Guinée: Ibrahima Kassory Fofana et trois anciens ministres sous mandat de dépôt

L'ancien Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana, ainsi que trois anciens membres du dernier gouvernement d'Alpha Condé, ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry ce mercredi 6 avril. Ils sont poursuivis pour des faits présumés d'enrichissement illicite et de détournements de deniers publics.

Depuis lundi, Ibrahima Kassory Fofana a été entendu à deux reprises par la Brigade des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale. À ses côtés figurent trois anciens ministres d'État : le Dr Mohamed Diané, Zakaria Koulibaly et Oyé Guilavogui.
Ces anciens collaborateurs d'Alpha Condé ont été interrogés une troisième fois mercredi avant d’être déférés devant la cour de répression des infractions économiques et financières qui les a finalement placés sous mandat de dépôt et écroués à la prison civile.
Me Salifou Béavogui, l’un des avocats de la défense dit sa surprise et sa colère. « Nous comprenons que nous avons affaire à une justice expéditive et punitive. Nos clients partent en prison à l’instant, mais, nous pensons qu’ils ne méritaient pas d’être en prison par ce qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence, nous sommes révoltés face à l’injustice et à l’humiliation qu’on a infligé à nos clients en les envoyant en prison ».
La justice enquête sur des faits présumés de détournement de deniers publics, d'enrichissement illicite, de corruption et de blanchiment de capitaux. « Aucun montant concret n'a été avancé, rien de précis n'a été retenu contre eux », assure Me Djibril Kouyaté, un de leurs conseils. Mardi 5 avril, les avocats de ces anciens ministres ont décidé de boycotter les auditions, en signe de protestation.
« Ils ont aligné une brochette d’infractions, s’indigne Me Dbombé Mara, un autre avocat de la défense. C’est véritablement une justice téléguidée, nous l’avons compris depuis avant-hier par ce que nous étions dans les locaux de la direction centrale des investigations judiciaires, de là nous avons compris que même la question de liberté de nos clients était déjà mise en cause d’autant plus qu’ils étaient en garde à vue déguisée ».
Aucun détail n'a filtré concernant les projets ou les faits concrets incriminés. Mais les juges ont abrégé la procédure : les quatre prévenus comparaîtront lundi 11 avril devant le tribunal des flagrants délits.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 ont fait de la lutte contre la corruption réputée endémique un de leurs grands combats.
rfi

Commentaires