Dossier – Réforme de l’administration : le combat désespéré d’Alpha Condé Par Louis Célestin -22 février 20210264

Dix heures, onze heures du matin. Ce sont généralement des heures d’arrivée au service des travailleurs de la fonction publique. L’absentéisme chronique et l’abandon de poste sont entre autres des maux qui gangrènent l’administration publique guinéenne. Ce qui évidemment affecte le travail et fait pâtir la qualité et la continuité du service public. Dans la fonction publique donc, l’absentéisme et les retards sont non seulement des facteurs de désorganisation mais représentent un coût considérable pour l’État. Depuis des décennies, l’administration guinéenne est confrontée à l’absentéisme et au non-respect des horaires de travail des fonctionnaires si bien que la présence devient l’exception et l’absence, la règle.

Or ce fléau, notons-le, a des conséquences socio-économiques non négligeables. Non seulement, un surcroît de tâches est observé chez les fonctionnaires assidus et ponctuels, mais également l’efficacité et la qualité des prestations souffrent cruellement car les dossiers sont soit laissés à l’abandon, soit bâclés à la dernière minute. A côté, les prestations sollicitées, rarement satisfaites dans le temps, entraînent le mécontentement des usagers qui finissent par discréditer l’administration publique. Mais chose encore plus importante, la faible productivité des fonctionnaires qui en découle, comparativement à la charge qu’ils représentent pour le budget de l’Etat, suffit pour dire que l’absentéisme est un phénomène nuisible à l’économie, un véritable frein à tout développement durable.

En vue de booster l’élan au travail et de réduire le taux d’absentéisme dans l’administration, le Président de la République, le Pr Alpha Condé a décidé de prendre le taureau par les cornes ces derniers temps en effectuant des visites surprises dans les départements ministériels et en adoptant de nouvelles mesures.

Il faut le dire sans risque de se tromper, la fonction publique guinéenne n’est en réalité qu’une vache à lait où tous les Guinéens s’abreuvent chaque fin du mois. Les morts, les détenteurs de faux diplômes, les désœuvrés, les vagabonds, les ménagères, les revendeurs, les femmes du marché Avaria, les danseurs, les tapeurs de tam-tams et de balafons, les Guinéens vivant à l’extérieur, même ceux qui évoluent dans le privée, émargent tous à la fonction publique. Tous les départements ministériels ont chacun leurs lots de fonctionnaires fictifs. Ceux qui sont physiquement connus arrivent rarement au bureau. Et quand ils décident de s’y rendre, c’est à l’heure voulue. Ils arrivent au service à 11 heures pour repartir à 14 heures. Les travailleurs de la fonction publique font semblant de travailler. Ils prennent les salaires sans effectuer un travail. Ainsi, à partir du 15 du mois, les services sont désertés. Aucune loi, aucune décision n’a jusqu’ici ébranlé ces fossoyeurs des caisses de l’Etat. Ils pillent le pays avec la complicité de certains cadres de l’administration. Les campagnes de sensibilisation, les décisions, les mesures prises pour contrer ce fléau qui gangrène l’administration sont sans effets. La preuve. En 2012, le gouvernement avait décidé de doter les ministères et autres services publics des pointeuses électroniques pour détecter les absences, les retards et énumérer les présences. Ces appareils sophistiqués n’ont jamais eu des résultats escomptés. Les nombreux recensements biométriques organisés par les différents gouvernements depuis plus de trois décennies, ont tous essuyé un échec. Les travailleurs de la fonction publique ont érigé le retard, l’absentéisme et l’abandon du poste en règle. Le Chef de l’Etat lui-même s’en est rendu compte lors de ses dernières visites dans certains départements ministériels. Pourquoi ? Les fonctionnaires guinéens sont-ils culturellement paresseux ou bien profitent-ils du laxisme des autorités ?

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