Le CNC veut-il museler la presse à l’heure de la "démocratie"? Par Saliou Bah

Le conseil national de la communication (CNC) dirigé par la directrice de campagne de Alpha Condé et actuelle patronne de cette institution veut museler la presse. En nous imposant des sujets à traiter comme au temps de la révolution.

Dame Martine L. Condé interdit à la presse de parler de la « tentative » d’assassinat contre la personne du Chef de l’Etat. Cette décision qui vient d’être prise par cette institution suite aux allégations de torture, d’assassinat et d’enlèvement que le pouvoir en place est entrain d’organiser.

Les horribles images tombent. Les machinations politiques sont révélées et on veut faire taire la presse, le miroir de toute société démocratique. Pour empêcher que le monde entier ne soit informé sur ce qui se passe aujourd’hui « sur le terrain de la terreur ».

On a tendance à comprendre que les autorités en place veulent répéter les mêmes jeux durant les présidentielles de 2010. Quand elles avaient demandé à la presse de s’abstenir de publier les résultats qui parvenaient à nos rédactions au fur à mesure que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) les publiait. Ce qui avait permis à notre avis une manipulation des chiffres créant un doute carthésien sur la légitimité des résultats publiés.

Cette fois-ci, vous pouvez compter au moins sur une certaine presse. C’est-à-dire, celle qui ne cédera pas devant n’importe quel diktat pour informer les Guinéens et le reste de la communauté internationale, même si on a l’impression que cette dernière est en complicité avec le pouvoir de Alpha Condé. Au moins, l’histoire retiendra que des hommes libres et amoureux de notre patrie avaient sonner l’alerte.

L’épuration ethnique au sein des rangs de ce que nous appelons l’armée guinéenne est une réalité sur le terrain. Les images sont là pour en témoigner. Notre président vient de dire que ce sont des commerçants et des hommes politiques qui sont derrière cette « tentative » d’assassinat et vous savez pertinemment ce que cette déclaration signifie aux yeux de la communauté qui supporte les actes et actions de ce président.

Si nous n’exposons pas les vérités et contre-vérités du pouvoir en place, on aura pas rendu service à la nation guinéenne. Alors que nous en avons les capacités.

Le mieux serait pour vous Mme la présidente du CNC, c’est de chercher un poste auprès de votre mentor à la présidence et laisser un vrai professionnel gérer cette institution.

Après un supposé empoisonnement durant la campagne qui avait entrainé la chasse aux peuls à Siguiri et à Kouroussa (fiefs de l’actuel président) avait fait des dégâts que vous ne pouvez pas, vous-même, évaluer. C’est maintenant un complot, un coup d’Etat ou une tentative d’assassinat, rien que pour se livrer à une épuration ethnique au sein des forces de sécurité et de la classe politique.

Même si des messages laconiques de soutien sont parvenus à notre président, au lendemain de cette « tentative » d’assassinat, ces mêmes messages se moquent du cynisme politique du pouvoir en place. Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui s’en moquent. Où allons-nous dans cette Guinée ?

De toutes les façons, cette Guinée est devenue une candidate idéale pour une guerre civile. Nous ne souhaitons pas mais si on fait pas attention, tous les ingrédients y sont réunis, Mme la présidente du CNC. Ce sont là les sentiments d’un citoyen qui veut qu'une Guinée paisible et débarrassée de la haine.

Saliou Bah

s-bah@hotmail.com

Mise à jour le Mercredi, 27 Juillet 2011 03:10

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