RDC: des manifestations contre la mission de l'ONU à Goma tournent au pillage

Des centaines des manifestants en colère ont saccagé et pillé lundi à Goma les installations de la Mission des Nations unies, accusée d'inefficacité dans sa lutte contre les groupes armés de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu, ces manifestants scindés en deux groupes ont pris d'assaut le siège local de la mission onusienne ainsi que sa base logistique située hors du centre-ville.
Au quartier général de la Monusco, les manifestants en colère ont brûlé des pneus et du plastique devant le portail avant d'escalader et de vandaliser l'enceinte, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ils ont ensuite cassé des vitres, des murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur.
Des agents de la Monusco présents sur le site ont été évacués à bord de deux hélicoptères.
De l'autre côté de la ville, des scènes similaires se sont produites sur la base logistique de la Monusco où un élève en uniforme a été atteint à la jambe par une balle tirée de l'intérieur du site.
La police onusienne a usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants avant l'intervention des militaires des Forces armées congolaises. Plusieurs manifestants ont été interpellés.
"La Monusco dénonce vigoureusement l’attaque de ses locaux à Goma, dans le Nord-Kivu, perpétrée par un groupe de pilleurs en marge d’une manifestation qui, de surcroît, a été interdite par le maire de la ville de Goma", écrit la mission dans un communiqué.
"La Mission est très préoccupée par ce très grave incident qui intervient au lendemain de propos hostiles et de menaces non voilées émis de la part d’individus et groupes à l’encontre des Nations Unies", ajoute ce communiqué.
-'Plier bagages'-
Le gouvernement "condamne fermement toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations Unies. Les responsables seront poursuivis et sévèrement sanctionnés", a écrit sur Twitter Patrick Muyaya, porte-parole de l'exécutif congolais.
Lors d'un meeting le 15 juillet à Goma, le président du Sénat congolais, Modeste Bahati, avait demandé à la Monusco de "plier bagages" après 22 ans d'une présence qui a échoué à rétablir la paix dans la partie orientale de la RDC, déstabilisée depuis près de trois décennies.
"Ils ont dit qu'ils n'ont pas la force pour combattre les M23, maintenant qu'est-ce qu'ils font encore chez nous ?" s'est interrogé Shadrac Kambale, chauffeur de taxi-moto à Goma.
Comme lui, plusieurs autres manifestants reprochent à la Monusco son impuissance à enrayer les violences et les attaques de la centaine de groupes armés actifs dans l'est du pays.
"Depuis que cette guerre a commencé au Congo, nous n'avons jamais vu une seule preuve présentée par la Monusco qui atteste que (les Casques bleus) ont éradiqué un groupe armé", a déploré Christian Kambale.
"On ne veut plus voir la Monusco marcher dans les rues de Goma, on ne veut même plus voir leurs avions survoler l'espace aérien de la République", a martelé Sankara Bin, un autre manifestant.
La manifestation avait été organisée à l’appel des organisations de la société civile et du parti du président Félix Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social(UDPS).
Présente en RDC depuis 1999, la Monuc (Mission de l'ONU au Congo) qui est devenue la Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC) avec l'évolution de son mandat en 2010, est considérée comme l'une des plus importantes et des plus coûteuses missions de l'ONU au monde, avec un budget annuel d'un milliard de dollars.
La mission compte actuellement plus 14.000 soldats de la paix.

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