Politique : Alpha Condé veut-il mettre fin au pluralisme syndical en Guinée ?

S’adressant aux différentes centrales syndicales venues lui adresser leur mémorandum à l’occasion de la fête du travail du 1er mai, le président Alpha Condé a lié l’octroi de la subvention de l’Etat au mouvement syndical à l’existence d’une centrale syndicale unique en Guinée.

Alpha Condé a dit en substance : « … les syndicats, pour pouvoir bénéficier d’une subvention du gouvernement, doivent faire d’abord un effort pour créer un syndicat unique au lieu de huit syndicats. Vouloir subventionner huit syndicats, c’est créer la bataille et la zizanie pour le partage. Lorsque vous serez capables de vous associer et de créer un syndicat unique comme hier pendant la lutte contre la colonisation, le gouvernement est prêt à aider le mouvement syndical en faisant voter une subvention pour lui. Mais cela est astreint au préalable à l’unité syndicale…. »

Seulement voila, le pluralisme syndical est droit constitutionnel. En effet, l’article 20 alinéa 3 de la constitution stipule que « chacun a le droit d’adhérer au syndicat de son choix et de défendre ses droits par l’action syndicale. »

Mieux, c’est un droit intangible car l’article 154 de la même constitution est sans équivoque : « La forme républicaine de l’Etat, le principe de la laïcité, le principe de l’unicité de l’Etat, le principe de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, le pluralisme politique et syndical, le nombre et la durée des mandats du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’une révision .»

Aussi, conditionner l’octroi d’une subvention au préalable de l’unicité syndicale peut paraître comme une volonté cachée de contrôler et de mettre au pas le mouvement social guinéen, notent les observateurs.

« C’est la léthargie prolongée de la CNTG qui a favorisé la création d’autres centrales syndicales comme l’USTG. Et avec la concurrence de l’USTG, la CNTG s’est finalement réveillé. Ce qui a finalement abouti aux mouvements sociaux de 2006 et de 2007. Mais, si c’est un syndicat unique, ses dirigeants seront corrompus, menacés par l’Etat », prévient un syndicaliste ©.

Faut-il rappeler qu’en 2006 et 2007, alors que les partis politiques d’opposition semblaient être en cours d’arguments pour mobiliser les foules et pour faire face à Lansana Conté, les centrales syndicales USTG, ONSLG et l’UDTG ont mené une série de grèves qui ont abouti à des reformes importantes et à la nomination d’un premier ministre de leur choix.

Amadou Tham Camara
Conakry, Guinée
224.60.55.01.23
Source: Guinéenews


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