La démocratie à l’épreuve en Guinée!

Encore une fois notre évolution vers la démocratie traverse une phase critique. Si les nombreuses voix qui se lèvent actuellement confirment que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a éliminé le candidat de l’UFR par voie électronique, alors la menace aurait eu raison de la démocratie. Dans cette circonstance, aucune raison acceptable ne peut justifier que l’on choisisse de sacrifier un candidat sur l’hôtel de l’accommodement ethnique. Nous aurions alors raté un virage important de notre entrée en démocratie, à moins que la cours suprême se décide à dire le droit pour l’intérêt suprême de tous les Guinéens.

S’il y a un dénominateur commun que l’ensemble des partis partagent c’est que cette élection a brillé par son manque de transparence. Il ressemble à une grande mascarade électorale dans laquelle le choix du peuple est loin d’occuper une place importante. Devrions nous nous résigner au fait que le président qui administrera le destin des Guinéens ne soit pas réellement issu de la volonté du peuple? La menace ethnique doit-elle prendre le pas sur la démocratie? Tous les Guinéens clairvoyants doivent dire non à une telle logique si elle est avérée, car si l’on n’y prend garde, cela nous mènera à l’abîme.

Une telle logique, si elle existait, se singulariserait aussi par un manque de discernement notoire. Si le dessein est de permettre qu’un second tour se fasse entre les partis ethniquement plus représentés et non selon le choix des Guinéens, rien ne garantit que même dans ce scénario le parti qui perdra les élections se conformera aux résultats déjà préfabriqués. Puisque la logique de la menace peut désormais faire recette, le perdant du second tour tentera de l’utiliser en sachant que c’est une méthode qui marche. Comme disait un illustre penseur : « Une injustice ouvre toujours la voie à la suivante ». Au nom de ce principe, il serait stratégiquement très illusoire de penser que nous pouvons enraciner durablement la démocratie en Guinée en la fondant sur la soustraction à priori d’un candidat issu de la volonté populaire.

Ainsi, il est important que la cours suprême, garant de la stabilité de nos institutions, veille au grain pour refuser une démocratie à coquille vide. Si les tractations actuelles se confirment, la classe dirigeante actuelle aura failli à sa mission car on ne peut en aucun cas corriger une injustice par une autre. Par le passé la mainmise des militaires a été dévastatrice pour notre évolution comme nation; la voie des combines malveillantes peut être pire.

Il est temps que tous les Guinéens veillent à ce qu’une vraie démocratie s’installe car c’est au prix de longues luttes que nous sommes arrivés à ce stade. Tous les Guinéens y ont participé au prix de leur vie et nous ne devrions pas accepter que les règles du jeu nous soient fixées de manière non compréhensible. Au nom de tous ces sacrifices il serait non admissible que de pareilles combines antidémocratiques soient instaurées comme règle dans notre combat démocratique.


Mouctar Diaby, Montréal
Administrateur économique et social
mfdiaby@hotmail.fr

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