république du Sénégal et premier Africain à siéger à l'Académie française. Tierno Monénembo, un écrivain guinéen, lauréat du prix Renaudot en 2008. Son compatriote Ibrahim Sorel KEITA, un écrivain, enseignant, militant associatif, vice-président de SOS-Racisme, Président de la chaîne de télévision « BDM-TV » , banlieues diversités médias dont l’emblème est « La France est plus belle en multicolore ! ». Entre autres.
Il faudrait élargir l’offre politique au profit de cette diaspora pour se faire représenter et s’impliquer davantage dans la vie de la nation : soit à travers la députation, soit au sein d’un Haut conseil à l‘instar des Maliens.
La période de la colonisation a véhiculé un certain « rêve français » qui pousse, depuis plusieurs décennies, les africains à choisir la France comme destination privilégiée. Malgré les politiques peu accueillantes à leur égard et les conditions de vie souvent difficiles, la France reste un pôle attractif pour eux.
Aujourd'hui, certains ne veulent plus y venir et privilégient plutôt le Royaume-Uni, les pays anglo-saxons, l'Amérique du Nord, puisque cette image qu'avait la France de « Patrie des Droits de l'Homme » s'est ternie ; avec notamment le décret du 06 septembre 2011 relatif à la circulaire Guéant du 31 mai 2011 (qui ont été abrogés par la circulaire Valls du 18 octobre 2012) ; la politique qui sous-tend ces deux textes relèvent d’une triple faute contre la France : faute culturelle, faute politique et faute économique qui traduisent une même attitude : repli identitaire, repli politique, repli économique. C’est ainsi que s’engage le déclin des grandes nations.
L’Afrique est certes abandonnée par la France qui réoriente ses investissements ailleurs, également par ses dirigeants et ses élites, mais la dette imprescriptible du sang est constituée de la Traite des Nègres, la colonisation, les morts sur les champs de batailles à l’étranger, sur les chantiers des travaux publics et du bâtiment, etc.. L’amnésie semble s’être emparée de certains qui veulent effacer de la mémoire collective des méfaits dont fut victime l’Afrique et dont elle porte encore les stigmates. Ces crimes contre l’humanité (cf. loi « Taubira » du 21 mai 2001 sur l'esclavage) tracent une ligne rouge dans l’absolu de nos consciences. Cette dette du sang doit être portée sur certaines consciences comme le fruit porte son noyau.
J'invite ainsi certains à aller se recueillir à la 87ème division, avenue des combattants étrangers morts pour la France, située près du crématorium du cimetière du Père Lachaise. J’invite d'autres à aller voir « Les Indigènes » du réalisateur Rachid Bouchare interprété notamment par Djamel Debouze et primé à Cannes le 17 mai 2006 ; sinon à regarder « Miracle à Santa-Anna » le nouveau film de Spike Lee, l’un des réalisateurs les plus reconnus et le plus engagés des Etats-Unis : il relate l’histoire réelle des militaires afro-américains (descendants d’esclaves africains) qui se sont distingués pendant la seconde guerre mondiale en Italie dans la « 92ème Buffalo Soldier Division » stationnée en Toscane.
Quant à la Guinée et au continent africain, un effort budgétaire est nécessaire, urgent pour investir dans l'avenir, dans le savoir qui est un héritage pour demain, la sève nourricière du progrès et de l'épanouissement individuel ; c'est la condition sine qua non pour réveiller un géant assoupi malgré ses ressources humaines et naturelles incommensurables.
Leur avenir, à chacun d'eux, doit également s'inscrire au pluriel et non dans la violence, l’autocratie, la prévarication, l'unicité de pensée, de promotion sociale, économique et/ou professionnelle au profit d'un seul groupement humain.
Que Dieu préserve l’Afrique et la Guinée !

Nabbie Ibrahim « Baby » SOUMAH
Juriste et anthropologue guinéen
nabbie_soumah@yahoo.fr
Lille, le 02 mars 2013

Commentaires